Les législatives à la principauté, c’est encore plus rigolo qu’en France.
Dans la charmante principauté d’opérette que représente Monaco, la politique est digne d’un soap-opéra. À la tête du pays, Albert a profité de ses vacances en Russie pour pêcher avec Poutine et ramener dans ses bagages un cadeau original (quoiqu’un peu encombrant) : deux belles otaries en chair et en os. Pendant ce temps, l’un de ses sujets, Marc Giacone, attend de savoir si oui ou non il va être embastillé dans les geôles monégasques. En août, le parquet, très courroucé, a requis 6 mois de prison contre cet organiste adorateur de Charlie hebdo pour offense au chef de l’Etat (cf. Les mauvais traits du royaume).
Son crime ? S’être moqué, via un site internet, Monaco Politic Circus, du fils de Rainier ainsi que de personnalités en place, en les affublant d’un nez rouge de clown. Pourtant, le musicien, qui a d’ailleurs perdu son job entre temps à cause de cette blague de potache, a de quoi persifler. À 6 mois des législatives – les élections nationales sont prévues pour le 3 février 2008 –, les politiques se déchaînent.
Leur objectif : devenir calife à la place du calife et endosser le costard de président du conseil national, le parlement local. Tout le monde veut déboulonner le président en place, élu en 2003, Stéphane Valeri, répondant au doux sobriquet de « moumoute », et qui traîne depuis quelque mois, une triple inculpation. La justice monégasque lui reproche en effet d’avoir embauché, sur les deniers publics, son gourou, Gérard Bertrand dit « Ulysse », en tant que consultant en ressources humaines dans des conditions financières et administratives douteuses. De quoi réjouir ses opposants qui le détestent prodigieusement et qui concoctent tour à tour des stratégies d’alliances.
Un passage obligé. Car dans ce village de 30 000 péquins, chacun a son parti. Aujourd’hui, l’Etat confetti de 2 km2 et de 6000 votants compte pas moins de sept formations politiques. Des formations, toutes « principistes », qui obéissent au même leitmotiv : la préférence nationale en matière d’emploi et de logement…
Forcément, difficile d’avoir des partis gauchisants dans un pays où la photo du prince est affichée au mur de toutes les boutiques, où le catholicisme est religion d’État et où l’adultère et l’avortement thérapeutique sont encore passibles d’amende voire de prison. Sans oublier qu’à Monaco, à la grande joie du patronat, on peut encore licencier un salarié sans motif. Bref, une démocratie sympa, non ?