Envolée du taux des impayés de la flotte d’appareils officiels affrétée aux ministres
Notre bon ministre des Affaires étrangères, le Docteur Douste-Blazy, a bien du reconnaître que son escapade fin novembre en Inde, dans un Boeing de luxe affrété spécialement, avait coûté la bagatelle de 275 000 euros, comme l’avait révélé le Canard enchaîné. Mais qu’on se rassure : le Quai d’Orsay et nombre d’autres ministères sont habitués… à ne pas régler toutes leurs factures de déplacement. Les ministres sont même particulièrement mauvais payeurs lorsqu’ils utilisent la flotte d’appareils officiels de l’Escadron de transport, d’entraînement et de calibrage (ETEC), l’ex-Glam, qui est gérée par le ministère de la Défense.
En théorie, chaque ministère doit assumer les frais de déplacements de ses VIP sur son propre budget. C’est une question d’équité et de bonne gestion des deniers publics. Dans la pratique, la plupart des huiles gouvernementales s’envoient en l’air avec les avions de l’ETEC en laissant des ardoises colossales aux frais de l’armée, peu habituée à envoyer des huissiers réclamer son dû. En 2004, par exemple, les ministères n’ont remboursé que 1,49 million d’euros sur les 4,68 millions d’euros dépensés en heures de vol. L’an dernier, les paiements se sont un peu améliorés : 1,94 million d’euros réglés, sur une note totale de 4,35 millions d’euros. Mais on reste tout de même à un taux d’impayés de plus de 50%. Un bel exemple pour les contribuables !
Grâce à des questions écrites, le député socialiste René Dosière a obtenu, ces derniers mois, des précisions amusantes, parues au Journal officiel (voir documents sur le site), sur ces champions des vols impayés. Parmi eux, le ministre des Transports, celui de la Justice, de l’Éducation nationale et même le ministre de l’Économie. Le cancre ? En 2004, le vibrionnant ministre des Affaires étrangères Dominique de Villepin s’était beaucoup servi des avions de l’ETEC : la note atteignait 2,9 millions d’euros, un record. Le Quai d’Orsay, sollicité par les comptables du ministère de la Défense, avait envoyé une aumône royale de 7826,34 euros ! Presque une insulte. En 2005, les diplomates ont, cette fois-ci, consenti à payer 1,29 millions d’euros sur les 2,4 millions dépensés pour les voyages des honorables Villepin puis Douste-Blazy. L’effort est louable, mais on est encore loin du compte…
Revenu au ministère de l’Intérieur en juin 2005, Nicolas Sarkozy, lui, a carrément stoppé net tout remboursement de ses déplacements en avions de l’ETEC : les 516 965 euros facturés par la Défense n’ont fait l’objet d’aucun paiement par les services de la Place Beauvau en 2005, contrairement aux années précédentes ! Est-ce un oubli ? Ou parce qu’il ne veut pas lâcher un sou à Michèle Alliot-Marie, ministre des Armées et rivale au sein de l’UMP ?
Je ne crois pas que l’on reproche au ministre de beaucoup prendre l’avion, mais plutôt :
d’utiliser des appareils de luxe en lieu et place des appreils destinés au transport des officiels français ;
de ne pas rembourser le ministère de la defense des frais de déplacement, alors même qu’il est prévu, depuis la disparition du GLAM, que les ministères utilisant les appareils de la défense de prendre en charge une partie du coût de ces utilisations ;
Déjà, il n’était pas nécessaire de partir à 40 pour un truc relativement pipo en Inde. Ensuite, Mickey D’Orsay a fait se poser l’avion à Toulouse au retour par simple convenance personnelle.
En Scandinavie (Mona Sahlin) et même aux US (Sununu), on a viré des ministres pour moins que ça…