Les activités du contre-espionnage sont couvertes par le secret-défense, mais ça n’a pas empêché des flics de la DST de refiler à un détective privé des infos sur un Français proche de Roman Abramovitch, un oligarque russe, propriétaire du club de Chelsea. Aïe : la conversation téléphonique était écoutée…
Un livre à paraître bientôt inquiète les flics de la DST, le contre-espionnage, comme les barbouzes d’agences de sécurité et d’intelligence économique ayant pignon sur rue, telles Kroll ou Geos. Un ancien gendarme, Patrick Baptendier, poursuivi par la juge de Versailles Magali Tabareau pour avoir farfouillé dans les fichiers de la police et revendu des informations comme des extraits de casier judiciaire ou des numéros en liste rouge, y raconte les petits trafics d’infos du contre-espionnage. Que la DST cherche à savoir ce que trament Kroll et les autres officines, c’est de bonne guerre. Quand le contre-espionnage dicte la conduite à tenir à ce privé et lui refile des informations confidentielles sur des personnes et des sociétés, la ligne jaune n’est pas loin d’être franchie.
Ces traficotages ne laissent généralement aucune trace. Pas cette fois. Les commanditaires, qu’ils soient agents de la DST ou responsables de Kroll ou Geos, en se doutaient pas que leurs conversations étaient écoutées… et retranscrites sur procès-verbal, à la demande de la juge de Versailles. Aïe aïe aïe, à la DST on n’aime pas ça du tout… Mais que nos contre-espions se rassurent : la juge, informée de ces petits trafics, ne s’est pas vraiment acharnée sur les policiers. L’officier de la DST concerné, l’« agent traitant » de Baptendier, n’est que « témoin assisté » dans la procédure. Alors patron du contre-espionnage, Pierre Bousquet de Florian avait écrit à la magistrate pour invoquer le secret-défense. S’il y a procès un jour, l’agent visé ne risque pas grand chose.
Sans attendre le livre de l’ex-gendarme, Bakchich a retrouvé dans son dossier judiciaire les écoutes téléphoniques concernant une enquête réalisée sur un homme d’affaires et avocat français, Alexandre Garese, un discret et richissime businessman. Des investigations demandées par l’agence Kroll, et aidées par la DST. Le contre-espionnage est-il en sous effectif, au point de prendre ses infos chez les privés ? Il faut dire que l’intéressé vit grand train et est en affaires avec Roman Abramovitch, un oligarque russe installé à Londres, la première fortune de Russie ; de quoi susciter de multiples interrogations. L’affaire ne semble pas évoquée dans son livre, mais Patrick Baptendier, contacté par téléphone, n’a pas souhaité la commenter.
Le livre de l’ancien gendarme, truffé de petites bombes, devrait secouer dans les couloirs du ministère de l’Intérieur, dans les officines de sécurité et de renseignement privé. Certains chapitres circulent déjà sous le manteau, et l’on sait déjà que Patrick Baptendier y racontera ses missions très spéciales où apparaissent Raymond Lakah, l’homme d’affaires égyptien qui fut propriétaire du journal France-Soir, Jean-Claude Seys, le patron de l’assureur MMA, de riches Israéliens en affaires avec Veolia, le fils du président sénégalais Karim Wade, la bataille Bolloré-Progosa pour les ports africains, l’agence d’intelligence économique Abac, qui fut liée un temps au groupe de l’ancien patron du GIGN, Philippe Legorjus, le commissaire des RG Hubert Marty-Vrayance, le groupe Vivendi pour lequel Baptendier avait alors espionné une journaliste du Monde, comme Bakchich l’avait raconté. Bref, un beau casting pour un livre explosif.
C’est le 5 octobre 2005, avec un coup de fil de Jérôme, un responsable de Kroll, que Baptendier se voit commander une enquête sur cet avocat alors installé à Moscou et faisant des affaires dans les pays de la zone - il a ainsi été administrateur d’une banque lettonne. Le gars de Kroll ne s’exprime pas dans la langue la plus châtiée. « Je souhaitais savoir qu’est-ce qu’on pourrait obtenir sur une personne qui à priori a fait l’objet d’un redressement fiscal… » Garese a déposé un recours contre une perquisition du fisc, et un mystérieux client se renseigne sur les activités et ses sociétés au Luxembourg et en Belgique. Pour démarrer son enquête, Baptendier se retourne vers son contact à la DST, François H., le 11 octobre 2005, qui se met à lui lire une fiche au téléphone. Il lui explique que Kroll lui a confié le boulot. Les magnétos de la juge tournent, mais les deux n’en savent rien.
Baptendier : « Il se dit avocat apparemment mais il ne l’est pas c’est ça ».
Le flic : « Travaillant pour le compte du ministre russe. Tout est au conditionnel. Oh la la, oui, vous passez dans du gros, dans du dur, faites très attention, euh… » (…)
Baptendier : « Si vous voulez moi ce que je voulais comprendre c’est comment, heu, une procédure fiscale avait été initialisée contre lui ».
Le flic : « Compte tenu que d’autres gens travaillent dessus [à la DST], je vais pas pouvoir le demander, moi hein, donc jvais vous donner quelques éléments sur ses activités (…), en Irlande, aux Iles Vierges Britanniques, en Suède… »
Etc. Le flic alimente l’enquête du privé. Alexandre Garese, qui explique à Bakchich avoir eu dans le passé des problèmes avec Kroll, n’avait qu’à bien se tenir. Reprenant la phrase classique serinées aux petites mains envoyées au charbon par des commanditaires qui ne veulent pas se salir, le titre du bouquin est éloquent : Allez-y, on vous couvre !, un barbouze au service de l’État (éditions du Panama).
magouiller avec les bonnes personnes ? qui ne l’a jamais fait.
vu le salaire et les risques pris par certains dans leur boulot, rien de bien difficile
Travailler "pour son pays" c’est bien. Arrondir ses fins de moi c’est mieux
à la dst comme ailleurs, ce sont des humains qui bossent. un petit Bakchich par ci par là, un service rendu qui ne nuit pas à la sécurité d’état ça va. les patrons ferment les yeux car eux aussi ont les pattes bien graissées…
je croyais que t’allais me parler de la DST et sa filiale le GSPC/AQMI, ca c’est dulourd, du gros, et pour l’instant interpol bloque le dossier, mais tu vas voir , Clearstream c’est rien a cote… avant le 13 juillet 2008, si Allah le veut…
le reste c’est du pipeau