Bakchich : Bonjour Leïla. Qu’est ce que ce nouveau mensonge prétendant qu’on a voulu t’assassiner ?
Leïla Trabelsi : C’est vrai. Il n’y a que vous, les opposants, qui ne voulez pas l’admettre. Des salafistes et jihadistes ont projeté de tirer sur ma voiture. Mais ils sont fous, ils ignorent que mes voitures sont blindées. Et que Sidi Belhassen et Sidi Bou Saïd, nos saints vénérés, veillent sur moi et sur ma famille nuit et jour. Mais je ne comprends pas leur haine à notre égard.
Bakchich : Mais ce n’est pas vrai ; tout le monde sait qu’ils n’ont rien planifié. Des armes ont certes été introduites, mais aucune opération n’a été projetée.
Leïla Trabelsi : Je te dis la vérité, et mes ministres Abdelwaheb Abdallah et Abdelaziz Ben Dhia le confirment. Sur la tête de Sidi Bou Saïd, de Sidi Mehrez, de Sidi Belhassen, nos saints vénérés, on a voulu m’assassiner pour porter un coup dur à mon Zinou. Moi disparue, que serait-il en effet sinon un misérable orphelin ? Il ne s’en remettrait jamais.
Bakchich : Il tient tant que ça à toi ?
Leïla Trabelsi : Non mais… que crois-tu ? Il suffit que je m’absente 48 heures pour faire mes emplettes à Paris ou à Milan pour qu’il déprime. Zinou est très attaché à moi. De plus, il est fatigué, usé. Seule ma présence le comble de réconfort et lui donne de l’inspiration pour combattre les traîtres.
Bakchich : Tu veux me faire croire que ce prétendu complot visait à travers ta personne le président lui-même. Si cela était vrai, pourquoi ne serait ce pas toi et ta famille les cibles directes des salafistes ?
Leïla Trabelsi : Nous, on est populaires. Tout le monde nous aime. Et ma mère, Hajja Nana, prie jour et nuit pour l’invulnérabilité de notre pays. C’est pour ça que nos saints vénérés, Sidi Bou Saïd, Sidi Mehrez et Sidi Belhassen intercèdent auprès de Dieu pour nous protéger…
Bakchich :Mais tu es mégalo, ma parole. Tout le monde vous déteste. Tes frères, soeurs, neveux et nièces ont mis le pays à genoux à cause du racket et des détournements de fonds publics.
Leïla Trabelsi : C’est encore faux, archifaux. Les banquiers, les hommes d’affaires, les entrepreneurs sont tous des cireurs de pompes. Ils sont à notre botte, se sont détournés de leur vocation et n’existent que pour nous plaire. Alors, en conseil de famille, nous avons décidé de prendre les devants et d’épargner pour le pays. Ainsi, le jour où la Tunisie sera vraiment en cessation de paiement, ressemblera au Biafra, nous serons là. Nous prêterons au pays et nous l’achèterons s’il le faut. Il y a bien des milliardaires qui achètent des îles. Pourquoi la sainte famille Trabelsi protégée par nos saints vénérés Sidi Bou Saïd, Sidi Mehrez et Sidi Belhassen n’achèterait-elle pas la Tunisie ? Mais vous êtes tous jaloux de notre prospérité et de notre sens des affaires…