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Vittorio de Filippis déraille ?

lundi 1er décembre 2008 par Sébastien Fontenelle
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Le big boss de Libération (poils (de barbiche) au menton), Laurent Joffrin, n’est pas content : un salarié de son quotidien burlesque, Vittorio de Filippis, a été quelque peu rudoyé par des keufs de la Seine-Saint-Denis.

Ces appliqués fonctionnaires lui ont (notamment) dit comme ça qu’il était "pire que la racaille" [1], et ça énerve aussi Le Monde, qui n’aime pas (non plus) que des journaleux soient traités comme de vulgaires capucheux des faubourgs, et qui s’offusque : "Cela se passe en France, au petit matin" [2].

Ben ouais, ma couille : ça se passe en France au petit matin, ça se passe en France à midi, et ça se passe en France aux grands soirs de la réaction, fifille (à sa mémère) de la restauration du mois de mai 2007.

Je suis toujours ému, quand des gens-de-médias réalisent que la fonction publique sécuritaire n’émolume pas seulement des humanistes raffinés ; qu’elle a (quelle surprise), dans ses rangs, des voltigeurs un peu râpeux - à qui l’exemple fut, c’est vrai, donné d’en haut, quand Nini VRP fit à une mémé d’Argenteuil la promesse de kärchériser "la racaille", précisément.

(Faut pas non plus trop s’étonner, quand le boss de l’État français donne dans la coquette saillie, que baisse le niveau général de la civilité.)

Dans la vraie vie, c’est tous les jours que des gens qui ne sont pas (du tout) les copains de Joffrin expérimentent les rigueurs du tout-sécuritaire, dans les angles tranchants des cités exilées au large du business [3].

Dans le cas de Filippis, la Société civile des personnels de Libération (SCPL), "dénonçant la brutalité des policiers", demande "qu’une enquête soit ouverte sur ces méthodes" : manifestement, ces mecs-là n’ont pas (du tout) compris que ces temps-ci la droite régimaire envoie plutôt à sa police, comme je te disais l’autre fois, de forts signaux d’impunité.

Ainsi, comme tu sais (ou comme d’ailleurs tu ne sais pas, vu que le moins qu’on puisse dire est que la presse ne l’a que (très) mollement répercuté) : "Deux policiers soupçonnés d’avoir porté des coups sur un homme de 20 ans menotté, lors d’une interpellation le 14 octobre à Montfermeil (Seine-Saint-Denis), filmée par un témoin, ont été réintégrés dans la police le 7 novembre".

Mais là, que l’on sache : Laurent Joffrin ne s’est pas spécialement offusqué.

Ainsi aussi, des jeunes gens sont restés "menottés dix heures dans une salle de bain", quand il y a quinze jours le Barnum sécuritaire a fait son numéro anti-Oussama en Corrèze.

C’est une honte absolue, mais cette fois-là, remember, Laurent Joffrin, suçant de près la roue des keufs, préféra hurler que :

Alors moi, n’est-ce pas, je suis bien désolé pour Filippis.

Mais sa mésaventure nous éclaire d’abord sur la sommitale clownerie de la presse à poils au menton.

[1] Ça aide à se faire une idée un peu affinée du traitement qu’ils doivent réserver à ladite…

[2] Naturellement, le P"S" et l’UMP s’indignent aussi : tant qu’à se foutre de la gueule du monde, le mieux est encore d’y aller franchement.

[3] Comme disait l’autre.


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26 MESSAGES
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Forum

  • Vittorio de Filippis déraille ?
    le vendredi 5 décembre 2008 à 21:33, Aïcha Kalimate a dit :

    Je suis une journaliste marocain de ce qui reste de la presse indépendante marocaine.

    Je voudrais juste signaler qu’il y a deux ou trois ans l’hebdomadaire de Casablanca "Le Journal" avait publié une info qui racontait comment un certain Laurent Joffrin, officiant alors chez Le Nouvel Obs, mijotait à ses amis du Palais Royal (c’est-à-dire le con-seiller royal André Azoulay) de savants conseils sur la manière façon de réduire la presse indépendante marocaine. C’était inouï ! Sa méthode consistait à nous faire taire avec des procès et de grosses amendes.

    Une méthode qui est devenue la régle aujourd’hui au Royaume.

    Je voudrais signaler que José Garçon, une ex de Libération qui s’était spécialisée dans les articles laudateurs sur une certaine Algérie et le FFS de Hocine Aït Ahmed, travaille aujourd’hui au Maroc, à Casablanca, dans le plus officiel des hebdomadaires marocains.

    Merci qui ?

  • Vittorio de Filippis déraille ?
    le mercredi 3 décembre 2008 à 18:18, le bateleur a dit :

    Un sujet de philo, de quoi tenir une paire d’heures une classe de terminale de zup :

    "La peine infligée par la justice des hommes est elle la même pour un chômeur sans domicile fixe et pour un cadre de haut vol ? "

    Assez facilement, ces jeunes qui n’ont rien à perdre, seraient bien obligé de reconnaître que par exemple une peine de prison n’a pas la même valeur pour l’un des leurs que pour un "fils de".

