Idée européenne venue de la très officiele commission, désormais on pourra mélanger le rouge au blanc pour obtenir du rosé.
Tempête dans un verre de vin pour les uns, vraie menace pour le « patrimoine viticole » français pour les autres, le vote à Bruxelles, en janvier dernier, d’une directive autorisant le mélange de vin blanc et de vin rouge pour faire du rosé a soulevé une levée de poings chez les amateurs puristes et les vignerons de Provence. Un député UMP d’Anjou a même expédié une bouteille de pinard, de « vrai rosé », aux technocrates de la Commission. Mais, en réalité, la nouvelle n’a guère ému la grande masse des consommateurs qui ignoraient jusque là comment était fait le rosé.
Petit tout d’horizon de la planète rose que nous sommes allés explorer.
« Il faut qu’on arrête avec ces histoires. Ce n’est pas parce qu’on va mélanger du rouge et du blanc pour faire du rosé que la terre va s’arrêter de tourner. On ferait mieux d’éliminer tous les mauvais vins indignes de porter des noms d’appellation plutôt que de s’affoler pour une mesure marginale ».
Jean-Pierre Rousseau, négociant en vin à Bordeaux, qui passe son temps à déguster des vins de toutes provenances en a assez de trouver des vins médiocres qui ne indignent de porter des noms d’appellations mais devraient être classés en vins de table ou envoyés directement à la vinaigrerie. Alors la vague d’indignation qu’a soulevé la directive européenne autorisant le mélange du blanc et du rouge pour faire du rosé, l’énerve un peu.
Bien sûr, ce n’est pas l’avis de François Millo, directeur du Conseil interprofessionnel des vins de Provence, principale région française productrice de vin rosé : « Si l’économie du rosé est touchée, ce seront plusieurs dizaines de milliers d’emplois qui seront menacés, ce serait un revers terrible alors que la consommation de rosé se développe depuis dix ans »
Quel parti choisir ? En fait, comme toujours, les premiers intéressés se mobilisent après la bataille. L’autorisation de coupage pour faire du rosé fait partie d’un ensemble de dispositions viticoles adoptées par Bruxelles fin 2007 et que le représentant de la France avait approuvées.
Alors il y pas mal d’hypocrisie dans l’air quand le ministre de l’Agriculture Michel Barnier dit qu’il a fait part de sa « préoccupation » auprès de la Commission européenne. Il faut dire que son collègue Hubert Falco, secrétaire d’Etat chargé de l’Aménagement du territoire et maire UMP de Toulon est monté sur son grand cheval pour défendre une boisson dont le Var, son département, est gros producteur.
La vérité est que toute cette affaire est très exagérée. Si l’on peut comprendre les vignerons qui ont fait de gros efforts ces quinze dernières années pour faire du rosé un « vrai vin » et pas seulement une bibine de pique-nique, la mesure adoptée à Bruxelles ne concerne que les « vins de table », c’est-à-dire moins de 10% des rosés produits en France. Les rosés d’appellation contrôlée et les vins de pays qui constituent 90 % de la production ne sont pas concernés par cette pratique du coupage. Et puis, personne ne s’est jamais ému du fait que le champagne rosé soit depuis toujours élaboré avec un mélange de vin blanc et de vin rouge !
En fait ce mini scandale révèle surtout une méconnaissance du public sur l’art de faire du bon rosé. Pour faire simple, il existe deux méthodes. La première consiste à presser directement des raisins rouges avec des raisins blancs. En s’écrasant, leur jus libère un peu les anthocyanes, ces substances qui colorent la peau du raisin et qui colorent aussi le jus coulant du pressoir. L’autre méthode ? On fait couler d’une cuve ou macèrent des raisins rouges le jus du début de fermentation. On appelle ça la saignée. Elle permet de faire non seulement de bons rosés, mais aussi, et par rebond, des rouges plus concentrés puisqu’en éliminant du jus, la proportion de peau de raisin qui macère se retrouve ainsi plus élevée.
En France, les grosses régions productrices de rosé sont celles du midi : Provence, basse vallée du Rhône, Roussillon, Languedoc, Corse. Mais on en fait aussi dans les autres régions : surtout en pays de Loire ainsi qu’à Bordeaux, et jusque dans la région de Toul où le rosé prend le nom de « gris ».
Vins de soif, près de 80 % des rosés se boivent l’été et il est prouvé que leur consommation est directement corrélée à la météo. Certains d’entre eux sont cependant de vrais vins de gastronomie, que l’on peut boire toute l’année, sur des accords mets et vins parfois inattendus.
Bordelais
Château Coursou, bordeaux rosé 2008.
