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Les démocrates américains sont-ils suicidaires ?

Chronique américaine / mardi 18 mars 2008 par Doug Ireland
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Outre-Atlantique, notre chroniqueur Doug Ireland se fait un sang d’encre : la guerre civile entre Barack Obama et Hillary Clinton causera-t-elle la perte du Parti Démocrate à la prochaine présidentielle ? Ca en prend malheureusement le chemin…

Ces jours-ci, une blague circule dans les rangs des Démocrates : « Quand ceux-ci forment un peloton d’exécution, ils le font en cercle ». Sous-entendu, de façon à se tirer dessus au passage. Cette plaisanterie trouve son origine dans l’actualité interne du parti qui s’apprête à revoir ses propres règles du jeu pour l’investiture présidentielle. Or, non seulement toute modification à ce stade du processus de désignation du candidat risque de plomber Barack Obama, mais, de plus, 41 Etats sur 50 ont déjà voté lors de primaires ou de caucus.

Comment en est-on arrivé là ? Pour comprendre le fichu désordre dans lequel les Démocrates se trouvent désormais, il faut revenir en arrière. Au moment où les démocrates de Floride et du Michigan ont décidé d’avancer la date de leurs primaires au mois de janvier. Contre l’avis du comité exécutif des instances nationales du parti qui les a menacé de sanctions en des termes peu amènes : si vous modifiez la date du vote contre notre avis, affirmait doctement la Commission des Règles, vos délégués ne siègeront pas à la convention nationale du mois d’août où sera désigné notre candidat. Autre menace : les prétendants à l’investiture présidentielle ne pourront pas faire campagne dans vos Etats.

Un vote factice

Qu’importe ! Les Démocrates du Michigan et de Floride sont passés outre et ont voté en janvier. Barack Obama a, lui, respecté les règles édictées par le parti et n’a pas fait campagne dans ces deux Etats. Idem pour Hillary. Dans le Michigan, Obama a même refusé que son nom soit inscrit sur les bulletins de vote. Néanmoins, quelques cinq millions de Démocrates se sont rendus aux urnes tout en sachant qu’il s’agissait d’un vote factice, sans effet réel sur la convention d’investiture.

A ce moment précis — nous sommes en janvier —, la campagne de Barack Obama n’a pas encore décollé. Le sénateur était même peu connu dans ces deux Etats. Sans surprise, Hillary l’a donc emporté massivement à hauteur de deux voix contre une en Floride, et à 70 % dans le Michigan où seul son nom figurait sur les bulletins de vote. Malgré ces deux “victoires”, Clinton n’en a tiré qu’un maigre bénéfice publicitaire. De leur côté, les instances dirigeantes du parti pensaient à l’époque que les votes de ces deux Etats dissidents n’auraient pas d’incidence sur le choix du candidat final car à l’époque tout le monde croyait que le Super-Tuesday du 5 février au cours duquel 24 Etats devaient voter simultanément mettrait fin au duel Obama-Clinton.

Avantage Obama

Il n’en fût rien. Barack Obama a gagné 14 Etats contre 8 pour Hillary lors du Super-Mardi. Il a aussi dépassé Hillary en nombre de délégués (847 contre 834.) Et depuis, le combat entre les deux candidats reste serré avec un avantage pour Obama en nombre d’Etats gagnés, en nombre de délégués et en nombre de votes populaires. Résultat : il y a deux semaines, le staff de campagne d’Hillary a subitement réalisé que la candidate ne pourrait plus rattraper Obama en nombre de délégués élus. En dépit des neuf primaires et caucus qui restent avant la grande convention d’investiture du mois d’août, madame Clinton ne peut qu’au mieux espérer voler la nomination grâce aux super-délégués qui, rappelons-le, ne sont pas élus et officient comme gouverneurs, membres du Congrès ou du comité exécutif du parti. Un peu moins de la moitié de ces super-délégués ne se sont pas encore prononcés pour l’un ou l’autre des deux candidats même si en mars l’élan produit par les victoires électorales d’Obama en a convaincu soixante de rallier le sénateur contre trente pour Hillary.

