Depuis le 12 janvier, des bus circulent fièrement dans la capitale catalane en arborant des panneaux publicitaires clamant que « Dieu n’existe probablement pas ». Non sans provoquer quelques heurts.
Les crucifix espagnols vacillent au passage des autobus barcelonais. « Dieu n’existe probablement pas », profanent des lettres roses Barbie placardées sur les panneaux publicitaires ambulants. « Arrête de t’inquiéter et profite de la vie », ajoutent les caractères rouge et jaune. Une semaine après la disparition des crèches décorant banques, mairies et boutiques en période de fêtes, la campagne lancée lundi 12 janvier ne passe pas inaperçue. Si certains profitent du début d’année pour souhaiter leurs vœux, « l’Union des athées et libres penseurs catalans » lance un débat sur la place publique. Le slogan est simple, l’impact aussi vif que ses couleurs. Satan serait-il entré dans Barcelone ?
Venue d’Outre Manche, l’initiative a traversé l’Europe. À l’origine, un article d’Ariane Sherine publié dans The Guardian le 20 juin dernier. Agacée par la campagne publicitaire d’une association catholique dans les métros londoniens, la journaliste prône une campagne en retour. L’idée a fait des vagues. Selon El pais, Birmingham, Manchester, Edimbourg mais également Washington et bientôt Séville, Zaragoza et Bilbao verront l’engin dans leurs rues. Le sermon de « l’Union des athées et des libres penseurs catalans » a brillé dans les journaux de toute la péninsule ibérique. Grâce à une quête préalable sur la Toile s’élevant à plus de 13000 € et à un soutien du défendeur anglo-saxon de l’athéisme, Richard Dawkins.
Mais les bus transportent le message en terrain glissant. Près de huit espagnols sur dix se déclarent catholiques. Si la pratique est en chute libre, les figures du Christ sont encore présentes dans certains lieux publics. Quant aux ministres, ils prêtent serment sur la Constitution face à un crucifix. Sans parler des funérailles d’Etat, ponctuées d’une liturgie. La tradition catholique espagnole a un poids culturel prépondérant, surtout en temps de fête. À force de processions à répétitions, les roulements de tambours des fanfares ont tendance à lasser les agnostiques.
L’article 16 de la Constitution de 1978 proclame pourtant qu’« aucune confession n’aura caractère de religion d’Etat. » Mais un troisième alinéa laisse planer l’ambiguïté : « les pouvoirs publics tiendront compte des croyances religieuses de la société espagnole et entretiendront de ce fait des relations de coopération avec l’Eglise catholique et les autres confessions. »
En novembre dernier, la décision d’un juge administratif de Valladoid a continué d’alimenter la polémique. Après la plainte d’un père, l’homme de droit ordonne à un collège public de retirer les crucifix de l’établissement. Arrêt novateur dans le genre. « La Constitution dit que l’Espagne est un pays aconfessionnel et par conséquent, l’école doit aussi l’être », avait déclaré la ministre de l’Education Mercedes Cabrera, évitant de politiser le débat.
Actuellement au gouvernement, le Parti socialiste (PSOE) a émis la volonté d’éliminer ces symboles des espaces publics et des actes officiels dès juillet 2008. Mais les soutanes sont sujets aux dessous de tables. D’après El pais, quatre milliards d’euros par an sont accordés indirectement à l’Eglise. La première religion d’Espagne influence par ses apparitions médiatiques et ses prises de positions récurrentes. Un claquement de doigt de Zapatero ne suffira pas à mettra un terme à plus de six siècles d’Histoire.
Pourtant… Musulmans, juifs et catholiques cohabitèrent ensemble sous l’Espagne médiéval. Non sans heurts. Mais les trois religions monothéistes vécurent huit siècles sur un même territoire. Jusqu’à la fin du XVème siècle, où les chrétiens construisirent sur les minarets des clochers plus « catholiquement » corrects.
