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Andorre au bois dormant

mercredi 2 mai 2007 par Laurent Léger
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Le prochain président élu à l’Élysée aura, personne ne l’a souligné, une double casquette. Façon de parler : Sarko ou Ségo, une fois intronisé(e) en grande pompe dans les habits du nouveau chef de l’État, recevra en fait une couronne… le titre ronflant de co-prince d’Andorre. Depuis que sa constitution a été adoptée en 1991, cette « principauté de supermarchés », comme on surnomme ce pays confetti de 465 km2 à cause de la spécialité locale, la vente de produits détaxés, a confié la charge de l’exécutif à deux co-princes, dont le chef d’État français. C’est probablement la seule nation - de 71 000 ouailles seulement, dont une petite minorité détient la nationalité andorrane - sur la planète à avoir confié sa couronne à des étrangers : les deux co-princes sont le président de la République française et un évêque espagnol, l’évêque d’Urgel. De famille princière régnante, nenni. Il n’y en a pas à Andorre.

Princesse François - JPG - 36.3 ko
Princesse François
© GB

Avec le second tour de la présidentielle, Andorre se prépare donc à une nouvelle ère. Jacques Chirac, qui était depuis son élection en 1995 co-prince andorran, ne tarissait pas d’éloge, en septembre 2005, quand il reçut à l’Élysée les ambassadeurs accrédités en Andorre : « Cet étonnant petit coin incarne l’une des plus belles traditions de l’aventure humaine. Il y a maintenant sept cent vingt deux ans qu’Andorre connaît un statut équilibré et conduit imperturbablement une politique de sagesse qui consiste à respecter les autres et à se faire respecter ». Après lui viendra le co-prince Nicolas Sarkozy ou la co-princesse Ségolène Royal, au nom si prédestiné… Dans cette démocratie parlementaire, indépendante depuis 1278 mais qui n’appartient toujours pas à l’Union européenne, où le divorce a été admis en 1995 et où les syndicats sont mal vus, la tradition veut que le co-prince soit représenté par l’un de ses… seigneurs. Chirac avait donc choisi en juillet 2002 Philippe Massoni, l’ancien préfet de police nommé à son cabinet rue du faubourg Saint-Honoré en novembre 2001 en tant que secrétaire général du Conseil de sécurité intérieur, pour le remplacer de temps à autre sur son trône de co-prince. Massoni perd en quittant l’Élysée l’un des plus beaux fromages de la République. Rassurez-vous, Andorranes et Andorrans : le trône ne devrait pas rester longtemps inoccupé.


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