Le chic et britannique magazine « Restaurant » classe les 50 meilleurs restaurants du monde. Les Français y sont peu nombreux, hormis Gagnaire et quelques indéboulonnables. Mais surprise : le Figaro, qui parrainait naguère le classement, le dénonce aujourd’hui comme bidon. Retournement de tablier !
Ce qui est bien avec le magazine britannique « Restaurant », c’est qu’avec lui les éditeurs font des économies sur la photo. Chaque année la gazette grande bretonne publie le classement des « 50 meilleurs restaurants du monde ». Tant pis si la renommée de ce confrère ne dépasse pas, elle, l’’embarcadère de Douvres, l’’important est qu’il permette, en cette période bien rude pour la presse, des économies. Chaque année on peut republier la même image de ce podium des vainqueurs puisque ce sont toujours les mêmes.
Tout d’abord, et c’’est pratique, il n’est pas utile de lire l’’anglais pour comprendre que le magazine Restaurant n’’aime pas la bouffe française. Autant que nous le gigot à la confiture de menthe. Et le vainqueur est… le Catalan Ferran Adria, le Nadal des cuisines, chef d’’« El Bulli » à Rosas en Espagne et « sorcier des additifs ». Le second, ça tombe bien, est un anglais, Heston Blumenthal patron du « Fat Duck » à Londres.
Le troisième, seule percée cocoriquesque, est, comme tous les ans, le français Pierre Gagnaire qui mitonne son divin ragoût rue Balzac à Paris. Les autres tricolores ? Ils sont a classés comme Chabal dans les équipes qui perdent. « L’’Astrance » Paris est 11e, « L’’Atelier » de Joël Robuchon est 14e et Alain Ducasse au Plazza Athénée est 18e. On dirait une photocopie de mon carnet scolaire.
Grave ? Pas du tout puisque ce classement est totalement bidon. Mais depuis 2002, le considérable évènement que constitue la publication de ce palmarès était accompagné d’’un parrainage du Figaro qui faisait jouer ses grandes orgues sur le sujet. Et les journalistes reprenaient en cœoeur « l‘’information » publiée par ce navire amiral de la grande presse.
Et là, la semaine dernière que fait le Figaro, le quotidien qui n’’est pas bio puisqu’’il contient trop de conservateurs ? Il fait son « outing ». Sous la plume de François Simon, un garçon qui écrit avec des ampoules aux mains et le communique, hélas, à son style. On apprend que tout ce patafard de « classement mondial » est une farce. Ce qui est normal à propos de cuisine. Détail, cette année le Figaro n’est pas parrain de ce forfait et Simon n’’est plus membre du jury.
Et qu’’apprend-t-on : en fait, les votants se sont faits l’’écho d’’une notoriété et non d’’un jugement basé sur des visites… Traduit du Simon, il faut lire : on écrivait des choses sur des restos sans y aller bouffer. Vraiment pas bien. Et Simon poursuit son autocritique genre sous Staline : « Retournons sur les routes, les petits sentiers et dégageons-nous de ce classement des « 50 ». Passionnant certes, mais nul. » Ca y est, comme dirait London, Simon est passé à l’’aveu.
Ces journalistes du bon goût ont la particularité d’’en changer. Sur le front des casseroles, on observe ainsi la mutation de Vincent Noce qui chronique la gamelle et l’’art moderne pour Libération. Voilà que ce pourfendeur traditionnel du Michelin signe maintenant dans le nouveau magazine édité conjointement par le guide rouge et Glénat. Il n’’y a que les idiots qui ne changent pas de guides, regardez Glucksmann.
Comment vous expliquer simplement le nouveau magazine « Etoile » ? Une idée, chez votre dentiste vous prenez un vieux numéro de Gault et Millau et vous y êtes. Avec un poil de Figmag. Lisez un étonnant reportage sur Monaco où on parle d’’abondance de Joël Robuchon (2 étoiles), sans dire un mot de Ducasse (3 étoiles à l’hôtel de Paris). Peut être qu’ « Etoile » veut la jouer prolo ?
Quand est ce que les journalistes Français comprendront que tous les classements anglo-saxon (meilleure université, meilleure entreprise, plus bel homme, plus belle femme …) sont absoluments bidon et servent au mieux à distraire les quidams, au pire à faire de la propagande à la gloire de l’amérique conquérante et de l’angleterre libérale nostalgique de son passé colonial … ?
je vous le demande …