Finie la gaudriole pour le bon docteur Jack Kachkar. En début d’année, l’inimitable Jack, sorti du chapeau de Robert-Louis Dreyfus, s’est évertué à animer les coulisses de l’Olympique de Marseille. Avec un sujet en or, racheter le club pour 110 millions de dollars. Une galéjade comme seule la plus belle ville – et le plus grand club de foot du monde – peuvent en créer et en supporter. Visite des installations du club, rencontre avec tous les dirigeants, libre accès aux médias et aux loges du stade Vélodrome, interview à répétitions, discussion avec les joueurs, grands discours sur le futur. Tout ça gratis. Bref du grand art parachevé par un hommage appuyé à Guignol : danse sur les tables du vestiaire et champagne bu au goulot avec les joueurs marseillais après la victoire sur l’équipe de Guignol, Lyon, en coupe de France.
Un exploit qui a relégué dans la mémoire des supporters au rang de simple boutade le danse en tongs de Louis-Dreyfus. En ces temps béni, seuls quelques pisse-froids ont osé douter. Tout cela parce que Jack le farceur est un homme d’affaires d’origine libano-syro-arménien, à épouse russe, qui a fait fortune aux États-Unis et a été naturalisé canadien. Certains ne savent pas s’amuser, Jack si. Un merveilleux poète qui a du, comme tout un chacun, revenir à la dure réalité. D’abord quand Louis-Dreyfus a voulu voir le grisbi. Pourtant habile joueur de poker, RLD n’a vu le bluff qu’après plusieurs mois de farce et plusieurs mènes. Pour finalement, après divers reports, rompre les négociations en vue de la vente du club. Et les appels du pied de Kachkar, prêt à remettre le couvert pour une nouvelle représentation, n’y ont rien fait. Le spectacle fini, il a fallu repartir au turbin. Et là pas de chance, Jack a de menus soucis avec sa société phare Inyx.
La SEC (Security Exchange commission, le gendarme de la bourse américaine) s’intéresse même de fort près à sa boîte pharmaceutique Inyx Inc, et ses filiales en Grande-Bretagne, Inyx Pharma Limited, Inyx Europe Limited et Ashton Pharmaceutical Limited. À en croire un rapport de la SEC daté du 3 juillet et tombé sous les yeux de Bakchich (et consultable sur le net), un sale coup venu de Porto Rico a même plombé la tranquille vie des filiales. La Western Puerto Rico Bank, principale établissement prêteur de la société a coupé les robinets le 28 juin. Et de méchante manière, en arguant que « que les sociétés britanniques étaient défaillantes sur les accords de prêt et de sécurité » (traduit approximativement de l’anglais). Pire, un « administrateur nommé par une cour britannique a pris le contrôle des compagnies ». Une sale embrouille contre laquelle Kachkar se défend avec sa fougue habituelle. Une procédure initiée dès le 29 juin contre la Western devant la cour suprême de New York, avec une demande de dédommagement de 500 millions de dollars. De quoi largement racheter l’OM, on sait jamais… dans le même temps, vicieuse, la banque exige que soient honorées toutes les créances dues, aux États-Unis comme en perfide Albion. Prudent, le 2 juillet, Kach’ et sa femme placent les filiales américaines d’Inyx Inc, sous protection de la loi Yankee sur la faillite…
Et oui, si Jack n’est pas sur la paille, ses sociétés n’arborent pas une forme olympique. Et Inyx a initié une procédure au tribunal des faillites (Bankruptcy court), histoire d’essayer de sauver la mise. « Le docteur Kachkar cherche actuellement à apporter des financements (…) afin de leur permettre de continuer leurs opérations et leurs activités de développement. » En attendant, c’est la valse dans les comités directeurs desdites sociétés, avec des démissions en série.
Autant de termes compliqués qui recouvrent une réalité toute simple. L’incorrigible Jack a réengagé une partie de son jeu préféré, le Kach-cash.