Les députés français ont levé un tabou en votant, à la quasi-unanimité, un amendement surprise au projet de loi sur la réforme des institutions. Paradoxalement, les sénateurs, grands défenseurs des terroirs, se sont montrés plus raisonnables en votant contre. Cet amendement visait à inscrire la reconnaissance des langues régionales dans la Constitution. « Les langues régionales appartiennent au patrimoine » de la Nation, indique le texte. Une formule qui pourrait compléter l’article premier de la Constitution sur la « République indivisible, laïque, démocratique et sociale », si la réforme est votée par le Parlement réuni en Congrès en juillet. Mais l’article 2 continuera de stipuler que « la langue de la République est le français ».
Ca c’est ce qu’un auditeur bien entendant a pu écouter sur France Info. Mais ce ragoût linguistique est un plat réchauffé puisqu’un projet identique, sous le règne de Jospin, a déjà été black boulé par le Conseil constitutionnel le 15 juin 99. Il faut croire que juin, pour les députés, c’est le mois de la langue.
Comme lors du précédent assaut contre « l’unicité de la république », les camarades de la Libre pensée remettent leurs barbes en position bataille et braquent le missile de la laïcité imaginé comme un ciment philosophique ennemi de toute forme de communautarisme, donc des langues régionales. Les frères de la Libre Pensée ont relu la décision du Conseil retoquant nos patois. Comme je suis paresseux, je les cite : « Quant on relit l’arrêt pris par le Conseil Constitutionnel il y a neuf ans, on s’aperçoit que sa décision est loin de s’appuyer seulement sur l’article 2 de la Constitution qui précise que « la langue de la République est le français ». En effet, au point 5 de ses attendus, le Conseil s’inspire aussi de l’article premier : « La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances ». C’est clair, le conseil dit qu’inscrire les langues régionales dans nos textes fondateurs, c’est faire le jeu du communautarisme, principe contraire à la République. » Fin de l’analyse de nos penseurs libres.
Si juin est le mois des langues c’est aussi celui du bégaiement démocratique. L’Irlande vote « non » et les salariés de la politique hurlent « on s’en fout ». Faudrait que nos députés pensent, entre deux voyages d’étude dans un pays chaud, à inscrire la suppression du suffrage universel dans la Constitution. Le Conseil a dit « niet » aux langues des maquis et bocages, mais on remet un projet identique dans le bastringue ! Personnellement, en tant que leader et membre unique du Front de Libération de l’Anjou, je me pose la question de ma langue, celle de l’empire Plantagenêt. Coup de pot pour nous, notre patois c’est le français. On pourra vendre des méthodes « A dix mille », genre français- berrichon, aux autres provinces.
Prenez nos voisins bretons. Ils sont si fiers de leur patrimoine salivaire qu’ils ont exigé que FR3 « Pays de Loire » balance des émissions en breton. Pour satisfaire trois gus, dont le réveil est en panne de piles depuis 1556 et qui baragouinent la langue de la duchesse Anne du côté de Nantes, on impose à des types de Saumur, de Sablé ou de Niort des heures télévisées de breton. Là je dis vive Loana et sa piscine. Ces bretons eux-mêmes ignorent que tout l’est du pays des chapeaux ronds a parlé longtemps un « patois angevin », qu’une autre partie de la Bretagne parlait le « gallo » d’origine celtique et la troisième enfin, ce qu’ils nomment le « breton » ? Alors, comment faut-il imprimer les formulaires administratifs distribués à Rennes ? En trois langues. Bientôt notre vie ne va pas être simple ! Mais pas de panique pour suivre les émissions de TF1 désormais diffusées en Esperanto, pour comprendre les subtilités de Cauet ou les nuances du Pétomane il n’est pas nécessaire d’entendre.
J’ai en mémoire un magnifique papier d’Angelo Rinaldi dans l’Obs. Il y parlait de la « langue » corse. Le désormais académicien nous disait que cet idiome sans grammaire n’était pas une langue et « qu’en dehors d’une certaine façon qu’ont les bergers ont en commun de siffler le soir pour faire rentrer les chèvres, le corse n’existait pas »…
Sans vouloir être injuste et cruel, mais en visant quand même les chevilles, faisons un peu d’histoire : si les occitans et basques n’ont jamais aimé Franco, trop de Bretons bretonnants et de Corses corsifiants, même archi minoritaires, n’ont pas vu de déplaisir dans l’occupation de la France par Hitler et Mussolini.
Le dernier problème touche aux immigrés, Hortefeux veut qu’ils sachent notre langue pour avoir des papiers… Parler le savoyard va-t-il suffire ? Dans le placard d’un bureau de Bruxelles, on a découvert, il y a peu, un projet étonnant. Des hauts fonctionnaires travaillaient sur une carte de la « Nouvelle Europe », sur le carton il n’y avait ni Allemagne, ni France ni Italie ou Espagne, aucune nation. La place était occupée par la Bretagne, la Lombardie, la Bavière, l’Ecosse. En revenir à l’avant Louis XI ? C’est sans doute ça la modernisation de la vie politique.
"Dans le placard d’un bureau de Bruxelles, on a découvert, il y a peu, un projet étonnant. Des hauts fonctionnaires travaillaient sur une carte de la « Nouvelle Europe », sur le carton il n’y avait ni Allemagne, ni France ni Italie ou Espagne, aucune nation. La place était occupée par la Bretagne, la Lombardie, la Bavière, l’Ecosse." …
… Source SVP ? Ou alors lorsqu’on est Jacobin tout est permis, y compris de lancer rumeurs et calomnies, puisqu’on est dans le camp du Bien, celui de la Rrrrrépublique Une Indivisible Et Obligatoire ?
Mes racines plonges profondément dans la terre d’Alsace, l’alsacien c’est ma langue maternelle et pourtant j’aime la FRANCE, mais pas celle de M. Jean-Marie BOURGET.
J’aime une FRANCE, haute en couleur et votre france jacobine, elle m’apparaît encore en noir et blanc.
Que la république soit une et indivisible, pourquoi pas, mais la France fût jadis une royauté, demain elle pourrait devenir une république fédérale et ce serait toujours la France, eh oui, il ne faut jamais refuser de grandir.
La France porte peut-être un vêtement constitutionnel, qui l’empêche de s’épanouir, comme une dame qui à l’âge adulte tient toujours à sortir avec les habits de sa frêle jeunesse.
Même certaines anciennes colonies auraient pu trouver un place au sein d’une fédération française. Mais non, au lieu de cela, une conception trop étroite de la France, irrite encore aujourd’hui certains de ses membres, la Corse, la Bretagne, l’Occitanie et même l’Alsace. On vexe, on ridiculise, on bafoue, à cause d’une langue régionale, d’un accent trop prononcé et même d’un foulard… puis l’on rejette les immigrés dans de hideuses banlieues… et on voudrait se faire aimer…
En résumé, j’accuse l’étroitesse d’esprit de la France jacobine, et elle seule, d’être à l’origine de certains mouvements autonomistes et séparatistes.
C’est elle, qui fait bégayer la démocratie française, mais l’histoire l’attend au tournant, puisque vous pensez qu’il faut toujours s’incliner face au plus fort, vous vous plierez devant le pragmatisme anglo-saxon et vous bégayerez maladroitement l’anglais…
Alors une autre minorité se réfugiera, auprès de la seule idée qui aurait pu préserver la pérénité de la langue française, une seconde langue, neutre, facile à apprendre et parfaitement rôdée, mais bafouée elle aussi par les "grandes gueules", l’ESPERANTO.