A Rome, s’ouvre début octobre une exposition sur Pierre Savorgnan de Brazza. Italien de naissance, Français d’adoption, il est pour les dépêches de Brazzaville, Africain de cœur. A une époque où on ne cesse d’interpréter, d’écrire, de relire l’histoire des rapports entre l’Afrique et l’Europe, les Congolais ont choisi de considérer comme un des leurs l’explorateur qui fut à l’origine de la colonisation. Il faut dire que Brazza a su gérer au mieux son capital de sympathie. Italien et Français, il montrait un dépassement des brisures nationales. Et en Afrique, il a eu la subtilité de disparaître avant d’avoir eu le temps de se livrer à de sanglants massacres. L’homme est rentré dans l’histoire la tête haute et il aura son mausolée sur les rives du Congo. Pour le journaliste des dépêches de Brazzaville, il faudrait que les Européens comprennent que l’Afrique a besoin d’eux, non comme prédateur mais comme bâtisseur, bâtisseur de ville et de nations. En tout cas, le transfert prochain des restes de Brazza dans la ville à qui il a donné son nom sera l’occasion de faire quelques travaux de réhabilitation des bâtiments officiels qui ne seront pas du luxe.
Autre hommage, celui rendu au Parti congolais du Travail. Né de la volonté de construire le socialisme scientifique dans le pays, il agonise car il ne correspondrait plus aux réalités du temps. Le marxisme-léninisme africain est à remiser au placard avec la fin de la guerre froide et le jeu de mise en concurrence entre les experts soviétiques et les représentants de la Banque mondiale n’a plus cours. Autant se défaire des vieux outils du jeu en question et tourner la page. Les dépêches de Brazzaville ne tiennent pas pourtant la disparition du PCT pour acquise et quelques nostalgiques rêvent de remettre une ou deux statues de Lénine à des carrefours de prestige. A-t-on des nouvelles de l’abbé Fulbert Youlou… ?
Le Soleil de Dakar rapportait la semaine dernière des propos du président sénégalais favorables à l’agriculture. Cette semaine, c’est Fraternité Info, le journal de Cotonou, qui rapporte des propos du président béninois allant dans le même sens. A avoir voulu brûler les étapes, l’Afrique s’y serait mal prise pour construire son avenir économique. Il faut commencer par bâtir une agriculture performante avant d’envisager une industrialisation réussie. Mais l’éditorialiste de Fraternité Info s’interroge : quelle agriculture ? Va-t-on recommencer à parler du coton, mythique or blanc qui devait tirer la croissance ? Or les Américains protègent au maximum les producteurs du sud des Etats-Unis et empêchent le coton africain de trouver des débouchés rentables. Certes, les Français, réputés pour leur protectionnisme agricole, soutiennent les Africains dans le combat pour la libéralisation du commerce du coton. Il faut dire qu’on en produit assez peu sur les rives de la Garonne…
Le Machin, c’était le nom que donnait le Général de Gaulle à l’Organisation des Nations-Unies. C’est le nom auquel pense le président ivoirien Laurent Gbagbo à propos de cet organisme. D’ailleurs, rapporte Fraternité Matin, il ne se rendra pas à New York pour l’Assemblée Générale de l’Onu. Il n’a envie ni d’y croiser Jacques Chirac, ni de devoir affronter de nouveaux sermons sur la situation en Côte d’Ivoire. Mieux vaut rester faire face à l’incroyable affaire de pollution qui détruit les poumons des habitants d’Abidjan. L’enquête à ce sujet se poursuit dans la confusion et Fraternité Matin relaie le courroux des Ivoiriens qui ne comprennent pas comment on a pu en arriver là. Concernant la visite de Jacques Chirac à l’Onu, il faut noter qu’elle suit de près celle de Nicolas Sarkozy aux Etats-Unis. Le Nigerian Observer ironise sur la France qui dénigre sans cesse les Anglo-saxons mais dont la classe politique se rend avec gourmandise aux Etats-Unis. Les prochaines élections à Paris vont en outre opposer le pro-américain Sarkozy à la blairiste Ségolène Royal…