Pédagogie de crise
750 milliards d’euros… c’est le total débloqué par l’UE et le FMI pour endiguer la crise financière… et accessoirement pour rassurer les marchés qui voyaient déjà la zone euro contaminée par la crise grecque.
Là, je dois dire que les Européens ont tapé fort… et en jetant un coup d’œil sur les bourses, on pourrait presque imaginer que ça fonctionne déjà… Le CAC 40 a repris des couleurs ce lundi, avec un +7% dès 10h… et 9,66% en fin de séance !
C’est normal, ma copine Christine Lagarde (je dis ma copine parce que je l’adore, je trouve qu’elle fait un boulot de désinformation formidable) a tout mis en oeuvre pour que les marchés se redressent en leur donnant un signal très fort que tout va bien.
Et griotte sur le gâteau, on va même gagner de l’argent : 150 millions d’euros d’après elle ! Christine c’est la bonne copine qui vous dira quand vous n’aurez plus d’argent du tout que c’est le bon moment de renouer avec votre famille et de vous concentrer sur les vraies valeurs.
Mais bon, en attendant, pas de quoi s’étonner que le CAC 40 reprenne près de 10% ! Notez quand même que, selon Reuters, ça reste "la plus forte hausse en une seule séance depuis près de 18 mois". Là on dirait que les marchés sont bien bien rassurés… Qu’en est-il de nous ?
Je sors mes jumelles haute définition de santé économique et financière… je scrute à l’horizon pour voir un indicateur dans le vert… 10% ça ne se gagne pas comme ça… on doit avoir une baisse de chômage… de l’argent qui entre par quelque part… la consommation peut-être ?
Rien. Je ne vois que cette espèce de "machin" à 750 milliards d’euros qui dépasse. D’ailleurs, il parait qu’on appelle ça un plan de "stabilisation" — rien à voir avec un plan d’"austérité".
Notez pour vous souvenir qu’un plan de stabilisation, c’est quand vous avez un alcoolique dans la famille et que vous essayez de passer l’été au rosé sans pourrir la nappe. Un plan d’austérité, c’est quand l’alcoolique, c’est vous.
Autrement dit les Grecs — et puis d’ailleurs tous ceux qu’on chopera en train de crouler sous la table (Italie, Espagne, Portugal, Angleterre, Fr…) bénéficieront du même traitement de faveur — à savoir, un plan d’aus-té-ri-té. Et en matière d’austérité, pas mieux que le FMI…
Nous y reviendrons peut-être dans un prochain billet. Pour l’heure, je crois que j’ai trouvé au loin celui qui a permis notre joli 10% en une séance ! C’est ce type là-bas, tout seul avec son bonnet d’âne. Celui qui doit pointer au chômage à l’heure qu’il est… s’il existe bel et bien.
Si vous l’avez manqué, c’est ce type qui aurait fait une boulette historique en confondant le bouton "million" avec le bouton "milliard" ! Comment dire… après une décennie d’études ultra-complexes, riper sur un bouton, c’est… ultra-balot.
Attention, tenez-vous bien : en tapant sur le mauvais bouton, en plus de faire honte à toute sa promotion d’élite de traders et à sa famille, le malheureux trader aurait fait chuter l’action Procter & Gamble de 37%, ce qui a eu automatiquement un effet boule de neige sur les autres secteurs…
Toutes les positions tenues par des traders - qui en réalité sont à la machine à café pendant que des ordinateurs surveillent un quart de leurs opérations pour eux - auraient été déclenchées par ordre automatique quasiment instantanément.
Impossible de savoir si cette hypothèse est vraie ou pas. Ce que l’on peut dire c’est que le mini krach a fait le tour de la planète à très haut débit. Et que si ce n’est pas la faute d’un trader, c’est bien que la hausse des bourses actuelle est en carton.
Dans un prochain billet je vous dirai comment les bourses se sont redressées depuis la crise financière, soutenue par les robots des investisseurs institutionnels… On a coutume de dire que les marchés se redressent généralement avec 6 mois d’avance sur l’économie réelle…
Encore faut-il que les marchés se redressent solidement et non pas sur des techniques de trading basées sur des échanges virtuels et sur des valeurs virtuelles. Sachez que les produits dérivés — ces produits qui ne sont ni des biens ni des services ni des parts de ces derniers — représentent encore 8 fois le PIB mondial.
Aujourd’hui nous sommes passés d’une crise financière à une crise des Etats. Lesquels pour survivre n’ont d’autre solution que d’émettre de la dette, soit vendre des obligations. Nous sommes donc sur le point d’acheter pour des centaines de milliards de dettes… et les marchés de spéculer sur ces dettes qui dépasseront largement le taux de votre PEL.
Attractif, certes, mais on a vraiment tous les ingrédients pour revivre une nouvelle crise des subprimes avec dans le rôle des banques… toujours les banques… et dans le rôle des aspirants propriétaires, les Etats. On a franchi un cran… ils n’ont pas su les arrêter à temps.
Quoi ? Mon petit doigt me parle… Qu’y-a-t-il ? Ça se paiera dans la rue ? Ah ça… tu sais toujours trouver les mots qui soulagent, toi !