Dans l’Empire du Milieu, la santé est d’abord une affaire de business et de gros sous.
Les statistiques officielles pour la Chine font état de 650 000 personnes infectées par le virus du sida. Ce chiffre global est obtenu par l’addition des cas reportés (220 000) et une estimation – basse – selon les tests effectués sur six groupes définis comme « à risque ». En effet, chaque année, 20 000 tests criblent les populations suivantes : les prostituées, les toxicomanes notoires, les vendeurs de sang, les camionneurs, les femmes enceintes et enfin les homosexuels masculins. Jusqu’ici rien de surprenant, ni dans le décompte, ni même dans la typologie des groupes définis comme « à risque ». Si ce n’est peut-être l’épineuse question pour les autorités chinoises des « vendeurs de sang » qui renvoie au scandale du sang contaminé en Chine à la fin des années 1980.
En 1978, la Chine, les portes grandes ouvertes vers l’Occident, lance ses politiques de réformes. Des réformes nécessaires, parfois draconiennes, et concernant tous les secteurs. Le système sanitaire est remis à plat comme les autres et le Conseil d’Etat décide alors de faire appel aux masses afin de constituer une banque chinoise du sang. Jusque-là, dans les doux moments du communisme, les transfusions étaient rares et limitées à la famille proche. Dans ce système, les gentils donneurs étaient récompensés par des coupons alimentaires, des jours de repos supplémentaires ou plus simplement par une lettre de remerciement de l’Etat …. Une nouvelle étape est franchie lorsqu’en 1988, le Conseil d’Etat décrète que le plasma importé d’Occident est infecté par le virus du sida. Cette décision hasardeuse et politiquement douteuse a deux conséquences immédiates : la mise en place d’un monopole de six entreprises pharmaceutiques chinoises dans la collecte du sang et, aussi, la naissance d’une rumeur invraisemblable - digne de la Grande peur de 1789 – sur les origines du sida en Chine.
Le sida et le nationalisme, l’argent et le sida : toutes les pièces du puzzle infernal s’assemblent petit à petit. Dès 1988 donc, et ce principalement dans les sept provinces du Nord de la Chine (Hebei, Henan, Shanxi, Shaanxi, Anhui, Shandong) le sang se met à pleuvoir. Les files d’attente sont interminables et les pharmaciens se frottent les mains. C’est vrai que les moyens utilisés à l’époque permettent une rentabilité financière à toute épreuve : un camion classique aménagé avec dix sièges, une centrifugeuse commune (une pour dix personnes) destinée à recevoir tout le sang récolté et séparant le plasma des globules rouges, globules rouges qui sont ensuite réinjectés dans le corps du patient parce que faut pas gâcher ! L’horreur est en marche forcée et personne ne peut plus l’arrêter. C’est seulement en 1995, que le gouvernement central dans sa grande mansuétude décide d’interrompre ce don de sang forcé. En moins de dix ans, comme il le reconnaît en 2003 dans une proposition pour le FMI, la Chine aura certes accédé à son auto-suffisance en produits sanguins mais aura laissé en contrepartie, 250 000 personnes sur le carreau. 250 000 personnes infectées sur 1,5 million de paysans attirés par l’argent facile, par les leurres de la modernité « à la chinoise » comme dit notre hyperprésident Sarkozy. Sans parler du fait que ce chiffre donne à réfléchir sur les autres statistiques « officielles » que le gouvernement chinois lâche de ci de là. Et pour cause, 250 000 personnes, c’est déjà plus que le nombre de cas officiellement reportés.
Et ce n’est pas tout : l’histoire de ce scandale pourrait s’arrêter là mais ce serait trop beau. L’infection, le sang contaminé ne semble pourtant n’être qu’un coup dans l’eau au regard de ce qui se profile à l’horizon en matière de transplantation d’organes. En 2006, 100 000 cas de transplantations ont été enregistrés en Chine. Précisons au passage que 85 % des donneurs sont des détenus condamnés à mort à qui personne n’a demandé leur avis. Il y a encore du business à faire dans la santé en Chine…
Sang contaminé ? Ou sang frelaté ?
La cuisine diabolique des croyances (Un bien-portant est un malade qui s’ignore.) http://blog.ifrance.com/echofrance
Encore combien d’années avant que l’on dénonce enfin cette imposture de curé.
100 000 transplantations en 2006… 85% en provenance d’exécutions de condamnés… Donc 85 000 exécutions en Chine en 2006.
Cela fait froid dans le dos : condamne-t-on à mort en se référant à la demande sur le marché des organes ?