    D’où la nécessité de protéger par tous les moyens ces "fils de", y compris des rigueurs de la loi.

    Un développement pourrait également être fait dans le but de montrer qu’une peine peut alors toucher le père à travers la faute du fils.

    Et quand ce père occupe une place qui fait de lui une icône du pays, tout entreprendre pour que rien ne l’atteigne, autorise alors de façon évidente, l’usage de "la raison d’Etat", de façon directe ou discrète.)

    Quand un gendarme met le nez sous une tente, extrait celui qui y dormait la peine est bien moins grande que lorsqu’on pénètre sans prévenir dans une maison où un père de famille passe la soirée avec ses enfants ou quand celui-ci se fait traiter de racaille devant eux.

    Qu’est la fouille d’un déguenillé à côté de celle des gens de bien, que rien n’a jamais préparé à mettre le pantalon à bas, à être palpé comme si l’on avait la galle ou un mini-exocet entre les fesses ?

    Pour l’un dont la démarche est souvent hésitante, la menotte est presque une aide, pour l’autre elle est la marque d’une déchéance.

    Pour le premier, un peu de brutalité lui confirme qu’il appartient toujours au monde des vivants et que d’autres hommes se préoccupent encore de lui, pour l’autre c’est quasiment un viol.

    Voilà pourquoi il est indispensable, bien plus qu’en de plus banales occasions (jeunes, SDF, sans papiers, marginaux …) de se révolter de ce qu’un journaliste et non des moindres, ait pu ainsi été pris … pour ce que de façon évidente, il n’est pas.

    Nous devons d’ailleurs saluer la réaction du mari de Carla Bruni ( patron de François Fillon) qui a immédiatement rappelé son souhait de dépénaliser les délits de presse (il veut également le faire pour le droit des affaires).

    Oui,

    un bien beau sujet de philo, avec pour une fois, une thèse qui l’emporterait nettement, pour le bien de tous et de notre belle démocratie

    et qui pourrait aider à légitimer une fin heureuse

    dans cette malheureuse affaire de monsieur Filippis.

    • Vittorio de Filippis déraille ?
      le dimanche 21 décembre 2008 à 17:45, Jacques Montane a dit :
      Cher indigné,permets à un vieux prof retraité de te rappeler que rien de nouveau sous le soleil et que tout est déjà dans les livres(tu sais ces machins démodés que les gamins trouvent moins intéressants que la star ac et autres):ce vieux pote de Lafontaine nous expliquait dans les animaux malades de la peste"suivant que vous serez puissant ou misérable,les jugements de cour vous feront blanc ou noir",Arthur Koestler dans" un testament espagnol "découvrait après avoir été arrêté par les franquistes qu’il n’y avait pas de comité contre les passages à tabac parce que les comités étaient constitués par d’"honnêtes gens"et que ,eux,on ne les passait pas à tabac,d’où l’indignation quand ça se produit.Quand à Victor Hugo,il devient urgent de relire ses propos sur" Napoléon le petit"(comme si l’autre,le premier avait été grand).Aussi,courage,l’aube est encore loin.
  • Vittorio de Filippis déraille ?
    le mardi 2 décembre 2008 à 14:25, christophe colinet a dit :

    Allez, poussons le bouchon deux plops plus loin :

    Derrière tout ça, qui veut la peu de Xavier Niel et pourquoi ?

    Une affaire d’Etat ou un banal fait divers ? Un ex-directeur de la publication de Libération se fait interroger quelques heures, les vièrges de la bien-pensance bobo s’effarouchent et découvrent ce que le Français de la base subit chaque jour. Et derrière, un coup médiatique ahurissant…

    Il a eu le malheur de faire dans le porno pour débuter, histoire de faire rentrer des fonds. Un peu comme le modèle économique de Canal +, mais ça, y’a jamais eu de procès. " Une erreur de jeunesse ", plaidait en 2006 Xavier Niel, sur une affaire vieille de 15 ans. Il est revenu de tout ça, d’un passé que l’interessé a su dépasser pour développer mieux que quiconque l’accès à internet. Libre. C’était probablement sa rédemption. Il a payé.

    Mais dans ces sphères politico-médiatiques du billard à bandes multiples, on n’a jamais fini de payer.

    Comme beaucoup de citoyens " propres ", comme beaucoup d’ex-taulards nettoyés parce qu’ils ont purgé leur peine, il a défendu son honneur, attaquant ceux qui voulaient encore le salir. Certes, quand on a fait des choses sales, c’est mal, mais quand on a passé un mois en préventive, écopé de deux ans avec sursis et de 250.000 € d’amende, n’a-t-on pas réglé les comptes ?

