Les avances versées à une poignée d’auteurs sont toujours plus grosses, mais les ventes de livres s’effondrent. Catherine Millet a touché 500 000 euros pour à peine 15 000 livres vendus.
À quelques semaines de la fin de l’année, les éditeurs ont sorti leur calculette, et certains font la grimace. Les « coups » de la rentrée littéraire de septembre ont fait flop. Et une honorable maison germanopratine remporte la palme des bides et des millions envolés : Flammarion. Pour Catherine Millet et son Jour de souffrance, publié fin août, la pédégère Térésa Cremisi a versé pas moins de 500 000 euros d’à-valoir. Cette avance financière, faut-il le rappeler, est calculée sur les droits d’auteur à venir, versée avant même que le livre paraisse et irrémédiablement perdue pour l’éditeur, quel que soit le résultat des courses. Bref, pour un livre qui n’aurait été vendu qu’à une petite quinzaine de milliers d’exemplaires – à comparer aux 2,5 millions de copies vendues dans le monde de La Vie sexuelle de Catherine M., son précédent et piquant essai autobiographique paru au Seuil, l’avance reçue par la directrice d’Art Press plombe les comptes de la maison de la place de l’Odéon.
Et s’il n’y avait que Catherine Millet ! Mais non, Flammarion a honoré d’un très gros chèque les duettistes BHL et Michel Houellebecq pour leur livre à quatre mains Ennemis publics, un coup marketing monté par leur agent commun, François Samuelson. Coédité par Flammarion et Grasset et présenté comme le « coup » de la rentrée, le livre a déjà coûté, cela a déjà été raconté ici ou là, 600 000 euros d’à-valoir, une coquette somme supportée par les deux éditeurs. Même si on est loin du 1,3 million d’euros touchés par l’auteur de La Possibilité d’une île, publié par Fayard.
Un four que mise en scène des lettres échangées par BHL et Houellebecq : quelque 130 000 exemplaires ont été mis en place – les libraires ont imaginé un formidable scoop avant d’apprendre l’identité des auteurs, au dernier moment –, mais à peine plus de 10 000 auraient été vendus au public. Chez Flammarion, ces deux échecs sont équivalents à la catastrophe du bouquin publié en 2002 par le fuyard du RPR, Didier Schuller, avec son Je reviens : les retours de livres invendus avaient grimpé à 95%.
L’ancien journaliste Denis Jeambar, PDG du Seuil, se prépare aussi aux matins mornes. Croyant récupérer la poule aux œufs d’or en attirant Christine Angot dans son catalogue d’auteurs, il s’est hasardé à lui signer un chèque de 250 000 euros d’à-valoir pour son roman Le marché des amants, sorti en août, dans lequel elle évoque sa relation avec Doc Gynéco. Résultat, environ 20 000 livres vendus, en dépit d’un budget pub pharaonique pour le secteur, entre 100 000 et 200 000 euros.
Les divas coûtent cher !
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les auteurs français ne se vendent pas, mais on peut se distraire honnetement avec les etrangers…las, il y a de moins en moins de traductions !
je viens de voir la foire de francfort : les auteurs étrangers sont traduits à tour de bras !
est ce qu’à paris on craindrait la concurrence ? mais qui a envie de lire les trois sujets principaux des auteurs français : mon papa, ma chère maman, mon nombril, et depuis quelques temps, le tour de mes fesses ?
rudi
Cet article divulgue finalement une bonne nouvelle : les lecteurs et les libraires ne sont pas devenus subitement idiots.
En ce qui concerne les critiques, je suis moins affirmatif.
Maintenant les éditeurs, ils croyaient faire comme les banquiers … jusqu’à ce que ça explose.
Enfin les auteurs … hé, vous êtes où ?