Comme ses prédécesseur Mandela et Mbeki, le président sud-africain cultive quelques valeurs. Les siennes sont d’une espèce plus sonnante.
Quelques semaines avant la Coupe du monde de foot organisée dans son pays, le président sud-africain Jacob Zuma – 68 ans, dont un de mandat peu convaincant – a décidé, simple hasard, d’une énorme campagne de prévention et de dépistage du sida. Pas du luxe : le taux de séropositifs dépasse là-bas le dixième de la population. Un record mondial et une catastrophe nationale, en sus d’une violence endémique et d’une misère persistante.
À tout le moins, « JZ » s’est amendé. En 2006, il a été lavé, non sans mal, d’une accusation de viol, chez lui, de la fille, séropositive, d’un ami. « Elle n’avait pas de culotte », a juré au tribunal l’une de ses propres filles, l’un de ses 18 ou 19 enfants. Exact, la victime, 31 ans, venait d’aller se coucher. Dans de mauvaises conditions peut-être. « Dans ma culture, a plaidé Zuma, on ne peut pas laisser une femme excitée sans rien faire. » Et de préciser qu’à titre prophylactique, il s’était, ensuite, administré « une douche vigoureuse ». Détail, Zuma a longtemps présidé la commission nationale de lutte contre le sida.
Il se tire de tout, le populiste Jacob, gardien de chèvres à 6 ans, ex-compagnon de détention de Mandela, ex-chef des services secrets de l’ANC (Congrès national africain) clandestin. Ces dernières années, il s’est aussi tiré d’une plainte pour corruption qui lui a cependant coûté son poste de vice-président du précédent chef de l’État, Thabo Mbeki. Selon l’accord conclu, contre versement d’une rente annuelle, notre ami garantissait à une filiale de Thales « une protection politique » et l’équipement de quatre Corvette. Le seul à morfler (sévèrement) fut un « conseiller » de Zuma. Un peu plus tôt, ce dernier, pas chien question fonds publics, avait aussi fait jaser en équipant deux de ses compagnes de véhicules de luxe. Chrétien polygame, Zuma le zoulou a du reste convolé pour la cinquième fois (au moins) en début d’année. Sa troisième épouse s’est toutefois suicidée en 2000 en laissant un mot où elle dénonçait « vingt-quatre années d’enfer »…
Précision, pas encore président, Jacob s’est dit aussi impressionné par l’air « très engageant » et « le style unique » de Sarko, de passage au Cap, en 2007. Ce sont d’ailleurs des flics français qui entraînent les forces de police sud-africaines en prévision d’éventuels débordements de la Coupe. En ce domaine répressif, et alors que la presse s’alarme des menaces de quelques officiels, le secrétaire d’État à la police a beaucoup rassuré en novembre en lançant à ses troupes : « Tirez sur les salauds ! Visez les criminels à la tête ! » D’aucuns assurent que l’Afrique du Sud de Zuma a peu à voir avec celle de Mandela. Propos de « salauds » ?