Vendredi Reda Sadki, militant de la lutte conte le Sida, répondait devant le juge aux accusations de diffamation de l’association Sidaction et de son président Pierre Bergé. Compte-rendu.
Vendredi dernier, Reda Sadki, fondateur de l’association le Comité des familles pour survivre au Sida, a comparu devant la 17ème chambre correctionnelle du Palais de Justice de Paris. L’association Ensemble contre le sida – Sidaction et Pierre Bergé, son président, le poursuivaient pour diffamation.
« Un canular » selon Reda Sadki. Un « acte attentatoire à l’honneur et à la considération » de Pierre Bergé et de son association, selon l’accusation. C’est en ces termes que les deux parties se sont affrontées vendredi dernier. Au cœur de la discorde, un communiqué publié sur internet en avril 2005 annonçant la dissolution d’Ensemble contre le Sida (ECS). Pour l’intéressé, ce n’était qu’un poisson d’avril. D’ailleurs il était daté du 1er de ce mois. Mais la blague n’est pas du goût d’ECS. Selon l’association, Reda Sadki s’acharne à ternir l’image du Sidaction et utilise pour ça des « méthodes inacceptables ».
Il faut dire que depuis quelques années Reda Sadki ne lésine pas sur les phrases chocs et les pics à l’égard de l’action de Pierre Bergé et d’ECS. Son plan d’attaque ? Rappeler en permanence l’existence du rapport de la Cour des Comptes publié en décembre 2000. Plusieurs associations partenaires du Sidaction y étaient épinglées pour « manque de vigilance dans le maniement des fonds », « dysfonctionnements graves » et « détournements » comme le racontait Bakchich ici. Un texte dont l’interprétation est au cœur de la bataille judiciaire que se livre les deux parties. Pour Reda Sadki, ce rapport, même s’il se réfère aux années 1994/1996, prouve le manque de sérieux du Sidaction. Pour ECS, il ne vise pas directement l’association et fait référence à une période révolue.
A la barre, Reda Sadki a tenté de démontrer que son communiqué n’était qu’un canular. Des arguments balayés par l’accusation et le procureur de la République. Tant pis. La barre s’est alors transformée en véritable tribune. Reda Sadki est revenu sur l’origine de son engagement dans la lutte contre le sida et sur ses 13 années passées à militer pour les malades. Il a parlé de son espoir à la naissance du Sidaction, puis de sa colère. Celle de voir cette journée d’action nationale se transformer en grand « spectacle pour people ». « Il y a des gens qui meurent et qui se battent et je n’ai pas l’impression qu’Ensemble contre le Sida réponde à ces situations d’urgence » a-t-il expliqué à la Cour, très ému. Une vision partagée par les trois témoins cités par la défense. Médecin, malade, dirigeant associatif. Ils sont venus défendre Reda Sadki et dénoncer certaines actions d’ECS. Tous se sont sentis abandonnés et exclus de la redistribution des fonds du Sidaction. Pour eux, pas de doute : le Sidaction manque de transparence et fonctionne en vase clos.
De son côté, l’avocat d’ECS et de Pierre Bergé, Me Tordjman, a dénoncé l’acharnement de Reda Sadki. Le canular n’a donc pas fait rire l’association : « c’est une dénonciation sans aucune preuve et qui dessert la cause ». Et Me Tordjman de conclure : « On accepte le débat. On peut dire que l’action de Pierre Bergé n’est pas efficace, mais il y a des limites. On ne peut pas tout faire, tout dire ». Le Sidaction et son directeur, Bertrand Audouin, n’ont jamais souhaité répondre aux invitations de Reda Sadki. Pierre Bergé et Ensemble contre le Sida réclame un 1 euro de dommage et intérêt. Verdict le 21 novembre prochain.
Lire ou relire dans Bakchich :
Le sida : la première maladie administrative. Pour être déclaré "séropositif", il faut faire réagir un test qui comportent 10 bandes, censées représenter les caractéristiques du virus. Suivant le pays où on passe ces tests, on est déclaré séropositif si on fait réagir 2,3,4 bandes. En Afrique, seules 2 bandes suffisent. On comprend mieux la soi-disante épidémie en Afrique, quand on sait que les gens de race noire sont porteurs, en plus, de plus d’anticorps que les Blancs… En Europe, c’est 3 bandes. En Australie, il faut faire réagir 4 bandes pour être déclaré séropositif.
