La guerre pour le contrôle des ports continue en Afrique. Et a contraint les avocats de Bolloré à faire une petite escale au Cameroun cette semaine, toujours grâce à celui qui a asticoté leur client, le trop méconnu Jacques Dupuydauby.
Au moins les avocats de Vincent Bolloré, l’ami yachtman du président, voient-ils du pays. Des voyages à n’en plus finir. Togo, Gabon et bientôt qui sait, au Congo Brazzaville, Congo-Kinshasa voire plus. La semaine dernière, c’était Cameroun. Mais ces voyages, s’ils forment la jeunesse, fatiguent un peu les ténors du cabinet Lombard, tant ils se répètent. Et tournent à la traque du trop peu connu, et pourtant si primesautier Jacques Dupuydauby. Depuis près de 5 ans, Marie-Jacques Dupuydauby s’est lancé dans une petite croisade fort distrayante, évincer le groupe Bolloré de ses juteux terrains de prédilections : le contrôle des ports africains. Pour lui piquer sa place, « en aidant l’Afrique », cela va de soi. Et la bataille se joue à coups de procédures et de contre-attaques judiciaires à Lomé, à Libreville et Port-Gentil et à Douala et Yaoundé. Bolloré dépose les plaintes commerciales et pour diffamation, Dupuydauby les procédures pour corruption et favoritismes. Pas très courtois entre deux anciens associés (Lire plus bas l’encadré sur la guerre des ports).
Mais Bolloré se veut assez peu dépensier. « Rien qu’au Togo, Dupuydauby nous coûte trois millions d’euros par an en gardant le contrôle du port, alors que la justice nous donne raison », peste-t-on dans l’entourage de « Vincent ». Et Dupuydauby se révèle fort rancunier, gardant un chien de sa chienne à Bolloré depuis… 1986.
À l’époque président de la SCAC, l’ami Marie-Jacques se voit bien racheter la société de transit de marchandises avec l’appui de ses copains, notamment Francis Bouygues et le soutien de belles huiles chiraquiennes du RPR. Las, Bolloré rafle le magot contre 250 millions de francs et prie « Dupuy » de déguerpir. « Nous allions investir plus d’argent, Bolloré l’a raflé grâce à l’appui des Balladuriens », fulmine encore le garçon qui concède que depuis, « les relations avec Bolloré sont très tendues ». Son recasage immédiat comme vice-président de Bouygues, où il pilote l’achat de TF1, ne calme ni sa rancœur, ni son goût du large. Et 10 ans de Bouygues, achevé par une mise en examen pour fausses factures (il a été acquitté en 2004) n’y suffiront pas. C’est que le bonhomme a tout de même 12 années de présidence des ports français au compteur…
Alors, il se relance dans les ports en Afrique, en 1999. Et à la poursuite de Bolloré « ce corrupteur d’âme et d’esprits » depuis 2004. Mais en ces temps de Sarkozie galopante, les prudes cartes chiraquiennes de Dupuydauby sont un peu écornées. Les conseils Michel Dupuch (ex-conseiller Afrique de Jacquot) et de Rémy Chardon (ancien dir’cab de Chirac à la Mairie de Paris), ne sont plus aussi avisés que par le passé. « Au moins la Françafrique d’avant était correcte, il y avait du respect au moins dans la forme », regrette-t-il. Ah le temps qui court… « J’ai 62 ans, je n’ai rien à perdre, je pourrai toujours vivre de mes réserves, l’autre risque beaucoup plus ! Vous comprenez ce que je dis ». Certes. L’animal, « un peu givré », concèdent ceux qui l’ont côtoyé, a encore un pouvoir de nuisance. Que les Bolloré Boy’s soupçonnent de vouloir monnayer…
En 1999, l’ami Dupuydauby établit le contact avec la multinationale de Bolloré. Objectif, contrôler la manutention et le fret dans les ports de Lomé (Togo), Libreville et Port-Gentil (Gabon). Ainsi naît Progosa Investment, la société de Jacques, détenue à 99,9% par Bolloré et dirigée par l’ami Jacques, qui remporte haut la main un appel d’offres pour le port de Lomé. Bolloré investit 20 millions d’euros, paie Dupuydauby 30 000 euros par mois et pose un pied au Togo et au Gabon… Une jolie affaire. Sauf qu’une légère friture sur la ligne apparaît dès 2003. Bolloré accuse Dupuydauby de siphonner ses entités et leurs actifs à son profit… Procès gagné au Togo et perdu, en dernière instance, au Gabon.
Et, des procédures, découle une situation légèrement ubuesque. Bolloré, défait à Libreville, contrôle toujours l’activité du port.
Tandis que Dupuydauby garde la haute main sur la rade de Lomé, tout en étant débouté…
Lire ou relire dans Bakchich :
Mesdames,Messieurs, de Bakchich.
J’ai le sentiment,(à tort, peut être…)que vos récents problèmes de trésorerie vous ont amené à une redéfinition ou ajustement de votre ligne éditoriale.
A vous lire sur la composition de votre nouvel actionnariat.
Cordialement,