Journaliste, ancien otage au Liban, et baroudeur devant l’éternel, Roger Auque occupe, depuis le mois de mai, un siège UMP au conseil municipal socialiste du IXe arrondissement à Paris. Retour sur un correspondant de guerre comme on n’en fait plus.
Il est récemment monté au créneau pour défendre Jean-Charles Marchiani, l’ancien préfet du Var, l’homme qui l’a « sorti des geôles du Hezbollah » où il a été retenu plusieurs mois durant l’année 1987. Mais depuis le 16 mai, Roger Auque mène un nouveau combat. L’homme siège au conseil municipal du IXe arrondissement à Paris. La politique le démangeait depuis longtemps, il a franchi le cap. Mais c’est l’opposition municipale qu’il représente. Et les couleurs de l’UMP qu’il porte. A ceux qui s’étonnent qu’un journaliste s’engage en politique, Roger Auque assure qu’il a toujours été « libre et indépendant » et que cela ne changera pas. Il rêve d’ailleurs de diriger une rédaction. Après de nombreuses années à couvrir les conflits au Moyen-Orient pour de nombreux médias, « le baroudeur, playboy et candidat », comme l’a très gentiment présenté le Monde (5 mars 2008), a « envie de passer à autre chose ». Il veut « faire bouger les lignes ». Et puis, comme il dit, « c’est moins risqué qu’à Bagdad ». Aux dires de plusieurs de ses confrères, l’homme est « séduisant et très sympathique ». L’on pourrait rajouter modeste. Ainsi se définit-il lui-même comme faisant partie du club très fermé des « seigneurs de la presse », les correspondants de guerre.
Un avis que tous ne partagent pas. Ainsi, plusieurs journalistes, correspondants à Bagdad ou à Beyrouth, racontent que l’ami Roger ne sortait pas de sa chambre s’abreuvant de dépêches pour assurer ses nombreux directs pour divers médias francophones. Lui même ne s’en cache pas. Lors d’un chat sur le site du Nouvel observateur, il racontait ainsi une journée type d’un correspondant multicarte : « Tôt le matin, je fais des papiers pour les radios françaises, suisses, belges et canadiennes, je regarde les chaînes de télévision arabes, les dépêches des agences, je me fais traduire les journaux irakiens. Ensuite, je fais mon footing le long du fleuve au milieu des roseaux, sous le soleil. Ensuite, des informateurs ou des responsables irakiens viennent me voir, prendre le café. Parfois, je sors dans Bagdad pour un Rdv précis mais toujours très bref car je pense que pour bouger dans Bagdad, les journalistes doivent désormais avoir une protection armée. Et le reste de la journée, je fais les plateaux, les directs pour les télévisions ». Seigneur de la presse, un métier.
En 1997, Roger Auque a été condamné pour contrefaçon pour avoir recopié, tout en en changeant le sens, une partie du reportage en Israël d’un journaliste de l’hebdomadaire La Vie. Son employeur d’alors, Paris-Match, a écopé de 300.000 francs d’amende. Une somme record pour l’époque. Un petit manque d’inspiration qui lui vaudra d’être remercié. Le poids des mots en quelque sorte…
Et pour écarter la concurrence, Roger Auque fait preuve d’une certaine détermination. Ainsi, en 2004, après une rixe à Bagdad avec Paul Moreira, alors journaliste à Canal +, il n’a pas hésité à contacter la direction de la chaîne pour dénoncer le comportement « scandaleux et dangereux » de leur journaliste ajoutant qu’ « au grand dam de l’ambassade de France à Bagdad, Paul Moreira et Véronique Robert ont gêné les négociations entreprises par la diplomatie française, et peut-être mis en péril la vie des otages français (Chesnot et Malbrunot, ndlr), en essayant de rencontrer des membres de la guérilla irakienne. » Allégations que la justice a reconnues diffamatoires et pour lesquelles il a été condamné, fin 2007, à verser des dommages et intérêts aux deux journalistes. Indemnités que les huissiers ont le plus grand mal à recouvrer. Seigneur de la presse, plus qu’un métier, une vocation.