Les Marocains risquent la gueule de bois. Dans ce livre percutant , Nicolas Beau du Canard Enchaîné et Catherine Graciet du Journal Hebdo (tous deux membres du Club Bakchich) mettent à jour les difficultés d’un pays de plus en plus infiltré par l’islamisme mais qui tarde à engager des réformes en profondeur.
« Donnez un jet ski à Mohammed VI et qu’il s’en aille avec à l’autre bout du monde ! Nous ne reconnaissons pas la dimension “Commanderie des croyants” de la monarchie marocaine. Nous n’acceptons pas non plus que le roi concentre tous les pouvoirs entre ses mains. C’est notre droit de le dire et nous sommes prêts à en payer le prix fort. » Nadia Yassine (leader charismatique du mouvement islamiste Justice et Bienfaisance, non reconnu par l’Etat) et ses ouailles ne mâchent pas leurs mots. Et pour cause. Pendant que le roi du Maroc et des clubbeurs fait affréter des Hercule C-130 pour le transport de ces fameux jets ski, les islamistes gagnent du terrain.
Les hebdos parisiens ont beau abreuver de publi-reportages sur les formidables avancées du pays des riads, les notes rapportées par les auteurs sont alarmantes « Deux sondages réalisés par un institut américain courant 2006 et à six mois d’intervalle sont aussi formels que des sondages peuvent l’être : si des élections législatives ont lieu « demain » au Maroc, le PJD (Parti Justice et Développement) remporte la majorité absolue au Parlement. Mieux, il creuse un sacré écart avec les autres partis politiques traditionnels. » Le PJD, parti islamiste légal est jugé par la Direction aux affaires stratégiques (DAS) du ministère français de la Défense, comme bien plus rigoriste et dangereux que Justice et Bienfaisance qui, lui, ne veut rien de moins qu’instaurer… un califat islamiste au Maroc !
Le très lisse conseiller de Sa Majesté, André Azoulay, est un piètre vendeur. Le Maroc a été, par ses entremises, une super assiette au beurre pour un grand nombre d’entreprises françaises dont Accor, Publicis et Vivendi. Les auteurs décrivent ces affaires et les hommes qui ont bradé les joyaux du Maroc. Là où l’intérêt de l’Etat aurait dû être servi, ce sont des ministres, conseillers et autres hauts fonctionnaires qui en ont profité. Ou leur famille. Azoulay, grand cœur, n’a pas laissé son frère en reste dans l’épopée Accor au Maroc. Marcel Azoulay a, grâce à son aîné, trouvé le financement nécessaire pour construire un hôtel à Essaouira, ville natale et chérie de la famille. Chouchou du roi Hassan II, Azoulay avait les coudées franches pour organiser ses petites affaires. Quand, en 1997, certains essayent de protester face au scandale Publicis (énorme contrat, énormes factures), ils sont limogés. Les amis du conseiller remplacent les rebelles. Le bouquin a l’énorme avantage d’aborder plusieurs affaires passées sous silence par la presse marocaine et française tant elles impliquent une bonne partie de la classe dirigeante marocaine. On retrouve dans ce crapuloscope notre conseiller et d’autres indéboulonnables : Mejidi, Laraki, les Azeroual ou l’inénarrable Mourad Chérif.
L’enquête menée par les auteurs dans les milieux islamistes est passionnante et dézingue bien des préjugés. L’ouvrage nous plonge dans une réalité bien plus complexe que celle du barbu poseur de bombes. On y découvre des militants islamistes surdiplômés, très politisés qui veulent en découdre avec la monarchie et le vieux makhzen. Il y a aussi le PJD, parti au système bien huilé qui tire son épingle d’un jeu politique faussé par la corruption et la déliquescence des partis traditionnels. « La marmite marocaine a commencé à bouillir. Et à grosses bulles. »
La fièvre religieuse qui s’est emparée du pays s’est principalement nourrie de la misère qui accable toujours la population. Et les auteurs de nous exposer, sur les bases du rapport McKinsey, passé inaperçu, une situation catastrophique. Le Maroc peine à se développer économiquement et les élites continuent leurs petites affaires qui on déjà beaucoup coûté au royaume. « Le royaume serait « en mouvement », comme le prétendent les propagandistes du régime ? Sans doute, mais la pente l’entraîne plus vers le bas que vers les cimes de la croissance et du développement durable. »
Malgré de nombreux avertissements, certains s’échinent encore à croire que le Maroc est devenu la Californie de l’Europe et que les Cassandres ne sont qu’une bande d’ « écervelés, journalistes au Monde ou au Canard enchaîné, ou d’altermondialistes en rupture de ban ». Ce livre est un excellent antidote à recommander à tous ces songe-creux marocains et occidentaux qui continuent de tresser des lauriers à un roi qui a tôt fait de s’endormir dessus.
Les auteurs, d’une enquête l’autre, nous entraînent dans l’envers marocain ; ce ne sont plus des riads et des plages mais des réunions d’adhérentes de Justice et Bienveillance que rapportent leurs visions. Les bazars laissent place à des conseillers qui bradent les entreprises nationales en s’en mettant plein les poches et les marocains, « si gentils », descendent de plus en plus souvent dans les rues pour réclamer du pain.