Moi je dis, si vous voulez absolument passer des tests, allez en Australie. Là-bas, vous avez plus de chance d’être déclaré séronégatif.
Question, comme ça : pourquoi faire réagir 2,3,4 bandes quand une seule devrait suffire ? Autre question : pourquoi le test ne demande pas de faire réagir les 10 bandes d’un coup ?
Pourquoi, suivant le pays, il faut 2 bandes, 3 bandes, 4 bandes ?
Intéressantes questions, non ?
Au fait qui détient les brevets des tests ?
Comment un 1er avril, un Mégalodon de la lutte anti sida comme Pierre Bergé, a t’il eu peur d’un petit poisson rouge comme Reda Sadki qui se débat depuis des années, sans moyens financiers, dans son bocal pour aider les plus démunis des séropos ?
Mais dans quel monde vivons nous bordel ?
On ne peut décemment pas faire du "sida paillettes" pour récolter des fonds sous un grand chapiteau people et ne pas aimer les clowns (au sens humoristique), ceux qui permettent à tous ceux dont la voix n’existe pas de se faire entendre.
J’ai parcipé à de nombreuses émissions de radio avec Reda Sadki et nous avons eu quelque divergences, mais j’ai toujours souligné son professionnalisme et l’incroyable charge de travail qu’il est capable d’abattre, à la limite du surhumain.
Alors, poisson rouge ou gros requin, peu importe qui boit la tasse, avec ce genre d’histoire ce sont les malades qui trinquent…
Tchin, tchin.
Catherine association A.R.P.P.I
Renvoyer dos à dos les parties de ce procès me semble un peu léger.
En cas de condamnation, qui osera encore critiquer Sidaction ou dénoncer ce qui se fait au détriment des séropositifs dans le milieu assocatif ?
Ni bocal, ni cirque, vendredi dernier le tribunal était l’arène d’un vrai débat public, n’en déplaise à tout ceux qui préféreraient, en espérant toucher leur part du gâteau, que certaines pratiques des dirigeants associatifs resteraient dans l’ombre.
C’est pourquoi on ne peut que regretter que le prix de ce débat, même à un euro symbolique, soit comptabilisé à perte sur le dos de ceux (et pas seulement Reda !) mis à l’amende pour avoir rappelé certains faits de l’histoire de l’épidémie…
N’importe comment, sans être directement impliqué dans le Sidaction, je sentais bien que cette campagne devenait de plus en plus people.
Je me méfie toujours des personnes qui n’ont pas d’humour, même dans dans des dossiers difficiles. Le courrier incriminé avait été mis en ligne sur le Net un Ier avril… !
Sauf qu’il n’est pas malade !
La réalité c’est que Réda Sadki sur différent médias s’évertue a essayer de discréditer le Sidaction à partir d’accusations infondées. Il s’acharne sur un rapport de la cour des comptes qui a plus de 10ans et qui était globalement positif faute d’avoir d’autres éléments valables à reprocher à Sidaction.
La lecture ou l’écoute de ses nombreuses positions relève en grande partie du poujadisme. Il divise les séropositifs et se trompe d’ennemi.
A ma connaissance une conciliation lui avait été proposée par Sidaction. Elle a échouée alors que dans le même temps où il publiait un lettre d’excuse, elle était accompagnée de nouveaux communiqués mettant à nouveau en cause Sidaction et faisant douter de sa sincérité.
Lors du premier Sidaction, le 7 avril 1994 des associations historiques de province ont été délibérément écartées de l’organisation de la manifestation puis de l’attribution des fonds. Gênaient-t-elles certaines associations fondatrices du Sidaction ? Y avait il des salaires ou d’autres avantages à dissimuler ? Le mode de répartitions posait-il un problème ? Les témoignages sur cette époque sont les bienvenus (preuves à l’appui).
L’association organisatrice du Sidaction, Ensemble contre le sida, une fois les quelques 300 millions empochés, a curieusement modifié ses statuts faisant notamment disparaitre les mots« transparence » et « fiabilité » quant à la répartition des fonds (sources journal officiel du 23 mars 1994 p 1309 et du 10 août 1994 p3340). Ma question est comment et pourquoi l’association Ensemble contre le sida a-t-elle changé d’objet une fois récolté l’argent de la générosité du public. La Cour des comptes s’est elle prononcée sur cette question ? Le débat est ouvert…
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