Pour remonter dans les sondages, le président a décidé de changer de méthode de séduction. Après l’exhibition, la chiraquisation.
Nicolas Sarkozy ne sait plus comment faire pour remonter dans les sondages. Et les prévisions des « spins doctors » de l’Élysée ne sont pas fameuses pour lui. D’après les conseillers en com’ et autres experts en courbes de popularité qu’il consulte à tour de bras, le chef de l’État ne doit pas s’attendre à une amélioration spectaculaire de sa situation dans l’opinion, du moins dans l’immédiat.
« Peut-être quelques points grapillés ici où là mais rien de bien folichon, a expliqué (un peu embarrassé, on le comprend) l’un d’eux au Président. Le désamour et la déception sont profonds, la confiance doit être rétablie, ce qui suppose un minimum de temps ». L’imprudent n’a pas été jeté aux oubliettes mais on le sait, la patience n’est pas la vertu première de Sarko 1er. Pas de chance pour lui, tous les sondeurs disent la même chose : ce n’est pas le principe des réformes qui est en cause, même si les Français vivent cruellement la baisse de leur pouvoir d’achat, mais le style du président, son manque de hauteur, ses foucades permanentes, son goût du luxe, sa façon de tout ramener à lui.
Voilà de quoi expliquer à l’inverse la bonne tenue de François Fillon, sobre, voir transparent dans la forme. Un peu dépité de voir que ses efforts pour « changer » n’ont pas encore porté leurs fruits, Sarko a décidé de s’inspirer de plus en plus de son ennemi intime, son vieux rival Jacques Chirac. On se pince pour y croire tant les deux hommes se détestent. En privé, Nicolas Sarkozy n’a pas changé d’avis sur l’action de son prédécesseur qu’il juge en tout point catastrophique – « Il n’a rien fait pendant 12 ans », tranche t-il –, mais il reconnaît en revanche qu’il avait su « tisser un lien fort » avec le peuple, qu’il avait une sorte d’autorité naturelle. Bref, qu’il incarnait davantage la fonction.
Du coup Sarko veut faire davantage de Chirac dans la forme : des commémorations qui rassemblent au lieu de diviser, des interventions médiatiques plus espacées. Selon la formule de Jacques Pilhan, l’ancien communicant de Mitterrand puis de Chirac, la parole présidentielle se doit d’être « rare » afin d’être mieux prise en compte : un message par jour, et non pas quatre ou cinq comme c’était le cas auparavant. Il va devoir se réfréner…
Et Sarkozy, comme Chirac en son temps, prend goût aux cérémonies élyséennes pendant lesquelles il remet des décorations à tire-larigot. Lundi 17, c’était au tour de Raymond Kopa et de Pierre Albaladejo, respectivement footballeur et rugbyman, à recevoir leur joli ruban.
Décidément plein de bonne volonté, Sarko 1er souhaite également revenir à une lecture plus classique des institutions de la Vème République. Il a résumé sa pensée devant un proche, qui le répète à Bakchich : « Je vais envoyer Fillon et les ministres au charbon et me préserver davantage. J’en ai marre de tout faire. On verra bien si ce bon François continue de grimper dans les sondages ».
C’est beau, l’amitié.