Une étude américaine apporte quelques arguments de poids à ceux qui pensaient que l’influence des médias sur l’opinion était toute relative.
« On avale à pleine gorgée le mensonge qui nous flatte et l’on boit goutte à goutte une vérité qui nous est amère. » Cette maxime de Diderot aurait pu faire œuvre de conclusion à l’étude que viennent de publier deux chercheurs de l’université du Michigan, aux États-Unis.
Intitulée « When Corrections Fail : The Persistence of Political Misperceptions », elle apporte quelques arguments scientifiques de poids à ceux qui pensaient déjà que l’influence des médias sur l’opinion était toute relative.
Réalisée en 2005 et 2006, l’expérience a permis de mettre en exergue le fait que la diffusion de faits vérifiés auprès du plus grand nombre – le travail journalistique – n’avait pas pour effet systématique de modifier les convictions de ceux qui les recevaient. Loin de là.
Car plus on est engagé politiquement, plus les informations sont en contradiction avec nos idées, et plus nos croyances déjà établies se trouvent renforcées.
Un phénomène que les auteurs de l’étude, Brendan Nyhan et Jason Reifler, ont nommé le « backfire effect », « l’effet de contre-feu ».
Si l’essentiel de l’étude s’attache à démontrer que les révélations de la presse américaine sur l’absence d’armes de destruction massive en Irak n’ont pas obtenu l’effet escompté auprès des Américains, ses conclusions ne sauraient s’arrêter aux frontières des États-Unis.
Que dire de la réaction de l’UMP face aux embarrassantes révélations de la presse française sur les liens d’Éric Woerth avec la famille Bettencourt ? Plutôt que de répondre sur les faits, le clan UMP n’a eu de cesse de dénigrer le travail de la presse avec, pour seul et unique but, de gagner la bataille de l’opinion.
Si grotesque qu’elle soit, cette stratégie n’en est pas moins payante. Malheureusement.
En conséquence du raisonnement, la chute de cet article aurait du être tout autre.
En effet, l’auteur conclut " …si grotesque qu’elle soit, cette stratégie n’en est pas moins payante."
Faux. L’opinion désapprouvait ce qui ce passait dans l’affaire Woerth-Bettencourt et le soutien de membres du gouvernement impliqués.
Que des médias du SarkoLand justifient et innocentent le gouvernement, loin d’influencer l’opinion l’ont renforcée dans ses convictions défavorables au gouvernement ( ceci correspond donc à l’analyse des observateurs dont parle l’article).
Mais en déformant le raisonnement juste après l’avoir posé, cet article tente lui-même d’influencer en laissant croire que les contre-feux médiatiques du gouvernement fonctionnent et influencent nécessairement.
Si la stratégie n’est donc pas payante, en attendant on se demande qui tente de se payer la tete de qui.