Issu de l’agriculture biologique, ce rosé 100 % merlot est très fruité, avec un côté fraise et groseille aussi sympa que son prix : 4,50€. Château Coursou, 33890 Pessac-sur-Dordogne. Tel 05 57 47 40 27, helene.dupas@wanadoo.fr
Château de Piote, crémant de Bordeaux rosé
Au nord de Bordeaux, aux confins de la Charente Maritime, cette propriété produit un bon crémant, mousseux et fruité à souhait, moitié cabernet sauvignon, moitié malbec. Une curiosité sympathique : 7€ prix départ Château de Piote, 26, rue de Piote, 33240-Aubie Espessas. Tél. : 0557439610, www.chateaudepiote.fr
Provence
Domaine de Lauzade côtes de Provence 2008
Brillant et pâle d’aspect est issu d’un assemblage de cépages méridionaux : grenache, syrah, cinsault et carignan. A la fois nerveux et fruité, recommandé pour l’apéro 5,20 € prix départ.
Domaine de Val d’Arenc bandol 2007
On monte en qualité, avec une bouche longue, complexe et un excellent rapport qualité prix : 7,30€ prix départ. Domaine de Seneclauze (pour les deux vins) Z.I. Saint Mitre-13681 Aubagne, Tle 04 42 03 34 23, juliaseneclauze@hotmail.com
Château Mentone, cuvée Trilogie 2008
Un Côtes de Provence puissant et vineux à base de cinsault, de carignan et de grenache. Idéal pour les grillades. 8€ Château Mentone, 83510-St-Antoine-du-Var. Tél. 04 94 04 42 00, www.chateaumentone.com
Château Roubine, cuvée classique 2008
Ce fameux vin des Côtes de Provence, est un vrai vin de gastronomie, un régal plein de force, minéral dans son expression, qui peut se bonifier sur 5 ans. Autour de 15€. Château Roubine, RD 562- 83510-Lorgues, Tél. : 04 94 85 94 94,
Pays de Loire
Domaine Patrick Barc, Chinon rosé 2008
Issu à 100% de cabernet-franc, le cépage « breton » cher à Rabelais, ce bon vin plein de sève et de fruit se marierait bien avec un poulet au curry ou une paella. 4,90€ La Croix Marie- 37500 Rivière, Tel. : 02 47 93 99 45, www.vinsduclosdelacroixmarie.com
Domaine Rémy Cosson, Touraine Noble Joué 2008
Produit de manière confidentielle aux portes de Tours, le Noble Joué est un vin délicat issu de pinot noir, pinot meunier et pinot gris. C’est un vin à boire bien frais, très fruité, idéal sur des petites tartines de rillettes à l’apéritif. 4,80€ Rémy Cosson – La Hardellière, 37320 Esvre, Tél. : 02 47 65 70 63.
La Ferme de la Sansonnière, Anjou, Rosé d’un Jour 2008
Mark Angeli est un déjanté de la biodynamique qui s’affirme « paysan » tout autant que vigneron. C’est lui qui produit le fameux « Lune », un blanc d’exception que l’on ne peut donc comparer à rien d’autre, cette « Lune » est en fait un martien dans le royaume de la bouteille. Son « Rosé d’un Jour » réconcilie avec cette terre d’Anjou qui, à force de faire pisser ses vignes, historiques, de rosée a fini par faire fuir l’amateur. 10€ Mark Angeli - Ferme de la Sansonnière, 49380 Thouarcé, tel : 0241540808
Natif de La Ciotat et connaissant tous les vins d’appellation de Bandol mieux que ma poche, je suis stupéfait de cet hommage à un Val d’Arenc qui n’a aucun "type" et, honnêtement, vraiment peu de personnalité…Ni bon ni mauvais, "bien fait", il boxe dans la catégorie "banalité pour la communion du petit". Est-ce une qualité ?
En Bandol, on peut légitimement préférer le rude Gros-Noré (bien qu’inégal selon les années), le très aromatique Pey-Neuf ou, pour rester dans des prix modestes, le Cagueloup. Et pour les rosés de Provence, pensez au Minuty, au Galoupet, aux rosés de l’appellation Palette.
Votre description des deux méthodes (la première est étrange !) me laisse également rêveur : dans votre technique on ne refroidit jamais ????Allons, allons, le mélange raisins blancs - raisins rouges, vous avez trouvé ça où ? Vous avez étudié la question dans une coopérative languedocienne, ou quoi ? Révisons l’opposition goutte-saignée, svp.
Cela dit, ce que vous dites sur la portée minime de la décision de bruxelles est vrai - pour le moment. L’expérience (pensez au chocolat, à la pasteurisation …) laisse redouter qu’on aille bientot plus loin que les "vins de table" !
"Si l’on peut comprendre les vignerons qui ont fait de gros efforts ces quinze dernières années pour faire du rosé un « vrai vin » et pas seulement une bibine de pique-nique"
ah ben franchement ces dernieres années, je n avais pas remarqué. Idem pour les rouges d ailleurs. Pas hors de prix, j entends.
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