Après une audition très « réussie » chez le juge Ramaël, Driss Basri a fait étalage de ses talents devant quelques journalistes. Ce jury très sourcilleux a été unanime, l’ancien ministre de l’Intérieur du Maroc a réussi sa reconversion en pitre.
Convoqué récemment par le juge Patrick Ramaël, qui a repris l’instruction de l’affaire Ben Barka, l’ancien bras droit de Hassan II, Driss Basri, a multiplié les entretiens avec la presse écrite et parlée. Si l’on croit ses « confidences », la vie est dure à Paris quand on a été traité « de façon inqualifiable » par le pouvoir marocain et littéralement « jeté » hors du Royaume enchanté.
Pour entretenir son bel appartement du XVIème arrondissement, où avait habité Pierre Mendès-France dans les années cinquante, Si Driss (abréviation de Sidi Driss, Monsieur Driss) ne peut compter sur la moindre retraite : « je ne touche pas un rond de pension », a précisé « l’immigré choisi » à quelques journalistes. Comme un scandale ne vient jamais seul, sa famille a été, elle aussi, frappée. Son fils Hicham, propriétaire d’un pied à terre luxueux près du Trocadéro, a été tout simplement « spolié ». Hicham était pourtant à l’origine du « meilleur projet touristique qu’on pouvait imaginer ». « Eh bien c’est comme ça, on lui a tout pris parce que je m’appelle Driss Basri ! »
« Voilà, a-t-il dit à RFI, c’est comme un goulag russe ! Je suis actuellement traité comme on traitait les gens au temps du goulag, de Socrate, de Machiavel ou d’Albert Camussss (sic) ! ». Ce qui est encore plus injuste, aux yeux de Driss Basri, c’est que « pour les autres, tout est resté en place. Rien n’a été dérangé. L’horloge qu’on avait montée avec Hassan II tourne toujours, avec les mêmes hommes ». Nul n’est prophète en son pays…
Petite consolation pour Si Driss, les bêtises qu’accumulent, selon lui, ses successeurs dans le dossier du Sahara occidental. L’ancien chef des nervis marocains déplore qu’on ait abandonné le référendum pour l’idée fumeuse d’autonomie : « Ils ont fait l’école buissonnière. Ils ont abandonné le référendum sans préparer une solution de remplacement. Alors nous sommes actuellement devant un vide juridique total ». « L’autonomie, ça ne marchera jamais. Et pourquoi au Sahara ? Il y a au total 90.000 habitants, pas plus ! Savez-vous que chez moi, dans la Chawiya, il y a 200.000 habitants ? Alors, pourquoi on ne leur donne pas l’autonomie à ces gens-là ? Pourquoi on ne nous la donne pas ? Ca ne va pas ? Tout le Maroc va tomber dans quelques années du fait de cette dispersion d’efforts. Nous allons éclater ! ».
Interrogé sur les élections législatives de 2007, l’ancien ministre de l’Intérieur, expert en manipulations en tous genres, se livre à un numéro de haute voltige. Il faut, dit-il, revenir aux fondamentaux laissés par feu le « démocrate » Hassan II, qui avait « engagé le royaume dans la voie d’un parlementarisme à norme internationale où le roi (mais oui !) est souverain, règne mais ne gouverne pas. Comme dans tous les pays du monde ». Ainsi, poursuit Si Driss, si l’actuel roi ne change pas la constitution, « s’il ne fait pas ça, les élections ne servent à rien ! D’ailleurs, vous savez au Parlement, les trois quarts des députés sont absents et le budget chez nous est voté par 14 personnes sur 335 ! ». A vous dégoûter de la démocratie royale…