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Lavis Noir : les épisodes 17 et 18 de notre feuilleton de l’été

Roman / samedi 26 juillet 2008 par Briscard, SP. Truptin
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« Lavis Noir », c’est un feuilleton parisien. C’est l’histoire de Loïc et Josy, les amants du Pont d’la Butte. Y a de l’action, de la morale et du cul. Il y a surtout une formidable intrigue policière et un suspens haletant. Ce qui est bien le moins pour un feuilleton. Et c’est aussi une galerie de personnages - Miche la Gratouille, Toussaint l’Haïtien, Fabio le Calabrais…- qui vous feront vibrer tout au long de l’été. Aujourd’hui, les épisodes 17 et 18.

17. Bellérophon

Episode 17, Bellérophon - JPG - 24.9 ko
Episode 17, Bellérophon
© SP Truptin

Loïc Lekervelec, peintre de Montmartre et dealer à la p’tite semaine, était bien emmerdé en sortant d’chez Elo. Sa condition de pauvre, d’un coup, lui remontait dans la gueule, âpre et amère. Il avait eu beau la jouer marlou devant la chanteuse, et l’assurer qu’il allait lui trouver la caution rapidos, il savait bien qu’il était totalement incapable de trouver le début du commencement du financement de celle-ci. Jamais ses bailleurs de fonds habituels lui passeraient cinq briques pour investir dans un dessin ! Ni dans autre chose d’ailleurs. Seul Fabio, dont l’business c’était quand même un peu l’art, aurait peut-être pu être branché sur le coup ; mais l’état de ses relations avec Loïc ne permettaient pas vraiment à ce dernier d’envisager une joint venture avec le rital ombrageux. En plus, Fabio, c’était couru d’avance, aurait cherché à repasser et Lekervelec, et Elo…

Loïc Lekervelec était bien emmerdé… Et ce d’autant plus que, malgré la tenue loqueteuse de la chanteuse, il avait toujours une putain d’envie d’lui jouer Ramona sur l’air de Jumpin’Jack Flash ! Et, franchement, quelques p’tits billets d’mille, ça assoit le standing d’un monsieur qui convoite une dame, et ça favorise la conversation, faut reconnaître. Loïc trimballa sa morgue jusqu’à son galetas où l’attendait Josy… Josy… il l’avait presque oubliée… Faut dire, s’prit-il à penser, que Josy, à côté d’Elo, même pas trop fraîche, c’était tout juste de la gentille petite poupée, pas franchement tarte, mais pas Pravda la Survireuse non plus ! Lekervelec, là encore, mesurait la médiocrité de sa vie, qui n’était décidemment pas la meilleure partie de son existence !

Tandis qu’il remuait ces noires pensées, Josy - pauvre agnelle - venait de rentrer chez l’Infâme ; elle avait touché les intérêts annuels de son livret de caisse d’épargne et de prévoyance, qui était plein comme un œuf tout chaud, et, avec les p’tits sous ainsi récoltés, elle avait acheté une jolie gourmette à grosse maille en argent massif, avec une plaque gravée « Loïc « sur l’endroit et « Josy Cœur « sur l’envers. Et bien qu’il n’y eut aucune fête à célébrer, elle avait également préparé un petit repas de gala, bloc de pâté au foie gras, saumon fumé et œufs de lump toastés, le tout arrosé d’un Crémant d’Alsace tiède…

Car si Josy dépensait sans compter, pour sa crapule de Loïc, qui n’le méritait pas, c’est bien que, si l’amour est enfant de bohème, la passion est fille de chimère. Et à voir la passion à Josy, on se prenait à regretter qu’il n’y ait pas eu de Bellérophon pour la buter, sa chimère pourrie, à Josy. Mais quand on a les fesses mouillées, on se sent plus pisser, et du coup Josy se perdait là où elle pensait se trouver.

18. Tout

Episode 18, Tout - JPG - 29.5 ko
Episode 18, Tout
© SP Truptin

Loïc contemplait sa gourmette d’un air rêveur. Soixante mille… Enfin soixante deux mille trois cent cinquante quatre, très exactement. Josy avait plus de six plaques sur son livret d’caisse d’épargne ! C’est en feuilletant machinalement, mais bien curieux quand même, le livret que Josy avait laissé traîner, que Lekervelec avait trouvé le jack pot. Il savait bien que sa mère avait laissé à Josy un peu de monnaie, les économies de sa vie de labeur au P’tit Relais, rue de Clignancourt ; elle lui avait aussi vaguement parlé d’un grand oncle, du côté de Valenciennes, qui lui avait légué, en clabotant, quelques pièces d’or… Mais, merde, soixante mille balles, c’était quand même plutôt croquignolet…

Alors Loïc se mit à avoir de mauvaises pensées. Des pensées où le visage d’Elo, et ses seins aussi, un peu, se mêlaient au Van Dongen, le lavis noir et sang… Cinquante mille de caution avait réclamé Elo… avec les soixante mille à Josy, il pouvait payer le gage, et il lui restait dix mille pour voir venir, et ses faux frais au cas où il aurait eu à conduire une négo serrée pour le Van Dongen…

Lekervelec avait la cervelle bouillante et les tempes façon braise quand il attaqua Josy :

- Dis-moi, p’tit sucre, tu as confiance en moi ?

- Oh, Kerounet, bien sûr, que j’ai confiance… Bien obligée, puisque je t’aime ; et puis pourquoi me tromperais-tu ?…

- Oh non, je parlais pas d’coucherie… je veux dire… tu accepterais, je veux dire, éventuellement… si l’occasion s’présentait, de me prêter un peu d’argent ?… Mais juste pour me dépanner un mois ou deux…

- Mais bien sûr, mon Kerou… bien sûr, tout ce que tu veux !

Tout en parlant Josy, passa sa main dans la tignasse de Loïc ; il avait horreur de ça, mais, pour l’occasion, il la laissa poursuivre sa manoeuvre : six putains de grosses patates valaient bien un épouillage…

- Alors voilà, ben l’occasion s’présente.

- J’m’en doutais ; je commence à t’connaître, tu sais. J’te voyais bien tourner autour du pot ! Et tu as besoin de combien, mon Kérou doux ?

Plus encore que la main dans les ch’veux, Loïc, qui était plutôt fier de son nom, abominait tous les petits noms dont l’affublait Josy ; mais là encore, il sut dissimuler son agacement : six grosses patates…

- Et bien voilà, j’suis sur une belle affaire, mais j’ai besoin d’investir un peu pour récupérer gros… Si tu pouvais me dépanner de soixante mille balles…

Loïc hurla : Josy venait de lui planter les ongles de ses doigts crispés dans le cuir chevelu. Elle desserra son étreinte, enleva sa main doucement et murmura, dans un souffle :

- Prends tout… prends tout… (à suivre…)

Pour lire ou relire les derniers épisodes du roman :

Le Paris de la fin des années 70. Entre rades de Barbès, Clichy, Montmartre. Narré avec l’argot du coin, loin des titis parisiens. Et une histoire d’escroc à la petite semaine qui voit débarquer l’occasion de sa vie. Une jolie fiction d’été, un cadeau (…)
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