« Lavis Noir », c’est un feuilleton parisien. C’est l’histoire de Loïc et Josy, les amants du Pont d’la Butte. Y a de l’action, de la morale et du cul. Il y a surtout une formidable intrigue policière et un suspens haletant. Ce qui est bien le moins pour un feuilleton. Et c’est aussi une galerie de personnages - Miche la Gratouille, Toussaint l’Haïtien, Fabio le Calabrais…- qui vous feront vibrer tout au long de l’été.
Nue, allongée sur le canapé, une jambe repliée sous elle, poils et cheveux encore collés par la sueur et les épanchements de Loïc, Josy respirait doucement, maintenant, un sourire apaisé illuminant son pauvre visage sur lequel le rouge Gemey se mélangeait au Ricil mouillé des larmes du bonheur. Lekervelec, nu lui aussi, le goumi encore vibrant de son équipée sauvage, la photographiait sous tous les angles. « Il n’est pas aisé à l’art, qui n’a point de mouvement, de réaliser une action dont le mouvement fait toute l’âme ; et voilà ce qui fait à la fois de la gravure l’art le plus difficile et le plus ingrat. », qu’il lui avait citationner, histoire de justifier sa séance photo… L’immortaliser sur la toile, qu’il avait dit… La graver à l’eau forte… En réalité Loïc venait surtout de la gaver de Label 5 et de yamba… Après l’épouvantable épisode musical, il avait roulé un cône façon Miko, mais garni Nature et Progrès ! Car Loïc s’approvisionnait souvent auprès des bad boys de Clichy, aussi bien en modèles pour ses images pornographiques, qu’en chichon tout frais. Josy - pauvre agnelle - ne savait même pas qu’il pût exister de ces herbes qui font rire les garçons et défont les soutifs des filles… Aussi quand Loïc lui fit passer l’bedo, elle en aspira une grande bouffée, cracha ses soufflets sur l’tapis marocain, et partit aussi sec au Pays de Candy ! La suite ne saurait se raconter, tant Loïc Lekervelec usa et abusa de Josy, qui n’avait connu de l’homme que Fabio, un rital de Buzenval, qui l’avait gentiment bousculée, et déflorée, un soir de 14 juillet où elle faisait un extra dans mon rade. Aussi ne raconterai-je pas comment Lekervelec la doigta, la pina, la culbuta, la mouilla, la suça, l’encula, la fourra, l’entra, la planta, l’enfila… Bref, la baisa. Et Josy, pauvre chiffe molle, enkiffée et abrutie par le mauvais whisky, se laissa prendre, par tous les trous, comme un jouet docile entre les mains expertes de l’Infâme : jamais elle n’avait joui comme ça… Et maintenant le sinistre suborneur, la photographiait, tant pour satisfaire son penchant pervers pour l’image qui énerve, que pour l’immortaliser en Dame de Cul, dans un jeu de cartes pornographique qu’il avait en chantier…
Tout ça, l’histoire du ciné et d’la piaule à Lekervelec, c’est un peu par hasard que j’l’appris… par les délires de picoles à Loïc, qui avait très vite pris ses aises dans mon troquet, où il pouvait pérorer et s’faire payer des jaunes par des clients abusés. Loïc, faut quand même lui reconnaître cette qualité, surtout que c’était p’têt bien la seule qu’il ait eu, il avait pas l’vin mauvais. Au contraire, même : il était plutôt sur la poilade et l’esprit taquin, quand il avait sa dose. Souvent, il v’nait chercher Josy à la fin d’son service, mais la laissait partir seule pour sa vacation au Nord-Sud, pauvre agnelle, tant il était embarqué dans une épopée vineuse et zobeuse, dont il ne pouvait s’extraire. C’est ainsi qu’il nous avait, un jour de biture avancée, plus ou moins raconté, sans vergogne, ni trop de respect pour la gamine, l’emboutissage à Josy. Manque de bol pour lui, ce jour là, y avait Fabio… Fabio, c’était pas l’méchant gars, et Josy, ç’avait pas été non plus la femme de sa vie. Mais quand même. Quand même, c’était un rital ; et le rital, il est comme il est, mais sur la gonzesse, faut pas trop l’titiller. Or, Loïc titilla. Déjà, ce qui l’avait un peu agacé, Fabio, c’est quand Loïc avait laissé entendre, que tous les mecs avant lui, avec Josy, c’étaient des branques et des mal-baisants. Puis là où il fut carrément irrité, c’est quand Lekervelec, affirma que celui qui lui avait fait sauter l’berlingue, à Josy, c’était un gougnafier d’première, qui lui avait même pas laissé un p’tit échantillon du savoir niquer en société. Mais ce qui lui fila les glandes, à Fabio, c’est quand Loïc termina sa diatribe en affirmant que selon lui, son premier, à Josy, c’était soit un puceau, soit un pédé ; et là-dessus il éclata d’un rire qu’il voulait nietzschéen, mais qui ne fut qu’étranglé. Faut dire qu’c’est pas trop facile d’essayer d’rire, avec un œuf dur coquillé au fond du gosier, et un acharné qui vous secoue en gueulant : « Tou vas l’avaler, stronzo, tou vas l’avaler. « Et le plus marrant, c’est qu’les œufs durs, ben c’est Loïc qui m’avait suggéré d’les mettre à dispo au comptoir. Comme quoi… (à suivre…)
Pour lire ou relire le début du roman :
© Tous droits réservés aux auteurs