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Les flics s’emmêlent les fils dans le Taser (IIe partie)

Arme / vendredi 21 novembre 2008 par Xavier Monnier, Nicolas Beau
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Utilisation peu contrôlée, armes non-marquées, formation mal assurée, emprunt et échange de flingues, l’utilisation du Taser inquiète la police. « Bakchich » dévoile des documents… électrisants.

Deux ans après sa mise en service, les hiérarques de la police ont pris conscience en 2006 de la dangerosité du Pistolet à Impulsion Electrique, communément appelé Taser, comme l’a évoqué Bakchich.

Hasard de calendrier sans doute, 2006 est aussi l’année où les premières commandes publiques de Taser sont adressées à son importateur en France, SMP Technologies. Mille pour le Ministère de la Défense, 1000 pour l’Intérieur.

Mais, conscient de leur haute responsabilité et de l’impact d’une arme qui décharge 50 000 volts en 5 secondes, provoquant une «  rupture du système nerveux central (sensoriel et moteur) », point question pour les pontes de la maison poulaga de laisser leurs ouailles faire joujou tranquille.

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© Oliv’

L’utilisation du Taser sera drastiquement encadrée. Promis juré par le ministre de l’Intérieur de l’époque, un certain Nicolas Sarkozy. Devant les inquiétudes soulevées et soulignées par le député socialiste Christophe Masse dans une question écrite au parlement le 18 juillet 2006, le patron de la place Beauvau pose des jalons de contrôle.

Une vidéo pour contrôler l’usage du pistolet

Non-généralisation de leur emploi, formation spécifique des policiers qui en auront l’usage, encadrement juridique strict. Ce sera carré, promis. Et ajoute Nicolas Sarkozy : « afin d’assurer leur traçabilité et un suivi effectif de leur utilisation, les pistolets à impulsion électrique sont tous équipés d’un système de contrôle. L’arme est munie d’une puce à mémoire qui enregistre les paramètres de chaque tir (…) et permet de retracer l’historique de son utilisation ». Et ce n’est pas tout mesdames et messieurs, «  à terme un dispositif d’enregistrement audio et vidéo, qui se déclenchera à chaque utilisation, permettra les possibilités de contrôle », est-il posé dans la réponse écrite du ministre.

Une belle et bonne œuvre, qui a bien du mal à entrer dans les mœurs policières.

D’abord la formation n’a pas l’air de porter tous ses fruits auprès des flics. Ainsi, dans une note de service du 8 février 2007, le directeur central de la sécurité publique de l’époque Philippe Laureau s’inquiète «  des dysfonctionnements des pistolets à impulsion électrique Taser 1 ». En cause, les sympathiques policiers marseillais. «  Le 15 et 28 janvier 2007 (…) le GIPN Marseille a été confronté à un dysfonctionnement du Taser (…) Les ardillons se sont désolidarisés du fil conducteur, rendant l’ensemble totalement inopérant ». A court de jus les pauvres garçons. «  Ce dysfonctionnement pourrait être dû à l’introduction d’une cartouche destinée au Taser 2 dans un Taser 1 ». Au-delà de la faute de goût, une presque faute professionnelle. Histoire de, le ponte de la sécurité publique rappelle qu’il ne faut « procéder à aucun panachage » et que le «  personnel ne pourra utiliser le « Taser » seconde génération qu’à partir du moment où il aura suivi la formation dispensée ». Un rappel qui en appel d’autres. En haut lieu.

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Le fonctionnement du Taser mal assimilé à Marseille - JPG - 34.2 ko
Le fonctionnement du Taser mal assimilé à Marseille

Le 18 décembre 2007, le directeur central de la sécurité publique, Eric Le Douaron, sonne les cloches de ses affidés, comme en témoigne la note de service à diffusion restreinte, que Bakchich s’est procuré. « À ce jour, le nombre de fiches d’utilisations perçues par le bureau d’appui logistique et budgétaire et budgétaire (BALB) est très inférieur au nombre d’usages réels du pistolet à impulsion électriques par les services de la sécurité publiques ».

En langage moins châtié cela pourrait donner : « les gars bordel respectez les consignes ! ». La promesse de Sarkozy ministre de l’Intérieur, que chaque utilisation du Taser soit tracée, n’est apparemment guère respectée. Et les flics « tasent » plus qu’ils ne le disent. Peu acceptable pour le grand flic. « En raison de la particulière sensibilité de ce dossier (…) je vous demande de rappeler à l’ensemble des policiers placés sous votre autorité (…) d’adresser systématiquement au BALB la fiche d’utilisation consécutive à chaque usage ». Nerveux, le poulet. Ou tout simplement visionnaire.

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Le patron de la DCSP s’agace que ses consignes sur le Taser ne soient pas respectées - JPG - 124.3 ko
Le patron de la DCSP s’agace que ses consignes sur le Taser ne soient pas respectées

Les différents courriers envoyés après ce texte un brin inquiet ne rassurent pas.

Au 11 avril 2008, « près de 2000 pistolets à impulsion électrique (…) sont actuellement en service dans la police nationale », décrit le directeur de l’administration de la police nationale, Joël Pily, tout en notant « un nombre de panne non négligeable ». Mais malheureusement les règles, après dysfonctionnement ont du mal à être intégrés. Dans le processus normal, un seul service, la direction administrative de la police nationale, doit récupérer les joujoux et « la redistribution des matériels après réparation se fait selon la même procédure, à l’exclusion de toute autre ».

