PtiLuc remet le couvert avec le dixième opus des « Rat’s », aux éditions du Soleil, confrontés à la tyrannie d’une société secrète de rongeurs despotes.
Il y a quelque chose de l’esprit des Shadocks dans la série BD des « Rat’s » de PtiLuc. Tous les ingrédients d’une bêtise absurde et attachante qui avait fait recette il y a 30 ans grâce à la voix de Claude Piéplu. Les oiseaux aux longues pattes condamnés à « poooomper, poooomper » indéfiniment prennent les traits de rats sales, bêtes et méchants. Leurs ennemis ne sont plus les Gibi, ces êtres à l’intelligence suspecte coiffés d’un chapeau haut de forme, mais des rongeurs à la rigidité prussienne. Avec comme terrain de jeu : une île, qui ressemble fort à Lampedusa, sur laquelle les parias des égouts aimeraient enfin trouver un repos salutaire. Occupée par la société labyrinthique des campagnols à l’organisation stalinienne.
La rencontre des deux espèces est en réalité un prétexte pour savourer de l’humour crétin dans toute sa grandeur. « Mulosini », chef despotique des rongeurs, piège les rats un à un avant de leur faire découvrir les douceurs de leur organisation paramilitaire. Où toute grossièreté est proscrite dans le strict respect de leur novlangue huilée comme un discours de Xavier Bertrand. Point de « gros mots » donc, comme le titre l’album, mais de la politesse dégoulinante que ne peuvent supporter les rats aussi rustres que des redneck texans. Avant de découvrir que ces ronds de jambes sont la façade d’un système que certains rongeurs tentent de renverser. Bref, du complot politique comme on en fait plus depuis les Protocoles des Sages de Sion.
Le dessin joue sur les mimiques des bestioles, ce qui ajoute, au burlesque de la situation, de l’excès bouffon dans les gags. Le choix de la maquette, avec une planche dessinée d’arrière plan sur laquelle viennent se greffer les autres vignettes, donne de l’harmonie au tout. Servie de dialogues truculents. Un beau rat de marée.
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