Philippe Massoni devrait bientôt être entendu par la justice dans le cadre de l’affaire Clearstream. Ex-monsieur sécurité de Chirac, il a beaucoup oeuvré pour que les intérêts de son patron soient bien compris par la presse…
Face aux juges de l’affaire Clearstream, Chirac, tout frais Ex, joue sur la défensive. Pas envie de se retrouver comme un vulgaire Villepin sous les feux des projecteurs, pour cause d’expertise judiciaire. Si le grand Jacques a refusé de se rendre à leur convocation, deux de ses proches, en revanche, ne pourront pas y couper. Et dans les prochains jours. En l’occurrence, Philippe Massoni, ex Préfet de police de Paris, ancien Monsieur Sécurité de l’Élysée, et Yves Bertrand, l’ancien patron des Renseignements généraux (RG) du ministère de l’Intérieur. Le tout alors que des réquisitoires supplétifs – procédures qui permettent d’élargir l’enquête initiale – pourraient être demandés au parquet du pôle financier par les juges d’instruction.
Une certitude : à la lecture des carnets du général Rondot, auxquels Bakchich a eu accès, Philippe Massoni apparaît lié à l’affaire du compte japonais de Chirac et aux conséquences de la découverte par la DGSE de ce porte-monnaie ouvert au nom du chef de l’Etat à la Sowa Bank, l’établissement nippon de son ami Osada. Cette banque si bien fréquentée a depuis fermé ses portes pour faillite frauduleuse. Pour mémoire, à peine réélu en 2002 avec un score digne de la démocratie gabonaise, et alors que l’existence de ce compte n’avait même pas été révélée pendant la campagne pour la présidentielle, le Chi vire l’état major de la DGSE : le n°1 Jean-Claude Cousseran, le génral Champtiaux, le juge Gilbert Flam, qui a supervisé l’enquête au Japon et son supérieur d’alors, Alain Chouët, patron du Service de renseignement de sécurité. Simple coïncidence ? Les noms de Flam et Chouët se retrouvent quelques mois plus tard sur les faux listings Clearstream, qui ressemblent à s’y méprendre à un tableau des ennemis de la Chiraquie. Pour virer les espions, autant les discréditer. Ce à quoi s’attèle Philippe Massoni – habitué aux belles œuvres – via son factotum à la DGSE.
Un certain Jean-Pierre Pochon, alors tout juste promu directeur du renseignement, se voit confier la lourde tâche d’être les yeux et les oreilles du Château chez les espions. Une mission qui n’a pas duré longtemps : le patron de la DGSE, s’en apercevant, a renvoyé illico Pochon à la maison.
Dans le petit milieu des barbouzes, le général Philippe « OSS 117 » Rondot a été plus que raillé ces derniers temps. La faute à sa manie de tout noter et telle une jeune fille en fleur, tenir de petits carnets sur ses investigations discrètes dans l’affaire Clearstream. Au moins ne peut-on lui reprocher d’avoir été un fonctionnaire paresseux. L’as du renseignement s’est révélé être un véritable pisse-copie. Ses centaines de petites notes, saisies par la justice, ont mis des mois à être décryptées, et ont révélé une foultitude d’informations fort précieuses pour les juges en charge de l’enquête sur la manip’ Clearstream. Dans l’extrait des carnets du général que Bakchich se réjouit de publier, le maître espion décrit scrupuleusement l’avancée de ses investigations. Et notamment le rôle du sieur Jean-Pierre Pochon, directeur du renseignement de la DGSE en 2002 et envoyé spécial de la Chiraquie dans les services secrets, dans la désinformation des journalistes. Au premier rang desquels le très rencardé Hervé Gattegno, alors au Monde.
X.M.
Aussi précis qu’un clerc de notaire, Philippe « OSS 117 » Rondot avait été chargé d’enquêter sur toute la belle manip afin de démêler le vrai du faux et pointer les responsabilités. Il explique clairement dans ses carnets, aujourd’hui en possession de la justice, que Pochon a fait les courses de l’Élysée boulevard Mortier, siège des services secrets. Et au passage, en a profité pour alimenter la presse en faux scoops sur Cousseran et compagnie. Premier de cordée sur la liste des journalistes contactés, un vieil ami de Massoni : Hervé Gattegno, alors maître enquêteur au Monde (voir doc).
Depuis Massoni a été recasé chez Christian Poncelet, le président du Sénat, tout récemment plongé dans un scandale de marchés publics révélé par le Canard Enchaîné. Pauvre Philou, entre les ennuis de son nouveau patron et ses convocations au pôle, la vie n’a rien d’une sinécure. Cousseran, lui, a été nommé ambassadeur, Flam a retrouvé un vague poste au parquet de Paris et Chouet, toujours salarié de la Piscine, a été prié de rester chez lui jusqu’à sa retraite, en octobre 2007. Quant à Hervé Gattegno, il a intégré la rédaction du Point. Il a récemment commis un long article sur… le général Rondot, que FOG, patron de la rédac, n’a pas encore jugé bon de publier. On se demande pourquoi