Yala ! Bakchich a retrouvé Leila en enfer et la belle de Tunisie revient fatiguée de ses vacances…
Bakchich : Bonjour Leila ; je te trouve bien bronzée. C’est à croire que tu profites toujours de l’été…
Leila Ben Ali : Oh, non ! Et pour tout te dire, cette année les vacances estivales ont été un marathon de discussions et de pourparlers à Hammamet. Si je suis bronzée, c’est un peu pour me faire plaisir de manière artificielle et conjurer le sort que me réserve le peuple, y compris mon cher mari. J’ai fait donc installer au palais ces machines à deux sous que tu dois connaître en France, et qui vous font bronzer en deux ou trois minutes. Mon dieu, comment ça s’appelle déjà ?
Bakchich : Je ne sais pas ; moi, je suis bronzé naturellement…
Leila Ben Ali : C’est ça ; ce sont des "bronzeuses". Appelons-les les bronzeuses…
Bakchich : mais dis-moi donc ; que s’est-il passé durant l’été ? A t’entendre parler, tu ne sembles pas très en forme.
Leila Ben Ali : C’est à cause de la réforme constitutionnelle pour instituer le poste de vice-président. Je me demande ce qu’il attend encore pour l’annoncer.
Bakchich : De qui s’agit-il ?
Leila Ben Ali : Mon mou de mari, bien sûr. Plus il vieillit, plus il est gagné par la maladie, et plus il devient mou, tendre, hésitant. Je lui ai dit pourtant clairement que pour sa succession, il n’y avait que Abdelwaheb Abdallah (NDLR : Actuellement ministre des Affaires étrangères) ou moi-même en dernier ressort qui soient capables d’assurer la relève et lui permettre de reposer en paix. Mais il hésite, il tergiverse et les filles de Naima (NDLR : La première épouse de Ben Ali) le harcèlent pour qu’il fasse un choix qui les arrange à savoir le ministre de la Défense, Kamel Morjane, de Hammam-Sousse comme eux.
Bakchich : Mais pourquoi dis-tu ça ? Après tout ton mari n’est pas à l’article de la mort, et qu’est ce qui te dérange dans la nomination de Morjane ?
Leila Ben Ali : Tu es mal informé. Ses crises sont plus fréquentes. De plus en plus souvent, il ne tient plus sur ses jambes et annule une quantité de rendez-vous. Et puis Morjane est entièrement acquis à Naima et ses filles. Ils n’attendent tous que de se venger et me jeter avec ma famille aux orties. De plus, il voudrait officialiser cela pour le 7 novembre prochain ; tu penses bien que je ne vais pas me laisser faire ni laisser faire. Avec tout ce que j’ai fait pour lui et pour le pays, voilà ce qu’on me réserve après son départ.
Bakchich : Attends, tu vas un peu vite quand même. N’oublie pas que ta famille et toi même vous êtes comportés comme des voyous durant 15 ans . Vous avez mis la main sur toutes les richesses du pays et aucun secteur de l’économie ne vous a échappé…
Leila Ben Ali : Ce n’est pas vrai. On a fait cela pour que les Chiboub et autres gendres de ses premières filles ne s’accaparent pas tout. Nous, on a détourné tous ces biens pour les mettre à l’abri et les préserver de la convoitise des autres loups. Si le pays est un jour dans le besoin, il peut compter sur ma famille et moi-même. Pourquoi emprunter au Parlement européen qui surveille nos faits et gestes ; pourquoi se tourner vers le FMI qui nous note chaque année. Moi, je serai toujours là pour notre chère Tunisie, je lui prêterai des fonds et j’assurerai sa pérennité avec ma famille.
Bakchich : Mais c’est fabuleux, ça. Ce pourrait être ton slogan de campagne…
Leila Ben Ali : Ah bon ? Alors, allons-y pour le slogan. Qu’à cela ne tienne. Tu sais, tu es de bon conseil, je ne t’oublierai jamais le jour où je serai officiellement aux commandes.
Bakchich : Merci Leila. Et que dois-je encore faire pour mériter ta sollicitude et ta bienveillance ?
Leila Ben Ali : D’abord épouser l’une de mes innombrables nièces, être de la famille ; après tout s’arrangera…