Mathieu Amalric, mais aussi quelques politiques dont Lionel Jospin ont mis le feu à la Croisette.
Après le "Robin des bois" gonflé aux stéroïdes par Ridley Scott, les choses sérieuses ont débuté sur la Croisette avec deux films en compétition, "Chongqing Blues" et "Tournée".
Le film chinois est une vraie purge, l’histoire d’un père trop longtemps absent qui enquête sur la mort de son fils dans une prise d’otage dont il était l’auteur. Le cinéaste Wang Xiaoshuai joue la carte de la mélancolie, mais l’ensemble est trop lent, trop appliqué et pas vraiment passionnant.
Avec "Tournée", Mathieu Amalric signe son meilleur film. Il n’a pas beaucoup de mal car "Mange ta soupe" ou "Le Stade de Wimbledon" étaient des caricatures de films d’auteur français, des trucs de poseur, irregardables. Avec cette histoire de strip-teaseuses en tournée, Amalric se révèle enfin un cinéaste généreux et offre une œuvre sensuelle et poétique, un film en liberté. A Cannes, Amalric se la joue une nouvelle fois auteur-réalisateur qui ne veut plus faire l’acteur. Mais qui est l’acteur principal de "Tournée" ? Amalric himself, et il est comme d’habitude : époustouflant. Le meilleur acteur français du moment ?
Sur la Croisette, les stars vont devoir se méfier de la concurrence des politiques. Christine Lagarde et Dominique Strauss-Kahn apparaissent dans le doc "Inside Job", on reparle de Carla dans le prochain Woody Allen (qui a déclaré hier « C’est une femme qui dégage un grand charisme et dont la personnalité m’intéresse »), mais la vedette du moment est un certain Lionel Jospin.
Lolo joue son propre rôle dans" Le Nom des gens", une comédie présentée à la Semaine de la critique. « L’austère qui se marre » a donc enfin réussi sa reconversion et il balance dans le film « Un jospiniste, c’est aujourd’hui aussi rare qu’un canard mandarin sur l’île de Ré. » Comme toutes les stars, Lolo a fait voir sa frimousse au Grand journal de Canal et il a même glissé, un poil vachard : « En politique, faut se méfier des effets d’annonce, comme au cinéma, faut se méfier des bandes-annonces. Il y a des bandes-annonces qui paraissent attractives et, derrière, y a un mauvais film. Et je me demande si ce n’est pas la situation dans laquelle nous sommes aujourd’hui. » Sacré Lolo !
Pour rester dans les déclarations rockn’ roll, en voici deux belles. Ridley Scott : « Je n’ai jamais particulièrement cherché à aller au Festival de Cannes, qui se veut le rendez-vous incontournable du cinéma et de l’art, par opposition au commerce. C’est idiot de voir le cinéma uniquement comme un art, car si les films ne se vendent pas, vous n’avez plus de cinéma ». Quant à Russell Crowe, il aurait laissé le message suivant sur Twitter : « Le Festival de Cannes était aussi glamour qu’un sandwich à la saucisse. » Qu’est-ce que t’as contre la saucisse, Ruru ?
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