L’engouement des Européens pour Barack Obama, notamment à Berlin, ou bien, nous a appris Bakchich, dans les « cités » françaises, n’a pas lieu d’étonner. Mais cette popularité, pour ne pas parler de toquade, résulte plus des apparences que d’un programme électoral ou d’une vision du monde contemporain.
D’abord, cet homme a la chance de vouloir succéder à un Président qui a élevé le mensonge et l’ignorance au rang des principes de gouvernement. On n’a pas oublié comment la guerre contre l’Irak a été officiellement justifiée par l’existence dans ce pays d’armes de destruction massive. On ne les a toujours pas trouvées.
Ensuite, il n’est pas issu de l’Establishment, il n’est pas un WASP, un White Anglo-Saxon Protestant, ainsi qu’on surnomme les descendants (plus ou moins vérifiés) des passagers du Mayflower qui, en 1620, fuyaient l’Angleterre du très catholique Jacques 1er Stuart. Les Bush père et fils descendraient de l’un d’eux.
Au contraire, la grand-mère paternelle de Barack Obama vit toujours au Kenya et, si ce n’est déjà fait, il ira un jour ou l’autre en Indonésie, à la rencontre de ses ancêtres maternels. C’est un coloured people au pays d’une apartheid de fait pas si ancienne que ça puisque la lutte pour y mettre fin, à la supposer victorieuse, occupe une bonne partie de la seconde moitié du vingtième siècle. La loi sur les droits civiques, qui en est l’étape juridique la plus importante, voulue par John Fitzgerald Kennedy assassiné entre-temps, date du 2 juillet 1964… Dans ce pays qui connaît le plus fort taux d’incarcération au monde (1% de la population, 2 300 000 personnes, ce qui, avec une même proportion, donnerait 630 000 détenus en France au lieu des 63 000 constatés), on emprisonne un blanc sur cent six, mais un noir sur quinze…
Cette parenthèse « carcérale » fermée, force est de remarquer qu’il n’y a pas de précédent qu’un homme de couleur ait sérieusement été ne serait-ce que candidat à la présidence d’un pays occidental. Hillary Clinton aurait probablement moins étonné ou séduit. De Margaret Thatcher, autrefois, à Angela Merkel aujourd’hui, demain peut-être Tzipi Livni, actuelle ministre des affaires étrangères d’Israël, sans omettre les souveraines du Danemark ou des Pays-Bas, une femme au pouvoir n’est désormais ni une extravagance, ni une incongruité. Ségolène Royal n’a pas échoué à cause de son sexe. Il ne la sauvera pas davantage.
Ces apparences dont bénéficie en Europe le candidat démocrate font oublier un point essentiel : il est américain. Le souligner n’est pas une sotte évidence ou un truisme. C’est pourtant ce qu’ont paru éluder les 200 000 Berlinois – a priori germanophones – venus écouter le long discours – en américain – de leur idole du moment. Né aux États-Unis (il ne pourrait, sinon, être éligible au poste de Président), Barack Obama est aussi le produit de ce qu’on appellera, faute de mieux, sa civilisation. Pour le meilleur et pas moins pour le pire, il en sera le serviteur autant que le maître.
En 1948, Jean-Paul Sartre avait écrit un scénario intitulé « L’Engrenage ». Il y montrait un révolutionnaire (sincère) qui, parvenu au pouvoir, reproduisait, malgré lui, les politiques qu’il avait combattues. Le thème n’a pas pris une ride. Que Barack Obama croie à ce qu’il préconise aujourd’hui, pourquoi en douter ? Qu’il soit, le moment venu, en mesure de concrétiser ses projets ne dépend pas que de lui.
N’eût été votre approximation quant aux origines "indonésiennes" de la maman - aujourd’hui décédée - de Barack Obama, votre article n’aurait pas résonné comme étant à charge. L’objectivité et l’honnêteté intellectuelle semblent être définitivement un vieux rêve pour personnes candides.
Maman Obama ne serait pas Wasp ? A vérifier.
"parvenu au pouvoir, reproduisait, malgré lui, les politiques qu’il avait combattues. Le thème n’a pas pris une ride. Que Barack Obama croie à ce qu’il préconise aujourd’hui, pourquoi en douter ?"
Mais en fait il préconise aujourd’hui de poursuivre la même politique pourrie actuelle. Il a pas dit que Jérusalem devait être la capitale indivisible d’Israël ? Peut-être qu’il faut comprendre qu’il va continuer la même politique au Proche Orient ? Ou peut être qu’il faut croire que parce qu’il se pose en "homme de couleur", il sera différent d’un "wasp". Il y a un caractère social à "homme de couleur". Obama n’a rien d’un "homme de couleur". Il marche bien son lavage de cerveau.