La presse a de l’avenir, et c’est Rupert Murdoch qui le dit.
On n’écoute jamais assez la radio australienne. L’immense Rupert Murdoch, the last tycoon - n’en déplaise à Bernard Arnaud - a donné une petite conférence, retransmise sur ABC, sur l’avenir du journalisme dans laquelle il a donné dans l’optimisme. Alors que la presse quotidienne britannique se casse la figure avec l’annonce en une semaine de la suppression de plus de 2 300 emplois dans le secteur, le brave Rupert, dont l’empire a fait état d’une baisse de 30% des profits à la fin septembre, assure que « contrairement aux catastrophistes et aux moroses », « il est certain que les journaux vont atteindre de nouveaux sommets » au XXIe siècle « parce que les gens sont plus affamés de nouvelles que jamais ». Ajoutant que ceux qui croient qu’Internet va tuer la presse quotidienne sont des « cyniques égarés ».
Un terme que pourraient méditer certains élus français qui, forts d’une détermination inoxydable très sénatoriale, continuent à faire preuve d’une pertinence toute personnelle quand il s’agit d’encadrer la liberté d’expression sur le web.
Comme l’ont déjà noté plusieurs de nos brillants confrères ici ou là, le Sénat a adopté, il y a près de quinze jours, une proposition de loi visant à allonger de trois mois à un an le délai de prescription de la diffamation en ligne. Sauf quand la dite diffamation aura été au préalable publiée hors ligne (autrement dit sur un autre média que le web).
Pour résumer, un dispositif législatif complexe qui ressemble fort à une nouvelle règle taillée sur mesure contre les blogueurs ou les médias pure players (Médiapart, Rue89, Arrêts sur images ou Bakchich).
Il nous restera à émigrer, comme nos amis et confrères, vers le noble monde de la communication. Le secteur continue en effet à puiser dans le vivier toujours renouvelé des déçus de la carte de presse. Après Robert Namias, ancien directeur de l’information de TF1 qui a rejoint la vice-présidence de Publicis Consultants France, c’est au tour de Valérie Lecabsle, écartée en juin de la direction générale d’i-Télé de rejoindre une agence de communication institutionnelle du doux nom de TBWA Corporate. Une agence qui développe pour ses clients des « stratégies audacieuses et créatives ».
De l’audace et de la créativité, c’est sans doute ce qui aura manqué aux salariés de la Vie Financière. L’hebdomadaire est en cessation de paiement et le tribunal de commerce doit se prononcer jeudi sur l’avenir du titre. Dans un dernier élan, les salariés ont écrit à la présidence de la République pour demander la création rapide par le ministère de l’Economie d’un « fonds afin d’apporter aux journaux qui se trouvent dans une situation critique l’argent nécessaire pour renflouer leur trésorerie, en attendant des temps meilleurs ». « Les sommes nécessaires sont sans commune mesure en comparaison de celles dont a bénéficié le secteur bancaire ». CQFD
Et pendant ce temps là, se tenaient les Etats généraux de la presse… On n’écoute jamais assez la radio australienne.
Lundi aura lieu le Off des Etats généraux de la presse proposé par Mediapart et RSF. Comme promis, l’évènement sera retransmis en direct. Ici même, sur mediapart.fr, comme sur rsf.org. Et comme sur tous les sites et blogs qui le souhaiteront.
Pour ce faire, il suffit de copier le code suivant :
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Jusqu’à lundi, c’est cette bande annonce en boucle qui sera diffusée, ainsi que d’autres vidéos de présentation. Et à partir de 20h, lundi, l’opération elle-même.