Scène surréaliste en Haïti. Au beau milieu des décombres de l’ambassade de France, les secouristes dépêchés sur place ont mené à bien une mission périlleuse : sauver le champagne de notre beau pays.
« Comment expliquerions-nous à des familles que leur fils ou époux est mort en sauvant du vin, du champagne ou du whisky ? » Le 29 janvier, devant le regard indigné des médecins et infirmiers du Samu 21 de Dijon détachés à Port-au-Prince, une dizaine de sapeurs-pompiers « spéléos » spécialistes des décombres, ont mené une dernière opération de sauvetage avant de regagner leurs pénates. Objectif : la cave de monsieur l’ambassadeur français !
Une opération risquée à cause de l’instabilité du bâtiment mais drôlement bien organisée : deux secouristes ont été envoyés dans les ruines, pendant qu’une dizaine réceptionnait le butin. Le « trésor » méritait bien cette attention particulière. La cave de l’ambassadeur Didier Bret abritait des dizaines de caisses de champagne, cognac, whisky et grands vins.
L’État français ne perd pas une occasion de choyer ses représentants. Dans son dernier numéro, Le Canard Enchaîné (10/02) décrit une autre mission de sauvetage réussie, cette fois par Arno Klarsfeld.
Envoyé par Matignon en Haïti pour « identifier les problèmes prioritaires à résoudre », l’avocat est rentré au bout de quinze jours avec Voltaire, le chat du numéro deux de l’ambassade, Christophe Quentel. Le haut fonctionnaire et sa famille avaient dû quitter l’île à la hâte, en laissant le félin.
D’après Klarsfeld, contacté par Le Canard, « Voltaire manquait cruellement à sa petite fille de 5 ans ». Cette fois, c’est le pinard miraculé qui a pu être transporté, sous bonne escorte, dans les locaux de l’état-major de la cellule de crise… Ouf, les soirées de monsieur l’ambassadeur sont sauvées.
Port-au-Prince n’est plus maudite, Haïti honni des dieux, Hispaniola va renaître. Et l’on connaît déjà la date de ce joyeux avènement. Ce sera le 17 février, puisqu’enfin la bonne parole française, l’Évangile des droits de l’homme va poser le pied sur le sol encore tremblant du pays, en l’auguste personne de son chef d’État, Sarkozy Nicolas. Sur la route de la Martinique et de la Guadeloupe, Sarko Ier va faire une petite halte…
Jamais, malgré l’intime lien colonial et post-colonial qui unit la France aux Caraïbes, un premier personnage de l’Hexagone ne s’était rendu en ce doux pays. Et pourtant, le pouvoir français s’est jusque très récemment mêlé et agité l’histoire de ce pays francophone. Que ce soit en y faisant intervenir Régis Debray, ses bidasses voire même Dominique de Villepin. Dont le secrétaire d’État d’alors, Renaud Muselier, dit Lou ravi de la polique marseillaise, eut à essuyer quelques rafales de balles… Mais fi de ces mesquineries, l’oubli va être réparé. Toujours ça de pris et de montré. Et toujours plus simple que de trouver une solution pour reloger 1,4 million de sinistrés.
Une chance, Sarko n’emmène pas dans ses bagages ses as du logement, Benoist Apparu ou le sieur Borloo. Sûr que le sauvetage du champagne de M. l’ambassadeur Le Bret aurait recueilli l’assentiment de l’ami Jean-Louis. Mais l’aide apportée par la France à Haïti n’a pas besoin de lui pour sombrer dans l’anarchie
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Un champagne qui donne la nausée. Ce qui reste d’opposition politique dans ce pays devrait s’emparer du "scoop" Sacrifier la vie des gens pour du champagne. Pourquoi les pompiers sur place n’ont ils pas utiliser leur droit de retrait ? Et leur Ethique dans tout ça ?
Où va t on ? Il ne manquerait plus que des policiers interviennent dans un cinéma pour un coca acheté à l’extérieur. Oups…