Ou comment des ventes d’armes à la Lybie s’inscrivent dans les ambitions élyséennes
Il y a trois semaines, Paris a subi un inhabituel déploiement d’officiers supérieurs et d’espions libyens à Paris dont le patron des forces aériennes de Kadhafi, le général Rifi. Les envoyés spéciaux de l’imprévisible colonel ont tenté de calmer une énième castagne entre sarkozystes et chiraquiens engagée autour d’une série de contrats très juteux. Le différend initial porte sur un contrat d’armement de 140 millions de dollars avec, à la clef, des commissions qui pourraient atteindre 4 à 5% de ce montant… la pointe d’un iceberg de marchés à venir beaucoup plus importants annonçant une vente possible du fameux Rafale que Dassault n’a toujours pas réussi à placer à l’export. Le Journal des finances du 12 octobre dernier confirme que « pour Dassault-Aviation, les négociations viennent de débuter avec la Libye ».
En amont, voilà maintenant un an demi que la Commission interministérielle d’exportation des matériels de guerre (CIEMG) - l’organisme qui autorise ou non les exportations d’armes - a donné son feu vert à la vente à la Libye de caméras thermiques et de systèmes de visée nocturne. Montés sur des hélicoptères Alouette et des avions Casa, ces matériels très sophistiqués sont destinés, notamment à la surveillance des frontières et à la lutte antiterroriste.
La SAGEM, société française qui est le N° 3 européen en électronique de défense de sécurité, a remporté le marché. Celui-ci doit être finalisé par une deuxième société de conseil permettant, comme le souhaite Tripoli, d’effectuer une transaction d’État à État. Cette tâche a été confiée au groupe SOFEMA, officine réputée proche de l’Elysée qui devrait normalement superviser la répartition des commissions.
Tout allait pour le mieux jusqu’à l’intervention de Ziad Takieddine, un businessman libanais très en cour chez Nicolas Sarkozy, qui veut contourner la SOFEMA pour ramener les commissions à ses amis de vingt ans. « Cet intermédiaire à la réputation douteuse qui a déjà fait perdre à la France des millions d’euros se pavane à Tripoli en prétendant parler au nom du futur Président de la République et surtout en affirmant que, désormais toutes les affaires impliquant notre pays, passent par lui et lui seul », déplore très remonté un diplomate français en poste en Libye.
Notoirement connu dans le club très fermé des marchands de canons, ce nabab d’origine druze a dirigé la station de ski Isola 2000. Dès 1993, lorsque Edouard Balladur s’est installé à Matignon, il a beaucoup invité à la montagne, notamment le ministre de la défense de l’époque François Léotard, son conseiller Renaud Donnedieu de Vabres et les deux Nicolas (Bazire le « dircab » d’Edouard et Sarkozy, l’ombre du dircab). Surnommé depuis « Monsieur T », il s’est imposé comme l’intermédiaire obligé de toutes les grosses affaires financières de la galaxie Sarkozy. C’est à lui que l’on doit notamment la faillite du marché MIKSA, un système de surveillance des frontières qu’on essayait de refiler aux Saoudiens depuis le début des années 1990 [1]. Attaché à quelques militaires libyens dont Abdallah Sanoussi impliqué dans l’attentat du vol français UTA, il a aussi fait échouer une vente d’Eurocopter, Tripoli ayant finalement opté pour l’italien Augusta, fin 2005. « Et l’on peut craindre que l’intervention de ce héros de nos guéguerres franco-gauloises ne se solde aujourd’hui de la même manière », déplore encore notre diplomate en ajoutant que les enjeux de cette affaire excèdent largement le contrat SAGEM. Suite du feuilleton saoudien MIKSA, cette affaire libyenne n’est pas tant destinée à ramener des commissions au clan Sarkozy - les versements devant intervenir après l’élection présidentielle - qu’à assécher les possibles d’autres financements électoraux (plusieurs sources informées pensent à Michèle Allliot-Marie) et aussi à s’assurer la maîtrise de la relation avec les nouveaux maîtres de Tripoli, désormais convertis à l’économie de marché.
En effet, sont à l’étude plusieurs contrats d’armements mirifiques dont l’un portant sur une vingtaine de « Tigre », l’hélicoptère de combat, produit phare d’Eurocopter retoqué l’année dernière. D’autres contrats d’armements, plus importants encore seraient en jeu, dont celui portant sur une douzaine de Rafale, de même que des marchés civils dans les secteurs des transports publics, du bâtiment et de l’eau… De quoi aiguiser bien des appétits sarko-élyséens.
[1] Voir l’excellent ouvrage de notre confrère Laurent Léger : « Trafic d’armes – Enquête sur les marchands de mort », éditions Flammarion, septembre 2006.
Voilà, Khadafi que tout le monde traitait de terroriste et de souteneur des terroristes, qui revient en grâce au sein de la communauté internationale et plus particulièrement au sein de l’Elysée et de la droite "républicaine", blanchi de toutes les accusations puisqu’il a payé rubis sur l’ongle par des dommages et intérêts versés aux familles des défunts du DC10 abatu par les sbires du guide de la révolution. Les morts ont peu de prix au même titre que les algériens qui ont été tués par des terroristes pendant la dernière décennie noire au cours de laquelle, la France avait refusé de livrer à l’Algérie, entre autres, des lunettes à visée nocturne qu’elle livre à la Lybie sans vergogne.
Vraiment c’est à vomir de cette politique de l’autruche et de l’oubli sélectif.
En tous cas, j’appelle tous les bi-nationaux à NE PAS VOTER pour les députés et présidents qui soutiennent cette politique menée contre l’Algérie.