Lorsque le mensonge mène au succès. Décryptage avec Gérald Dahan, célèbre imitateur.
L’auto proclamation a quelque chose de péjoratif, elle laisse supposer une absence criante de rivalité ou encore un ego surdimensionné. Pourtant lorsque Gerald Dahan s’est octroyé le titre d’imposteur public numéro 1, personne n’a crié au scandale, tant, ces derniers temps, l’homme a défrayé la chronique dans le domaine. Reprenant le créneau du canular téléphonique où il est passé maître, Dahan prend un malin plaisir a piéger un gotha français dont il fait désormais partie. Peoples et politiques admirent les vocalises de l’imitateur dont ils aiment se méfier. Les plus cyniques noteront qu’il n’existe qu’à travers le talent des artistes singés, finalement, il ne fait qu’en nourrir le sien.
Gerald a un don certain, mais son statut d’imitateur préféré des français n’est certainement pas le fruit du hasard. À un âge où les garçons rêvent du métier de pompier ou de footballeur, le jeune Gerald, lui, révèle l’envie d’être imitateur. La plupart abandonnent en cours de route, raisonnés par la maturité et les aléas de la vie, pas lui. Dès sa plus tendre enfance il fait trembler son quartier de Cognac où on lui reconnaît déjà un talent pour l’usurpation d’identité et un goût certain pour le scandale. Le costume d’amuseur régional est trop petit et il décide de monter à Paris. C’est Philippe Bouvard, le premier qui lui met le pied à l’étrier, frustré d’avoir, quelques années auparavant raté le phénomène de Le Luron, alors victime de sa précocité. De concours en spectacles, Gérald connaît une ascension régulière chaperonné par des gourous médiatiques tels que Laurent Ruquier ou encore Michel Drucker.
L’imposteur s’est fait un nom mais il lui manque alors ce coup d’éclat qui entérinerait définitivement son talent aux yeux du plus grand nombre. La machine s’emballe fin 2005, lorsqu’il usurpe l’identité d’un Chirac hospitalisé et obtient des joueurs de l’équipe de France de foot qu’ils chantent l’hymne nationale, main sur le cœur en hommage au président. La presse s’empare de l’affaire dès le lendemain et l’engouement médiatique est à la hauteur du canular. Les victimes suivantes seront Ségolène Royal, ou encore Harry Rozelmack. Dahan savoure et le public est conquis. Son livre et son spectacle deviennent de véritables succès populaires.
Sur scène, le spectacle est à la hauteur du personnage. Sa voix n’est pas sa seule arme, gestuelle, richesse du texte et interactivité avec le public en font un artiste complet. Lorsque, armé de ses multiples timbres de voix, ce maniaque de la ponctualité s’attaque aux plus grands tubes radio, on ne peut s’empêcher de penser qu’il est peut être même passé à coté d’une carrière musicale. Du grand art ! En l’espace de quelques années il a su s’imposer dans un milieu qui ne tolère que les meilleurs. On a coutume de dire qu’en jouant sur les relations, le citoyen lambda n’est qu’à six personnes du président, Dahan s’amuse à considérablement réduire l’écart. Il prouve que les stars sont finalement des monsieur tout le monde. Lui en a fait son métier.