Il serait trop facile de garder un regard hexagonal. Se cacher fièrement derrière la loi du 9 décembre 1905, et d’en oublier que notre actuel Président a reçu le titre de « Chanoine d’honneur » de Saint-Jean de Latran au Vatican, quelques mois après sa prise de fonction. En rettour de cet engagement par choix dans cette tradition issue du renoncement d’Henry IV au protestantisme, une messe sera célébrée pour la France.
Certes, l’Espagne est empreinte de contradictions, dans un climat où deux courants de pensées s’affrontent en permanence. Si le culte religieux persiste dans ce pays, les idées avancent. En témoigne il y a trois ans, la reconnaissance du mariage homosexuel et l’autorisation pour les gays et lesbiennes d’adopter des enfants, crucifix au mur ou pas.
Lire ou relire dans Bakchich :
Bonjour.
En l’occurrence je pense que l’article cite la presse espagnole parce que le fond du sujet est en rapport avec l’Espagne et ce qu’il s’y passe. Le thème de l’article n’est pas "les détournements de fonds au profit de l’Eglise dans le monde" mais davantage "le combat pour la laïcité en Espagne", d’où le fait qu’il se réfère aux médias espagnols.
Ceci dit, le sujet global des "subventions" accordées au culte est intéressant et mériterait un bon article de fond, pour compenser le fait qu’on n’en parle jamais.
@RHUYZAR ….Et tant qu’on y est , AUSSI ( !) : LE NAZISME , LE COLONIALISME FRANCAIS EN ALGERIE,….Ces 2 "systèmes" ont réalisé de "Belles Architectures " !!!! Le premier : la célèbre "VOLKSWAGEN" , littéralement : la Voiture du Peuple( !) .Le deuxième, on lui a découvert "DES BIENFAITS" ….
Plus INSIDIEUX que ton "raisonnement" , tu meurs !!!
Pourquoi je m’acharne à te répondre ? Je dois certainement considérer ça comme une bonne action et prier pour que le curé soit du même avis que moi (précision importante, ceci est une blague, je ne suis ni croyant, ni pratiquant…).
C’est bien essayé le coup du Point Godwin mais je pratique suffisamment ces méthodes de troll pour ne pas tomber dedans, et la comparaison que tu tentes d’installer par rapport au Nazisme n’éveille en moi ni haine viscérale, ni passion débordante qui restreindraient mon objectivité.
Parlons-nous du Nazisme ? Non. Avons-nous émis une seule fois un avis vis à vis de cette idéologie ? Non. Nous parlons du Christianisme et de ses répercussions en Espagne. Nous parlons du fait que si nombre des aspects du Christianisme doivent être critiqués, certains doivent être reconnus comme ce qu’ils sont, de belles choses. Ce n’est pas parce qu’un inquisiteur a tué des millions de gens qu’une cathédrale est laide. Comme ce n’est pas parce qu’une cathédrale est belle que cet inquisiteur est un mec bien. Il faut condamner l’inquisiteur pour crimes contre l’Humanité, mais il ne faut pas raser la cathédrale pour autant. ’Tain plus simple, je peux pas là… et ça va encore servir à rien. Et misère…
bonsoir (tient à propos de tard dans la nuit) je me permet une petite intervention qui pour certain se fait sur le tard !! hein le paparazi
c est pas le choc des civilisations que tu va te prendre dans le coin du heu… de la joue, mais plutot le choc de la vérité !!!
avec Dieu rira bien qui rira le dernier prend un autre sens
profite zan bien pendant tout le temps de ta vie de vanité, poursuit le vent en fuyant la vérité.
un article creux comme un estomac après la crise qu on va se manger !
