Un ennemi est toujours bon à prendre, surtout en période de crise. Un Coupat par-ci, une grippe porcine par-là, ça concentre les foules et fait oublier les terroristes du quotidien.
Rappel historique : les résistants à l’occupant nazi de la dernière guerre étaient qualifiés de « terroristes » par la propagande officielle et leurs binettes patibulaires s’affichaient sur tous les murs. Aujourd’hui la terreur revient à la mode sans capitale, parce que la Terreur révolutionnaire de Robespierre a jeté l’opprobre sur cette façon radicale de raccourcir les problèmes en leur coupant la tête.
Les terroristes contemporains, ceux qui font régner la terreur sur cette planète, sont donc les épiciers-charcutiers de Tarnac en Corrèze, emmenés par le redoutable Julien Coupat. « Tiens, v’là du boudin ! ». Ils jouent un rôle essentiel de cohésion sociale : inquiéter les foules de bons employés de bureau en retardant les trains de banlieue. À cause de ces irresponsables, l’emploi est menacé car une demi-heure de retard au turbin risque d’entraîner un licenciement. L’offensive du gouvernement Sarko-Alliot-Marie envers ces anarcho-autonomes est donc amplement justifiée, vu qu’en l’absence d’une bonne guerre extérieure, style 14-18, rien ne vaut l’ennemi intérieur pour étouffer les révoltes tricolores. « Qu’un sang de cochon impur abreuve nos sillons ! ».
Et cette grippe porcine terrifiante tombe à point nommé pour faire oublier les malversations boursières ! Pendant la représentation de ce théâtre des ombres, de bons citoyens, que seul un esprit malade, de retour du Mexique, pourrait qualifier de « terroristes », font le bonheur des chroniqueurs dans tous les médias. Ce sont les financiers qui mettent au régime sec les économies mondiales et sur la paille le tiers-monde mais ça, c’est pas grave, puisqu’ils y sont déjà sur la paille, les indigènes ! Ces braves gens n’utilisent pas le coupe-circuit comme les amateurs anarchistes mais préfèrent des produits dits « dérivés » sophistiqués, des « actions pourries » et des placements au paradis fiscal. Ils arrivent dans leurs entreprises de salut public avec une prime (« golden hello »), creusent un trou qu’envierait Stakhanov, gavent leurs actionnaires, font virer les ouvriers et partent avec leurs deux Rolex, un paquet de stock-options et un parachute doré. Des milliers de prolétaires leur doivent une retraite anticipée sous une tente du canal Saint-Martin !
On comprend dès lors la perplexité de la ministre de l’Intérieur : comment sévir contre ces citoyens respectables ? Les mettre en taule avec Julien Coupat ? Ce serait un châtiment trop sévère : il leur ferait lire du Marx ou du Bakounine ! Les condamner à l’exil ? Ils iraient bronzer aux Iles Caïmans ! Leur demander de rembourser les gens qu’ils ont grugés ? Impossible en État de droit !
Et puis comment les condamner dans ce système ? Un milliard d’affamés dans le monde, des millions de sans-abri et de sans-boulot ! C’est la dure loi du libéralisme. Struggle for life ! De quel droit le vermisseau écrasé par la patte de l’éléphant irait-il se plaindre à l’ONU ?
À lire ou à relire sur Bakchich.info :
Arthur,
Vous avez vraiment une très "déviante" et donc, par conséquence, "malsaine" lecture des orientations médiatiques, qu’elles soient privées ou publiques….. !!!
Evidemment, une pandémie qui n’en est pas une, c’est un évènement mondial considérable. Rien à voir avec une crise mondiale qui s’approfondit sans cesse derrière et contre les belles et optimistes paroles des vrais spécialistes ( désignés par eux-mêmes et nos médias si indépendants du pouvoir que bientôt ils feront passer l’agence TASS de 1971 pour un exemple de déontologie).
Ne parlons pas de ce Julien Coupat…avec un tel nom de famille qui s’entend aussi comme Coupat (ble), cet homme est manifestement dangereux pour les trains de France, peut-être du monde, et même pour les engins inter-planétaires du type vu dans Star Trek !!!
Il faut- en Sarkoland, cette copie de plus en plus ressemblante sur le plan de la liberté de l’information à ce qu’est la Corée du Nord ou à ce que fut l’URSS de 1952- être un esprit très "déviant" (genre Siné !) pour oser dire que le chômage explose, que la misère croît et que la révolte gronde.
Quand même Dominique de Villepin a parlé de "crise révolutionnaire", tous les bénis oui-oui sont arrivés en procession de lamentations pour exprimer leur noble indignation face à ces mots grossiers choquant leurs chastes oreilles dont le seul contentement réel est d’écouter la parole platement ravissante d’un certain Nicolas S dit "le Béat de France".
Certes, un Siné, un Arthur, en clair des gens irrévérencieux pourraient évoquer le milliard d’euros que les gentils contribuables de France vont devoir payer à l’Etat taiwanais suite au plus grand et gros scandale commun UMP-PS des 20 dernières années appelé affaire des frégates de Taiwan.
Rassurons les lecteurs : l’Etat- nous tous donc- va payer 1 milliard d’euros pour protéger les identités des vrais corrompus dans ce dossier, corrompus de tous bords politiques hexagonaux. Dame Justice restera ici sourde et aveugle, mais Monsieur Percepteur tondra un peu plus les simples gens pour que les vrais corrompus puissent jouir en paix du fruit de leurs larcins !
Voilà qui est vraiment moral et digne !
Ce qui est merveilleux : c’est que l’information sur ce milliard d’euros volé aux citoyens pour payer pour des voleurs n’est reprise par personne depuis hier qu’un journal en a parlé ouvertement !!!
La conclusion est donc que la Justice et la vérité sont en Sarkoland des valeurs "déviantes", voire "malsaines".
Par contre, faire payer des innocents pour des coupables protégés depuis 20 ans par tous les gouvernements au moyen de ce beau "secret-défense", cela est vraiment sain, bon, honnête et vertueux.
Merci, Arthur, de défendre avec votre plume satirique les vraies valeurs d’une société humaine, intègre et juste.
Amicalement et satiriquement vôtre,