Las, «  depuis quelques temps, il a été observé que des PIE en panne ont été récupérés et parfois même échangés (…) directement par l’importateur français (…) De même des cas de prêts m’ont été signalés ». En résumé, circulent des armes non marquées et non traçables dans les services de police. Des armes vierges et hors contrôle.. «  Ces pratiques sont formellement interdites et doivent cesser sans délai », tonne Pily. A transmettre aux services concernés et à SMP Technologies, unique distributeur du Taser en France.

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Le Taser circule étrangement dans la police selon un de ses patrons - JPG - 70.9 ko
Le Taser circule étrangement dans la police selon un de ses patrons

Ultime étincelle dégôtée par Bakchich, le rappel d’instruction du directeur de la Police Urbaine de proximité, Alain Gardère, daté du 7 mai 2008. Où tout y passe…

Au sein de la DGPN, un groupe de travail sur le Taser a été constitué. Et bûche sévère. Avec une foultitude d’objectif dont celui «  d’estimer l’intérêt d’une évaluation médicale systématique du sujet maîtrisé par ce moyen » -merci pour lui- ou encore «  d’évaluer la nécessité d’adapter le dispositif de formation », charmante et bienvenue idée. Mais déjà, une grande découverte a été effectuée « proscrire tout usage du pistolet à impulsions électriques sur les quai et les voies de métro ». Enfin une avancée !

Demeure néanmoins une certaine difficulté à tracer les utilisations du Taser. « La mauvaise qualité des images déjà extraites due à une prise en main inadaptée de l’arme conduisant à masquer l’objectif ou à un balayage très rapide de la scène n’aide pas ». Au choix, les poulets sont mal formés ou s’ingénient à bloquer la caméra qui enregistre leurs actions. Simple procès d’intention ? Peut-être pas. « De nombreuses pannes résultent de mauvaises manipulations », dont, ô hasard « retrait de la caméra ».

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La Police s’affole toujours en mai 2008 pour contrôler e Taser dans ses services - JPG - 109.6 ko
La Police s’affole toujours en mai 2008 pour contrôler e Taser dans ses services

Arme à létalité réduite, les Tasers, à l’occasion, ne sont pas « tracées », leur utilisation soumise à un contrôle plus qu’aléatoire et le fournisseur, à en croire les notes de polices prend quelques libertés avec la loi. Pourquoi s’inquiéter ?

Précision du Patron de Taser France

Contacté avec soin, le patron de SMP Technologie Antoine Di Zazzo a fort aimablement répondu à nos interrogations. Tout d’abord ses armes sont tout à fait traçables. « Une puce électronique et un numéro de série sont inscrits sur chaque arme, et la police nationale elle-même ajoute un autre numéro ». Bref, trois empreintes pour le prix d’une. Quant aux menus soucis de distribution ou d’échanges d’armes hors du circuit traditionnel, ce ne sont que des anicroche. « Durant dix-huit mois, la période test, nous étions directement en rapport avec certaines services. Depuis, tout a été centralisé et la procédure est très lourde. Certains policiers râlent car le matériel est très fragile, les pannes fréquentes, et le processus de remplacement long. Mais nous n’avons fait qu’un remplacement de 48 heures, c’était un cas très précis. ». Nous voilà rassurés. Gageons que les pontes de la police aussi.

A lire ou relire sur Bakchich.info

Les pontes de la police sont presque du même avis que Besancenot, le Taser peut tuer. « Bakchich » publie les documents internes des flics qui en confirment la « létalité réduite ».
Olivier Besancenot a profité du procès l’opposant au distributeur du pistolet en France pour relancer le débat sur les dangers de l’arme. Retour en vidéo sur les pires dérapages du Taser.
Papier modifié, avec ajout de la réponse de SMP Technologie à 13 heures

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12 MESSAGES
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Forum

  • Les flics s’emmêlent les fils dans le Taser (IIe partie)
    le mardi 25 novembre 2008 à 08:01, oblomov a dit :
    Un policier resiste-t-il toujours à la tentation de s’amuser avec son jouet ? Pas aux E_U en tout cas.
  • Les flics s’emmêlent les fils dans le Taser (IIe partie)
    le dimanche 23 novembre 2008 à 17:20, MP93 a dit :

    Je constate que mon message n’a pas été mis en ligne bien que politiquement correcte car il apporte la contradiction.

    cela me conforte dans mon jugement vous concernant.

    Je vous présente mes majeurs érigés en guise de salut !!!

  • Les flics s’emmêlent les fils dans le Taser (IIe partie)
    le samedi 22 novembre 2008 à 11:37, mancks a dit :
    sait-on combien de fois le taser a été utilisé et pour quels cas. Avez-vous eu des infos de la part de la direction de la police. Nous ne savons pas si cette arme est utilisée régulièrement ou non ? Pouvez vous nous renseigner ? Merci Mancks
  • Pourquoi ? Mais pourquoi ? Quelle angoisse
    le vendredi 21 novembre 2008 à 19:47, Gracchus a dit :
    Qui a une idée sur les raisons pour lesquelles des flics mis en possession d’un de ces jouets essaient d’enlever la caméra incorporée ? C’est bizarre quand même, il n’aiment pas le cinéma ?
  • Les flics s’emmêlent les fils dans le Taser (IIe partie)
    le vendredi 21 novembre 2008 à 18:34, paratonnerre a dit :

    une parade contre le taser :

    des tissus isolants genre electriciens,

    des vestes d’escrimeurs ,

    une cote de mailles sur un vetement isolant .

    quelque soit l’ampérage,une tension de 24 à 48 vols peut provoquer fibrillation et arrêt cardiaque :

    le taser est officielement léthal .

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