Un jour avant la fête de l’immaculée conception, l’affaire Elf repointe le bout de son nez à la Cour de Cassation
Le 6 décembre, la Cour de Cassation devait décider si elle validait le jugement rendu en appel dans l’affaire Elf qui, notamment, aggravait les peines de feu le regretté Alfred Sirven et d’André Tarallo, le monsieur Afrique du groupe pendant un quart de siècle. Son verdict sera finalement rendu le 31 janvier prochain.
Pour Alfred, malheureusement décédé depuis, les jeux sont un peu faits. Pour tonton André, l’affaire est plus sensible. Condamné en première instance à quatre ans de prison, il avait été bon pour sept ans en appel, en raison d’une attitude particulièrement sévère du Parquet.
Heureusement, André Tarallo s’est fait pendant sa brillante carrière quelques amis parmi les chefs d’Etat africains, notamment les présidents Bongo et Sassou. Lesquels ne sont pas mal avec Chirac, surtout Sassou dont le pétrole congolais assure encore les fins de mois des amis de Chirac, feu depuis aujourd’hui le milliardaire corrézien Patrick Maugein en tête (voir l’excellent livre du journaliste de la Tribune Xavier Harel [1]).
Or Sassou à l’époque avait mouillé sa chemise auprès du « Grand », comme Chirac était surnommé affectueusement par Alfred… Les miracles de l’expertise médicale aidant, le tonton Tarallo n’avait passé qu’une quinzaine de jours en prison au moment des fêtes de Noël, un loisir forcé qu’il avait mis à profit pour lire Saint Augustin.
Le jugement en cassation ne changera pas grand chose à ses habitudes de vie actuelles. En effet la validation du jugement ne supprime en aucun cas les effets de la grâce médicale obtenue aux forceps à l’époque (mais dont n’avait pas bénéficié Alfred Sirven, pourtant fort mal en point comme la suite devait le montrer).
Mais Sirven avait contre lui l’actuel Procureur de Paris, Jean Claude Marin qui lui en voulait beaucoup pour de petits contentieux que ces deux monstres sacrés avaient entre eux. Mais ne faisons pas parler les morts ! Comme un malheur n’arrive jamais seul, Pascaline Bongo, la fille du Mollah Omar, réclame à l’ancien patron de la société pétrolière gabonaise que fut Tarallo quelques arriérés.
A savoir la somptueuse propriété qu’il possède dans le sud de la Corse, où il a fait amener par cargo des oliviers centenaires, ainsi que l’appartement duplex où le tonton africain vit au cœur de Paris, avec vue sur la Seine. Il est vrai que pour en justifier l’usage il avait fait valoir à l’époque qu’il avait acheté ces modestes masures sur ordre de Bongo et à son profit. Ce qu’alors il appelait du joli nom « de copropriété franco-africaine », sorte de phalanstère dont la filiation avec les communautés post soixante-huitardes n’est pas évidente pourtant.
[1] Afrique, pillage à huis clos Fayard