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CULTURE / CHRONIQUE CINÉMA

Bled number One

Un brin de culture / jeudi 15 juin 2006 par Muriel Fitoussi
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Après Wesh wesh, qu’est-ce qui se passe ? , voici le deuxième opus de Rabah Ameur-Zaimeche, récompensé du Prix de la Jeunesse au Festival de Cannes.

Kamel le banlieusard est expulsé suite à une double peine. Il effectue un retour forcé « au bled », parmi les siens, dans un village du Nord-Est de l’Algérie. Kamel, alias Rabah lui-même : le réalisateur joue le rôle principal, et le tournage qui voit défiler bon nombre de Ameur-Zaïmeche au générique, a pour décor le village de sa naissance. Observateur immergé, au plus près des drames qui agitent ces vies en vase clos, il pose un regard quasi-naturaliste sur les êtres, les souffrances, les mille et une petites choses qui font l’Algérie d’aujourd’hui. Sans aucune complaisance, sans didactisme ni moralisme non plus. Rabah Ameur Zaïmeche insiste : son film n’a pas vocation documentaire, malgré une façon de filmer souvent furtive et instable, au plus près du sujet. Bled Number One est d’abord une déclaration d’amour à l’Algérie et aux Algériens, ses plaines verdoyantes et sa beauté mystique, « un peuple debout et fier malgré les bains de sang. Rester vivant : voilà l’essentiel pour l’Algérie comme pour chacun d’entre nous ».

« Une tension fière, orgueilleuse, sensuelle, érotique »

Quelques valeurs immuables sont dépeintes dans des tableaux ethnologiques. La fraternité est la première d’entre elles, illustrée par le partage de la viande après l’abattage rituel, loin de l’ « atomisation des sociétés occidentales ». De nombreuses scènes du film ont pour décor le cimetière du village, témoin de l’amour platonique de Kamel pour Louisa. Un destin contrarié -devenir chanteuse- la voue à la répudiation, à la mise au ban par les siens, et à la privation de son enfant qui la précipite au bord de la folie et du suicide. « Kamel la France » , Louisa la chanteuse, ces deux enfants maudits épris de liberté et d’absolu. Rabah revendique une « tension fière, orgueilleuse, sensuelle et érotique ». De la poésie, de la vie à l’état brut, dans sa beauté et sa laideur. Parler de force des images et du propos, serait un euphémisme, en effet. C’est un film coup de poing. Images du taureau qu’on égorge, du couteau sous la gorge dont usent de jeunes intégristes pour imposer leur vision de la bonne conduite en terre d’Islam, de Louisa que son frère bat pour venger le « déshonneur » fait à la famille…

Milices de pacotilles contre barbus à peine pubères

Rabah s’engage sur ce terrain, comme son héros. Les femmes sont elles aussi victimes d’une double peine, violence du mari, rejet des siens. « Tout autour de la Méditerranée, aux structures éminemment patriarcales, un certain code de la famille archaïque et inique, obéit à un impératif : préserver la Terre des Hommes. La partager avec les Femmes, serait la diviser ». Une échappatoire, évoquée à la fin du film : la fuite vers la Tunisie « où le rapport à la femme est différent », explique Rabah. Avant d’ajouter : « elle est protégée par le service d’ordre et de répression ». Rebelle, on vous dit…Les femmes subissent, les hommes sont impuissants face à un avenir qui échappe à leur contrôle. Milices de pacotille dressées contre des barbus tout juste pubères, oisiveté mortifère de ces après-midi passées à tuer le temps autour d’un jeu de dominos, peur de voir l’Oncle Sam venir faire sa loi. O Temps suspend ton vol et calme la douleur. Des moments de pause, d’éternité s’installent comme des respirations. Envols d’hirondelles. Le thé pris sur la terrasse, bercé par le chant du muezzin…Comme si de rien n’était. Et cette scène, l’une des plus belles séquences du film, à l’intérieur de l’Asile-refuge où Louisa se cache, à l’abri des regards et de l’oppression. Louisa chante, divine. Un moment de grâce, qui voit la vérité sortir spontanément de la bouche d’une des pensionnaires (qui n’est pas une figurante !) : « Les fous sont à l’extérieur ! ».

Bled number one, Film français (1 h 42). Avec Rabah Ameur-Zaïmeche, Meriem Serbah, Abel Jafri, Ramzy Bedia. En salle depuis le 7 juin.

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