à plus
…."Quant à l’Inquisition, elle ne résume pas à elle toute seule une religion qui a façonné un peuple bâtisseur de cathédrale dont la ferveur religieuse est grande, et visiblement cela vous embarrasse…" ….Bien sûr….écrire "ça" , bien pèpère ,les doigts calés sur le clavier avec une Kronenbourg juste à côté et PRENDRE UN GROS RECUL dans le temps pour "discutailler" de l’INQUISITION , excuse , l’ami , mais ça DEPASSE TOUT ENTENDEMENT !!!
Comment ça : se retrouver sur un Bûcher ou écartelé par 4 chevaux rien que pour avoir "FAIT ALLUSION" à un sujet tabou pour l’époque …Non, mais .. ? ET après "tout ça" , tu oses VANTER les belles réalisations architecturales" sous le règne de l’INQUISITION !!! Toi : je ne te souhaite pas de tomber entre les "mains" des INQUISITEURS du XXI siécle , c’est-à-dire les ISLAMISTES INTEGRISTES !!!Tu ne "causeras" plus de Réalisations Architecturales"….Crois moi !!!!
Comme je l’ai déjà dit, il est aussi stupide de critiquer fanatiquement que de défendre aveuglément. Il ne m’est pas possible de défendre l’Inquisition, pour les atrocités qu’elle a commises aussi bien en Espagne, qu’en Italie ou en Amérique du Sud, cependant, il est vrai qu’on doit au Christianisme nombre d’ouvrages architecturaux, tout comme on en doit à l’Islam ou au Judaïsme, et ne pas le dire sous prétexte qu’on n’aime pas le Christianisme s’apparente à refuser l’Histoire.
Et oui, prendre du recul est nécessaire. La passion si elle est un moteur est également un frein. La passion nuit au jugement et à l’étude, mais si elle peut pousser à cette fameuse étude. C’est un paradoxe à dépasser pour ne pas tomber dans les errements du subjectif (qu’on me reproche souvent mais passons, la démagogie n’a pas de frontières…).
En tout cas je trouve votre critique fort peu constructive et même si je ne suis pas d’accord avec la personne que vous citez…
Je ne suis pas vraiment étonné par cet article.
Quoi qu’on en dise, l’Eglise Catholique reste une institution extrêmement puissante et influente dans nos pays dits "civilisés".
J’aimerais juste apporter une précision quant à la fin du texte. Certes Juifs, Chrétiens et Musulmans cohabitèrent pacifiquement dans le territoire qui aujourd’hui se nomme "Espagne". Mais il est important de noter que ce fut au sein d’une Nation Musulmane, Al-Andalus, et que ce fut la Reconquista (dont on peut d’ailleurs juger le nom incorrect, le territoire espagnol appartenant originellement aux Berbères) Chrétienne (lancée par le Pape sous forme de Croisade) qui mit fin à cette longue période de tolérance.
L’Espagne est née au XVème siècle par le mariage de Ferdinand et Isabelle qui unirent les Royaumes Chrétiens qui avaient alors grignoté peu à peu Al-Andalus. Ils mirent fin aux restes de présence Berbère grâce notamment à Boadbdil qui leur vendit quasiment Grenade. S’ensuivit alors la grande période de l’Inquisition, période qui fut donc la base de création de l’Espagne. On comprend alors mieux les difficultés face à l’Eglise, qui est la source même de l’existence de ce pays, qui a imprégné son passé, son Histoire, sa culture.
Pour ma part je considère que les religions, quelles qu’elles soient, n’ont pas à interférer avec l’existence pratique des individus. La croyance relève de la liberté individuelle, mais associer ces croyances et ces dogmes à un quelconque pouvoir, c’est faire disparaitre cette notion de liberté et de choix. Tout système étatique se devrait d’être athée, en respect des différentes opinions qui composent le peuple qu’il est sensé représenter. Nulle brimade, nul favoritisme, l’égalité.
Désolé, mais vous prenez vos désirs pour la réalité.