Le roi des pauvres qui éprouve une aversion quasi physique à l’égard des barbus doit à tout pris se ressaisir s’il veut éviter de les voir lui souffler son trône.
Voir les extraits du livre en ligne : Les barbus à l’assaut du Makhzen
bonjour tout le monde. je ne porte pas les islamistes dans le coeur mais je crois quil faut faire la part des choses . Je vous envoie un extrait du livre de nadia yassine qui m’en bouche un coin malgré tout. elle na pas la alngue dans la poche par rapport aux droits des femmes ; peut etre qu il se passe des choses sous ;; ;le voile
"Questionnement
De plus en plus se pose la question essentielle de savoir si ce sont les textes originels, en l’occurrence le Coran et la Sounna qui cautionnent l’infériorisation des femmes ? Ou bien est-ce justement notre éloignement de ces sources qui a fait que cette infériorité évidente soit mise sur le compte de l’Islam ?
Dès que l’on se débarrasse des carcans idéologiques fabriqués par des siècles de jurisprudences cumulées et hétéroclites et que nous nous ressourçons directement dans les enseignements du Prophète de l’Islam ; il nous apparaît clairement que la dynamique qui était inhérente à son enseignement a été doucement mais sûrement occultée. On découvre aisément qu’on s’est éloigné de l’esprit des lois islamiques, et que cela est dû à plusieurs causes qui se relient forcément mais que nous dégagerons et caricaturerons dans un souci démonstratif :
1°) La rupture politique représentée par le coup d’état ommeyade a inhibé la dynamique de libération instaurée par l’enseignement du Messager.
2°) les schismes dus à la rupture politique affaiblirent encore plus cette dynamique, dispersèrent les forces vives de la oumma et passèrent au tout dernier plan toute réflexion exhaustive sur le statut tout nouvellement conquis par la femme au temps du Prophète Mohammad.
3°) l’ijtihad, cette force vive et contestatrice recherchant la meilleure et la plus adéquate des solutions pour sauvegarder l’esprit de la loi s’est transformé petit à petit en une lutte contre le pis-aller pour s’étioler complètement et disparaître laissant place au taqlid « le littéralisme conformiste ». De la lumière de l’ijtihad nécessaire on passe à une interminable nuit de sclérose intellectuelle et spirituelle inévitable dont la femme paie très cher la facture. Au lieu de jouir des droits attribués par les textes originels, elle se retrouva prisonnière de la jurisprudence basée sur « sad addarai » (qu’on peut traduire littéralement par jurisprudence « bouche-trou ».)
4°) la résurgence de pratiques tribales maquillées consciemment ou inconsciemment par une certaine jurisprudence afin de les légitimer.
5°) l’expansion de l’Islam entraîna deux phénomènes majeurs liés :
Elle retarda la dynamique initiée par le Coran de l’abolition de l’esclavage.
Ce qui accentua la tendance à la claustration des femmes musulmanes pour souligner leur distinction des femmes esclaves et de basse condition : enfermer la femme pour mieux la protéger. Telle était la devi"
Nadia Yassine, vient d’adresser le 15 juin 2005, à nos confrères de "oumma.com", le texte intégral du discours qu’elle comptait présenter au Forum Social Méditerranéen, organisé par l’association catalane Sodepau, et auquel, elle n’a pas pu participer en raison de son interdiction de quitter le territoire, suite à sa poursuite pour "atteinte au régime monarchique".
« Interpellée dans la salle d’embarquement, j’ai été empêchée à la dernière minute de quitter le territoire. On dit que j’ai provoqué le Roi ; en fait j’ai défié le mensonge Makhzenien » affirme la fille du Cheikh Yassine, en ajoutant que le Makhzen est un terme marocain qui veut dire « épicerie », qui, selon elle « ne mérite pas cette appellation et opte pour des bilans à la petite semaine ».
Nadia Yassine rappelle son procès qui aura lieu le 28 juin, alors qu’elle est encore en verdict qui lui a valu 04 mois de sursis, et déclare que tous les démocrates marocains sont en « voie de disparition ». Ces derniers « sont en émoi », et « m’ont soutenue dans le sens du droit à la liberté d’expression » affirme Nadia Yassine.
L’accusée d’atteinte au régime monarchique regrette de ne pas avoir assisté à une telle manifestation et ce, pour deux raisons, principales à savoir : sa volonté de faire part d’un événement oeuvrant pour l’humanisation de l’avenir et la solidarité entre les bonnes volontés, ainsi que son désir de rendre hommage et applaudir les efforts de Sodepau, en matière de démocratisation.
La dite intervention pose un ensemble d’interrogations auxquelles Mme Yassine tente de répondre. Ainsi elle y présente le mouvement Justice et Spiritualité, afin de décortiquer la définition communément admise, selon laquelle il s’agit d’ « un mouvement politique, islamiste et on nous rajoute souvent extrémiste » mentionne l’expéditrice de la lettre qui qualifie le fait d’associer l’islamisme au terrorisme, d’acte aux antipodes du référentiel islamique, s’inscrivant dans le cadre d’un « manichéisme qui compromet à jamais tout espoir de dialogue ». Politiquement parlons, le mouvement en question fonde ses principes autour de 3 non, à savoir : « Non à la violence, Non à la clandestinité et Non au financement extérieur ».