Les politiques ont souvent évoqué le thème des mineurs en prison. Réformer ? Certes, mais faut-il encore comprendre le quotidien de ces jeunes. Tel a été l’objectif de Léonore le Caisne. Son ouvrage, « Avoir 16 ans à Fleury : Ethnographie d’un centre de jeunes détenus », sorti en janvier 2008, est une plongée au coeur du milieu carcéral où ces jeunes délinquants tentent de vivre et survivre.
Des mineurs sont en prison. À Fleury-Mérogis, 50 à 100 adolescents sont incarcérés en permanence. Autant de délinquants jeunes en déshérence. Une ethnologue, Léonore le Caisne, à la demande de l’administration pénitentiaire a décrit leur quotidien, le bruit, les odeurs, leurs codes, en un mot leur vie… Le Seuil en a fait un livre. Voici deux analyses de leur quotidien choisies parmi de nombreuses réflexions toutes aussi intéressantes.
Dans la prison, tout est affaire de hiérarchie. Pour vivre ou plutôt pour survivre il faut rapidement comprendre qui est l’autre. Il y a de nombreux codes. Entre autres, la manière dont s’interpellent entre eux les délinquants. Si le prénom est réservé aux adolescents, les noms de famille est l’apanage des « matons » ou surveillants. Lorsqu’ils veulent marquer leur proximité, de la connivence entre eux, ce qui est le cas le plus fréquent, ils s’apostrophent par leur prénom. Dés qu’ils veulent rejeter quelqu’un, le condamner, le faire passer de l’autre côté, du côté des matons, de l’administration, les détenus l’interpellent par le nom de famille. Au delà, il y a la dépersonnalisation, c’est la relégation ultime. Quant aux adolescents des pays de l’Est, ils n’existent qu’à travers leurs origines. « L’roumain » est en bas de l’échelle carcérale.
Les caïds, les détenus reconnus par « leur charisme » dit l’ethnologue, ont un statut à part. Ils sont à la fois identifiés comme tels par les deux acteurs de la prison : les matons et les délinquants. La grammaire de la prison intégre cette double reconnaissance, ils sont appelés par leur nom et leur prénom. « Boniface Diabaté » est un de ceux là.
« Il ne se passe pas une semaine sans bagarre ». Tout est l’occasion d’une baston. On se bat pour se faire respecter, pour un chichon – un morceau de haschich -, pour se défendre, pour défendre l’honneur de sa mère, pour défendre un copain, et surtout pour rien. Souvent ils ne se souviennent même plus de l’origine de l’altercation, « une vieille embrouille »…
Comme on ne peut pas se battre dans sa cellule, les adolescents y sont seuls. C’est dans les couloirs que les rixes éclatent, au moment des déplacements dans la cour avec systématiquement l’intervention des surveillants et souvent c’est direction le mitard pour les plus bagarreurs. Le top du top c’est le coup de poing à l’abri du regard des surveillants, dans la salle d’attente du parloir, au vestiaire du gymnase ou à l’infirmerie.
Dans certains cas, les surveillants et les moniteurs de sport laisseraient faire, « en offrant aux garçons la possibilité de se battre sans s’en mêler, le personnel permet (…) à la tension de retomber ».
La lecture de tels ouvrages permet d’être des citoyens plus informés. Un peu, de temps en temps, entre deux séries américaines, ça ne fait pas de mal et pour certains ça permet de briller en société.
Le "ça permet à certains de briller en société", je suis pas convaincus que ce soit quelque chose qu’il faille préciser dans le contexte.
Evidemment que certaines personnes vont "se la raconter" après avoir lus ça, m’enfin bon, ces gens ce ne sont qu’une infime minorité (de cons qui se servent du malheur des autres pour chatouiller leur égo) et en fait je trouve cette petite conclusion un peu mesquine, c’est tabler sur le fait que nous, lecteurs, on va faire le BHL avec nos amis si on lis ce livre.
Et surtout, on parle de qui, des jeunes en taules ou des crétins méchus à écharpes rouge… Drôle de mélange des genres, ça met pas l’aise quoi. Sinon, merci de nous signaler l’éxistence de ce bouquin.