Bien rentré de son court farniente aoûtien sur le sable fin des plages de Grèce, le président du Faso, Blaise Compaoré se remet au boulot. Avec son équipe de compaorétriotes, ils ont inauguré, mercredi 5 septembre sous les ors du palais de Koulouba, la rentrée gouvernementale avec ce premier conseil des ministres. L’équipe du Premier ministre Tertius Zongo était au complet ou presque. À l’exception du ministre des Affaires étrangères et de la coopération régionale, Djibril Bassolé, dépêché pour une mission business à Taiwan. Tous ont pris leurs bâtons de pèlerins pour venir prophétiser les grands chantiers de l’année. Une année pour le moins particulière du fait du bi-anniversaire que s’apprête à commémorer de manière concomitante les sankaristes invétérés et les dociles compaorétriotes. Deux décades que feu Thomas Sankara n’est plus, autant d’années que Son Excellence conserve son trône de la République. Sur la brèche, le gouvernement donne la priorité au projet de loi des finances, en vue de fixer le budget de l’année à venir. L’assemblée nationale devrait traditionnellement consacrer le mois de septembre à bûcher dur sur le dossier. Mais en dehors de l’enceinte verdoyante du palais présidentiel, urgence il y a.
Les autorités se doivent de trouver une solution aux sinistrés des inondations, victimes d’une pluie généreuse tant implorée par les agriculteurs réjouis. Ceux-ci, en bisbille avec les éleveurs, viennent d’enterre la hache de guerre mais ces conflits endémiques témoignent de la tension latente qui sévit dans les campagnes. La pluie devrait effacer ça… Pendant les averses, les 15 000 villageois aux maisons pliées par les caprices du ciel squattent dans les écoles, en attente d’assistance et de relogement. Epreuve de réactivité donc pour le gouvernement, qui gruge en se faisant aider par la magnanimité des ONG qui se sont montrées plus en jambes. Car si la réforme de gratuité des manuels scolaires, entrée en vigueur depuis le 27 août, peine à s’étendre sur le territoire national – en coulisse, ils se vendent déjà au marché noir –, il serait dommage que les élèves ne puissent user leurs ouvrages, griffés Compaoré, parce que le village pionce dans la salle de classe. Mais bon, le projet de réaménagement de l’aéroport de la capitale et le dessein d’en construire un second se révèle bien plus sexy et donne des ailes à Compaoré et ses acolytes. Un tantinet plus excitant que la régulation des prix des denrées de base qui trouent les poches des hommes intègres. À l’instar des pays enclavés de la région, les prix grimpent. Après l’essence passée de 620 à 650 FCFA le litre, v’là que c’est la baguette de pain qui flambe. Depuis le 1er septembre, il en coûte 5 FCFA de plus et atteint donc les 125 FCFA la miche. Ce qui n’est pas sans miner le moral des classes populaires qui ont cessé d’espérer un coup de baguette, magique cette fois, de la part des autorités.