Chrétiens, musulmans et juifs n’ont pas "cohabité" aussi pacifiquement que vous le prétendez. D’abord parce que la présence musulmane en Espagne était consécutive à une sanglante conquête militaire. Ensuite, parce qu’en territoire musulman, les chrétiens et les juifs étaient tolérés comme "dihmis", à la conditions qu’ils paient un tribut aux musulmans et qu’ils se montrent discrets dans la pratique de leur religion. Pas vraiment tolérants les musulmans de l’époque.
L’Espagne n’a jamais été un territoire berbère. La péninsule ibèrique était peuplée de celtes, avec une forte influence grecque, carthaginoise et romaine. Le pays a ensuite été envahi par les germains. Les berbères musulmans de Tarik ne sont arrivés qu’en 711, pas avant, et se sont heurté aux wisigoths de Roderic (Rodrigue). Cette conquête militaire n’a jamais été pacifique.
S’il est vrai que l’Espagne est probablement née de l’alliance des royaumes d’Aragon et de Castille, la reconquête avait commencé dès 722 avec la victoire de Covadonga, s’était poursuivie avec la victoire de Las Navas de Tolosa en 1212 et la reconquête du Levant par Jaume Ier d’Aragon quelques années plus tard. Au XIIIème siècle, la présence musulmane se limitait donc au royaume de Grenade.
Quant à l’Inquisition, elle ne résume pas à elle toute seule une religion qui a façonné un peuple bâtisseur de cathédrale dont la ferveur religieuse est grande, et visiblement cela vous embarrasse…
la vie au delà de la mort est un grand mystère, je vous l’accorde. Et si c’était vrai …
Il est tout à fait vrai que même Al-Andalus ne fut pas, du début jusqu’à sa fin, un pays de tolérance où cohabitaient Juifs, Chrétiens et Musulmans. La prise de pouvoir des Almohades fut le début du déclin idéologique. Ils réussirent à renforcer militairement le Califat et à repousser les invasions Chrétiennes, mais au prix d’un durcissement de la politique vis à vis des autres religions et des sciences (à ce propos je recommande le très beau film Averroës de Youssef Chahine, qui n’est nullement subjectif quant à cette période). Néanmoins, il est véridique qu’avant cela la tolérance était ce qui caractérisait le mieux Al-Andalus. Tout autant que l’aveuglement et la vénération, la critique perpétuelle pour tenter de diminuer ce qui fut intelligent est stupide.
Et je maintiens que la nation espagnole (qui donne aujourd’hui le peuple espagnol) est née des manoeuvres de Ferdinand et Isabelle, soutenus par l’Eglise Catholique. On notera d’ailleurs, qu’aujourd’hui, l’Espagne s’est dotée de ce qui est surement l’un des gouvernements les plus novateurs et courageux jamais vu, et que ce gouvernement, sous l’impulsion de Mr. Zapatero, penche vers une Espagne fédérale pour palier aux grandes différences divisant les régions espagnoles.
J’ai bien conscience que l’Inquisition ne résume pas cette religion, mais il est à noter que son pouvoir, qu’elle exercera par la suite dans tout le monde chrétien, est né principalement de sa grande croisade au sein de l’Espagne naissante. On retrouvera ce fanatisme religieux lors des "conquêtes" coloniales des Conquistadors en Amérique du Sud. Je cherche simplement à expliquer qu’une nation fondée sur un tel fanatisme ne peut pas se détacher de l’Eglise en claquant des doigts, et que les mouvements ou actions en faveur de la laïcité en sont d’autant plus courageux.
Je terminerai sur la ferveur religieuse et les constructions que nous devons à cette Eglise, dont vous parlez. Pour le cas de l’Espagne, nombre des grands monuments ne sont pas à mettre à l’actif des Chrétiens, mais bien des Musulmans et des Juifs, puisqu’ils réussirent l’exploit de mêler leurs croyances jusque dans la décoration de bâtiments, bâtiments qui furent ensuite détournés par l’Eglise afin de les associer au Catholicisme.
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