    Non. Parce que les concurrents, en face, qui vous font payer le prix fort, savent distiller les scandales à la presse. Et ça se disperse aujourd’hui encore plus facilement quand c’est la presse en ligne, avec beaucoup de jeunes plumes à qui les vieux soixante-huitards lâchent la bride, sans rien transmettre du métier, parce que " c’est fun, ces jeunes qui se lâchent ".

    Le directeur de la publication reste responsable de ce qui est publié, même immatériellement, en ligne. Mais cette génération-là n’est pas au clair sur la valeur de l’écran par rapport à celle de l’imprimé.

    Et puis cette génération-là ne vit pas - ou plus - dans la France d’en bas, où on passe en garde à vue pour le moindre traficotage de clopinettes. Alors forcément, les keufs qui débarquent à la fraîche, on sait pas gérer.

    Et disons les choses comme elles sont : la fouille au corps, pour ces gens qui l’ignorent - pourtant dans la presse, on ne doit rien ignorer - ça va jusqu’au plus profond de l’intimité rectale. C’est comme ça, le code de procédure pénale.

    Cette affaire ne sent vraiment pas bon.

    Moi - journaliste - refuse de cautionner ce procès d’une " atteinte à la liberté de la presse ", parce qu’il s’agit d’une atteinte, par un organe de presse, aux droits élémentaires d’un citoyen qui oeuvre par ailleurs à l’accès des citoyens à l’information sur internet.

    Et si la terrre ne tourne pas sur elle-même, autour du soleil, je ne suis qu’un hérétique.

    - - - http://www.ilv-experience.net/blog/index.php/2008/12/01/129-qui-veut-la-peau-de-xavier-niel-et-pourquoi

  • Vittorio de Filippis déraille ?
    le mardi 2 décembre 2008 à 12:14, GAUTIER Gérard a dit :

    SOLIDARITE… SOLIDE HILARITE…

    Je venais de faire parvenir à Libération le message ci-dessous lorsque j’ai découvert le « coup de boule » de Sébastien Fontenelle que j’ai, au demeurant, beaucoup apprécié, concernant l’interpellation de Vittorio de Filippis.

    « Je voudrais, en ces temps où la liberté s’ébrèche en ce beau Pays de France qui se targue d’en être le berceau, vous faire partager ces mots dont ils me semble qu’ils aient été dits (à vérifier) par Max Jacob, peu avant son arrestation et son départ pour Drancy :

    « La Liberté c’est quand on sonne à la porte à l’heure du laitier et que c’est bien le laitier ! »

    Je serais très heureux de voir les médias, en général, réagir lorsque des faits identiques se produisent au détriment d’humbles inconnus n’appartenant pas au monde médiatisé.

    Solidairement vôtre.

    Je suis de ceux qui font le constat amère que nous sommes entrés dans un monde larvaire ou, le plus souvent, le bon Peuple, auquel j’appartiens et dont font également partie, outre les journalistes, tous les professionnels, quelle que soit leur corporation, détournent le plus souvent la tête quand ils ne sont pas directement concernés dans leurs propres petits intérêts. Sans aucun esprit de solidarité.

    Cela m’amène à citer ce beau poème du Pasteur Martin Niemöler, écrit en 1942 à Dachau. Je n’ai rien dit…

    Quand ils sont venus chercher les communistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas communiste.

    Quand ils sont venus chercher les syndicalistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas syndicaliste. Quand ils sont venus chercher les juifs, je n’ai rien dit, je n’étais pas juif.

    Quand ils sont venus chercher les catholiques, je n’ai rien dit je n’étais pas catholique.

    Puis ils sont venus me chercher. Et il ne restait personne pour dire quelque chose.

    Il ne se passe pas une journée sans que nous ne soyons interpellés - pas comme Vittorio de Filippis - par des faits révoltants, des abus de position dominante, des atteintes à la dignité humaine. Des injustices. Notre Société glisse doucement vers un régime autoritaire, policé.

    Sur le fronton de mon site il est écrit : " Etre résistant en temps de paix pour ne jamais être un ancien combattant. "

    Il appartient à chaque citoyen de résister, d’être "Au milieu des choses" In media res … de ne jamais être indifférent et surtout, de ne pas avoir une "conscience à géométrie variable"

    Quant aux professionnels des médias il y a pire pour eux que la censure…. C’est « l’auto-censure ! » En disant cela, solide hilarité, je ris jaune !

    Gérard GAUTIER ancien conseiller régional de Bretagne président association blanc c’est exprime

  • Vittorio de Filippis déraille ?
    le mardi 2 décembre 2008 à 00:06, Breakmyheart a dit :
    Voilà un article qui cartone et qui remet les choses dans l’ordre ! Après cette "affaire", Libé retournera tranquille dans sa niche faire coucouche, comme dab ! En fait, rien de bien grave, juste un petit sursaut dans la vraie vie, ne vous inquiétez pas le sommeil revient vite !
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