Descente de police, doute sur la nationalité d’un ancien ministre, emprisonnement d’opposants, coupure de courant … à quelques mois d’élections capitales – dont on ne se sait toujours pas si elles auront lieu - la Téranga est un joyeux foutoir.
À l’été 2005, Idrissa Seck, l’ancien Premier ministre, découvrait les joies de Reubeuss, la prison dakaroise, des pluies diluviennes provoquaient le report des élections législatives et un livre accusant Me Wade du meurtre du vice président du conseil constitutionnel sortait des presses.
Un an plus tard, la situation s’est améliorée… Les Sénégalais redécouvrent l’âge de la bougie grâce à la Sénélec, dont les délestages d’électricité deviennent proverbiaux. Peu en joie, la population n’est pas rassurée non plus par sa police. La division des investigations criminelles (Dic) a gagné ses derniers galons de police politique. Les arrestations et incarcérations de Dias père et fils sont ses derniers faits d’armes. Mieux, les pandores ont allumé un feu, celui de la sénégalité, qu’il faudra très vite éteindre. Et si possible avant les élections, dont on ne se sait toujours pas si elles auront lieu en février prochain.
Le spectre d’un report n’est pas écarté, malgré les dernières déclarations du président Wade. Cela ferait tâche dans un pays qui se veut le héraut des droits de l’homme en Afrique de l’ouest. Après avoir repoussé de 2006 à 2007 les législatives, décaler les présidentielles de 2007 à 2008 engendrerait quelques grincements de dents. Et pas seulement auprès des opposants : les diplomates, américains et européens n’apprécieraient guère, surtout aux vues du fallacieux prétexte « des préparatifs de l’organisation de la conférence islamique ».
En coulisses, un autre motif est avancé : laisser du temps pour la réconciliation entre le président Wade et son ancien fils préféré, Idrissa Seck. Déjà annoncés par la Lettre du continent en mai, les tractations entre les deux hommes sont de moins en moins discrètes et commencent à fuiter dans les médias, notamment Le Quotidien. Un signe d’avancée certain. Encore faut-il calmer les faucons du palais, aussi opposés à Idrissa Seck qu’apeurés d’être oubliés dans le partage du gâteau du pouvoir. Plus on est fou, moins il y a de riz….