Rescapée du syndrome « comédie musicale », Yael Naim sort un nouvel album. Rencontre
Le temps des vacances est enfin passé, emportant avec lui ses innombrables parodies musicales, ces sacro-saints tubes de l’été… Heureusement, le jeu des saisons révèle parfois de jolies surprises. Peut-être est-ce un moyen de nous aider à digérer l’indigeste menu estival que le label « Tôt ou tard » annonce la sortie du nouvel album éponyme de Yael Naïm le 22 octobre. Le programme de séduction a commencé depuis quelques semaines. « New soul », le premier single extrait inonde les ondes FM. Cette jolie ritournelle, faussement légère, connaît un beau succès sur le net et la suite suscite une énorme attente populaire. Bien qu’elle porte le nom de Yael, cette petite merveille de galette, est le fruit d’une étonnante collaboration avec David Donatien. Lui, est musicien chevronné, multi instrumentaliste d’origine antillaise. Adepte du travail dans l’ombre avec les plus grands de la scène française. Malgré la lumière qu’attire inévitablement Yael, ce musicien de génie pourrait profiter de l’occasion pour se faire un nom.
La belle Israélienne, quant à elle, n’en est pas à son coup d’essai. La jeune femme, avec son air d’éternelle adolescente, savoure son grand retour. Les amateurs de comédies musicales l’auront sûrement reconnu sous les traits de Myriam dans le show d’Elie Chouraqui, « Les Dix Commandements ». Elle n’a pourtant jamais essayé de surfer sur la vague du succès de cette grosse machine. Une réserve naturelle qui trouve un écho favorable chez son compagnon de route. « Yael était déjà passée à l’étape suivante de sa vie artistique. Jouer avec cette notoriété aurait été dangereux, les gens auraient attendu d’elle qu’elle reprenne son personnage. Là, elle a fait quelque chose qui lui ressemblait. » Peu habitué à tant de retenue, le public boude l’évidence et son premier album passe quasi inaperçu. L’échec plonge l’artiste dans une longue période de doute. Le coup de foudre artistique avec David se révèle salvateur. Leur complicité dépasse la parfaite alchimie créative, comme lors d’interviews, où ils ne peuvent s’empêcher d’opérer un véritable ballet de private jokes. Les rires fusent, on les sent décomplexés face à l’enjeu commercial. « On a jamais compté le temps passé à faire ce disque. On faisait juste de la musique, quelque chose de personnel. De toutes façons, ce que tu donnes humainement au niveau musical va peut être même plus refléter que le son lui-même. »
Jouer sur les émotions, se découvrir au fil des morceaux. Le pari est osé. L’album est exclusivement composé de chants anglophones et hébreux. Malgré la barrière linguistique l’ensemble offre une succession de ballades intimistes où finalement, on prend un malin plaisir à réécrire sa propre histoire. Mais c’est encore une fois sur scène que le génie est le plus éloquent. Meilleur juge, le public ne s’y trompe pas, et se laisse imprégner de l’univers idyllique de Yael à chacune de ses prestations. Exemple pris sur l’audacieuse reprise du tube « Toxic » de Britney Spears où elle a su donner chaleur et vie a un morceau à l’origine bien fade. Curieux paradoxe que celui qui se déroule alors sous nos yeux. Au moment même où la starlette américaine entame une inexorable chute, Yael Naim commence tout juste son ascension. Nature. Toujours.