Nos si chers établissements bancaires ont une imagination à nulle autre pareille. Pour gonfler artificiellement leurs chiffres, et se faire un peu de blé au passage, les margoulins en col blanc retardent les transferts de compte.
Les banques joueraient-elles les prestidigitatrices avec notre argent ? « Les cas de disparition ou de confiscation pures et simples ne sont pas rares » a pointé avec gravité dans le numéro 432 du mensuel 60 Millions de Consommateurs, le journaliste Lionel Maugain. Un joli escamotage.
Des Kerviel en herbe sommeilleraient-ils chez nos guichetiers français ? Déposer son argent à la banque reviendrait-il à jouer au baccarat, sans l’ivresse du jeu et la possibilité de « se refaire » ? Et le spécialiste des finances d’égrener des exemples dignes de figurer au Musée de l’Horreur de la Banque : une étudiante boursière à qui la banque chipe le contenu de son livret jeunes (750 euros) à l’occasion d’un transfert du compte, un distributeur automatique qui ne délivre qu’une partie des billets demandés à une pauvre grand-mère, des chèques non crédités sur le bon compte avec en prime un établissement qui refuse fermement de corriger son erreur…
La France peut avoir peur. Même si Sarko 1er nous l’avait assuré lors de la crise bancaire et de son couteux sauvetage : lui vivant, nos économies ne seront jamais englouties ! « Ces cas existent effectivement mais les clients finissent toujours pas récupérer leur argent, le problème, c’est que cela peut prendre du temps », détaille Serge Maitre, président de l’Association Française des Usagers des Banques (AFUB). L’AFUB est une sorte de commando qui planque devant les banques pour que les lois de la république tracent leurs pistes dans la jungle bancaire.
« Il existe une augmentation des incidents depuis 4 ans. Nous observons une évolution négative de certaines attitudes bancaires, que nous ne notions pas avant. Dans ce genre d’affaires, on peut aller de dysfonctionnements purs et simples à des hypothèses plus crapuleuses… Mais aujourd’hui, la tendance est plus aux retards de transfert qu’aux disparitions. Les dates de valeur prennent parfois jusqu’à 10-15 jours ! Et bizarrement, cela concerne tous les établissements bancaires » dénonce Serge Maitre. De là à penser que la pratique s’institutionnalise…
Peut-on envisager que les banques se constituent un « petit matelas financier » ? « Avec ces retards, les banques se créent artificiellement une solvabilité de façade. Évidemment elles ne peuvent retarder le transfert pendant 100 ans » relativise l’AFUB. Mais les conséquences sont là : le consommateur ne dispose pas de son argent et peut même être amené à payer des agios si son compte vire au rouge.
Dans le monde des margoulins en col blanc, il est aussi parfois très difficile de faire procéder à la clôture de son compte. Dans ce cas, l’intérêt de la banque est de gonfler – toujours artificiellement - ses statistiques de comptes ouverts. « A l’inverse, nous n’avons jamais enregistré autant de clôtures de comptes à l’initiative de la banque et d’ouvertures forcées de comptes par la Banque de France » déplore Serge Maitre. Il s’agit essentiellement de ses comptes ayant peu de mouvements dont les banques se débarrassent pour s’éviter d’inutiles frais de gestion.
Créée en 1987, l’AFUB a organisé la résistance « pour éradiquer le déséquilibre existant entre le client et sa banque ». Il y a encore du pain sur la planche à billets.
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