Quand Khadafi joue aux marchands de tapis avec l’avionneur français
Le démenti fait très rapidement par le groupe Dassault Aviation de l’information publiée par l’hebdomadaire le Journal du Dimanche concernant l’achat par la Libye de 13 à 18 avions de combat du type Rafale, avait pour objectif d’anticiper sur une réaction négative qui pourrait intervenir de la part de Tripoli. Celle-ci aurait apparemment souhaité lors des négociations avec l’avionneur français que cette transaction reste à l’écart des médias jusqu’après les élections présidentielles prévues le 6 mai prochain. De source informée, la finalisation de la vente des rafales dépendrait même de la menée à terme d’un contrat intermédiaire concernant la restauration d’une vingtaine de mirages F1 lybiens. Tripoli en profite pour forcer la main de Paris afin que Dassault aviation équipe les avions « restaurés » de missiles air/air dernère génération réservés à l’Armée de l’air française : une surenchère difficile qui est loin d’être réglée.
Dans ce contexte, il semble que le Guide de la révolution libyenne qui gère ce dossier avec son fils, Assaâdi et le général Rifi – tous les deux avaient visité, il y a un peu plus de trois mois, les usines de Dassault en France –, n’a aucunement l’intention de donner ce cadeau a un président qui est sur le point de départ. C’est ce que répète ces jours-ci son chef de cabinet, Bachir Saleh. Cela ne veut pas dire, d’autre part, que le régime libyen aurait, contrairement à certaines rumeurs, un penchant pour le candidat de l’UMP, Nicolas Sarkozy, qui avait visité la Libye et rencontré le colonel Kadhafi. Parallèlement, la Quiada libyenne (le Haut commandement qui entoure le chef de l’État libyen), aurait des preuves sur la source qui est derrière l’information publiée par l’hebdomadaire français. Il s’agit du groupe Lagardère qui, selon Dassault Aviation, avait voulu, à tout prix, empêcher ce dernier de concrétiser l’opération d’achat avant les élections présidentielles.
Par ailleurs, force est de souligner que si les forces libyennes de l’air sont convaincues des caractéristiques offertes par le Rafale, cela ne les empêchent pas de mener des négociations parallèles avec les Russes pour l’acquisition de 20 Mig 29. Le récent rapprochement entre Moscou et Tripoli, qui s’est concrétisé par l’octroi, dans le cadre du troisième appel d’offres pour l’exploration et la production, aux deux compagnies pétrolières russes, Gazprom et Tafnet, quatre licences sur dix au détriment des européennes, y compris le groupe français. Total, montre que la bataille de Dassault est loin d’être gagnée. Assaâdi l’avait déjà fait entendre lors de son passage chez l’avionneur français. « Si la décision finale me revenait, j’aurais signé le contrat sur place ».