Chronique du livre de l’auteur iranienne Zoyâ Pirzâd, Comme tous les après-midi.
La France a Ma première gorgée de bière de Philippe Delerm, l’Iran, elle, a Comme tous les après-midi [1] de Zoyâ Pirzâd. Un recueil de petites histoires gnangnan du quotidien, de petits gestes de tous les jours, tellement habituels qu’on n’y prête attention qu’une fois le mécanisme rouillé. Et comme le précise la couverture, dans ce livre tout mignon tout rose paru chez Zulma, « par touches légères prégnantes, se dessine en filigrane, parfois à la lisière du fantastique, un portrait discret mais audacieux de la femme iranienne. » Un portrait qui fait peur à lire, oui ! Ces femmes passent le plus clair de leur temps à attendre leur mari, cuisiner, recompter le peu de sous qui leur reste pour faire les courses, attendre les marmots qui reviennent de l’école, tricoter… tout un programme. Le lyrisme de la mère au foyer dont les sujets de préoccupation se cantonnent à enfants – mari – maison, même à lire c’est barbant !
Heureusement, l’auteur au détour d’une nouvelle - que certains ont qualifié à juste titre « d’hyperréalisme moderne » – se reprend pour plonger le lecteur dans une histoire loufoque. Comme ce délire d’une ville dont toutes les radios se réveillent et hurlent à tue-tête pour mettre en garde les habitants contre une attaque de sauterelles. Et à la façon d’un cauchemar, la cité se trouve subitement attaquée, non pas par des sauterelles mais des fourmis géantes qu’il suffit de piquer à l’aide d’une épingle pour qu’elles retrouvent leur taille normale. À la suite de quoi, les habitants qui avaient mis de côté moult victuailles pour survivre en cas de siège, ne pensent plus qu’à manger et finissent par tous être atteints d’obésité morbide. Bizarre autant qu’étrange mais passionnant.
[1] Comme tous les après-midi, Zoyâ Pirzâd, Zulma, 160 pages, 11/01/07