Et voilà pourquoi Hillary, désespérée, a commencé à militer pour qu’un nouveau vote (qu’elle pense gagner) soit organisé en Floride et dans le Michigan. Son calcul est le suivant : en l’emportant dans ces deux Etats, elle compte convaincre de nouveaux super-délégués de basculer de son côté. Le 14 mars, dans le Michigan, où le Gouverneur Jennifer Granholm est un ardent supporter de la sénatrice new-yorkaise, le Parti Démocrate a annoncé qu’il cherche à organiser une seconde primaire le 3 juin. Petite précision : cela nécessite un vote d’approbation de la législature bicamérale du Michigan dont l’une des deux chambres est contrôlée par le Parti Républicain qui préfère affronter Hillary en novembre. Et pour cause ! Un nouveau sondage du Wall Street Journal (dont les sondages figurent parmi les plus fiables car ils sont conjointement menés par un sondeur démocrate et un sondeur républicain) montre que seulement 27% des électeurs trouvent la personnalité d’Hillary « attachante ».

Chantage au vote McCain

En Floride, le Parti Démocrate local, où Hillary jouit de solides appuis, a lui aussi été fortement influencé par un sondage Gallup publié la semaine dernière. Exclusivement effectué auprès de Démocrates s’étant prononcés lors des primaires de Floride en janvier, il montre que si leur vote n’est pas pris en compte pour l’investiture du parti, 28 % d’entre eux menacent purement et simplement de s’abstenir de voter en novembre ou, pire, de voter pour le Républicain John McCain ! Du coup, les Démocrates de Floride ont, eux aussi, mijoté un plan pour revoter… par la poste ! Du jamais vu dans l’histoire des primaires américaines sans parler du fait que les risques de fraudes sont avérés. Evidemment, ce plan qui prévoyait l’organisation de nouvelles primaires démocrates était soutenu par le gouverneur Républicain de Floride, Charlie Christ, qui, lui aussi, aurait préféré voir Hillary l’emporter et ainsi semer la pagaille au sein des Démocrates.

Mais le soir du 17 mars, la présidente du Parti Démocrate en Floride, Karen Thurman, a jeté l’éponge et annoncé que le plan d’un nouveau vote par voie postale était enterré. Elle a en effet reçu des « milliers » de messages de Démocrates locaux ne voulant pas d’une nouvelle primaire, à fortiori si les votes sont envoyés par la poste. « La Floride ne veut pas de ce vote, elle ne l’aura pas », a finalement déclaré Karen Thurman. De plus, les états-majors des deux candidats démocrates à la présidentielle s’étaient opposés à un vote par la poste, trop peu fiable à leurs yeux. Reste maintenant à résoudre le problème de la présence ou non de délégués de Floride à la convention d’investiture du mois d’août. La Commission des Règles du parti – dominée par les supporters d’Hillary Clinton en raison du rôle clé qu’y joue son “chasseur” de super-délégués, le tacticien et vétéran Harold Ickes – est saisie de la question. Si un accord entre les deux candidats n’est pas négocié au niveau national, la question de la Floride pourrait bien devenir une bataille en août prochain et laminer le Parti Démocrate.

Appel aux noirs et aux jeunes

Le fait que les Républicains frétillent à l’idée qu’Hillary soit investie grâce à un second vote dans le Michigan ainsi que par l’intermédiaire des super-délégués montre qu’il s’agit aussi d’un pari à hauts risques pour les Démocrates. Pour les analystes et commentateurs noirs il ne fait même aucun doute que si les règles d’investiture évoluent au beau milieu de la bataille et au détriment d’Obama et si ce sont les super-délégués qui font pencher la balance en faveur d’Hillary, les blacks s’abstiendront de voter en novembre. Tout comme les électeurs de moins de trente ans, très pro-Obama. Or, sans un vote massif des noirs et des jeunes, il n’y aura pas de Démocrate à la Maison-Blanche. Il y a même péril en la demeure. Déjà, la “guerre civile” entre les deux candidats Démocrates doublée du recours à la carte raciale par les Clinton (lire Les Clinton jouent la carte raciale contre Obama) a abouti à un effritement de l’avance d’Obama et d’Hillary sur John McCain. Dans le dernier sondage du Wall Street Journal, le Républicain est presque à égalité avec les deux Démocrates.

Sur les élections américaines, lire aussi dans Bakchich :

Qui veut assassiner Barack Obama ?

Les Clinton pour une poignée de dollars


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1 MESSAGES

Forum

  • Les démocrates américains sont-ils suicidaires ?
    le jeudi 20 mars 2008 à 15:50, Todaline a dit :
    Doug, une petite correction, en Floride la victoire de Clinton etait de 49.7% contre 33% pour Obama, et 55.3% contre 40% au Michigan.
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