Irangate à Asnières-sur-Seine

Procès en cascades, perquisitions, menaces, « notes blanches » des RG et de la DST à foison, l’étrange feuilleton a déjà entraîné la mise en place d’une commission d’enquête (municipale) sur les relations de la ville d’Asnières avec le régime des mollahs.

Dernier épisode en date d’une saga qui semble échapper à tout contrôle le limogeage par Manuel Aeschlimann, député maire d’Asnières, proche de Nicolas Sarkozy ( et membre du groupe d’amitié France-Iran voir p.2), de son très fidèle directeur de cabinet Francis Pourbagher. C’est peu dire que le dir’cab -d’origine iranienne- était contesté par l’opposition municipale ; tant pour ses méthodes abruptes que pour son affection présumé pour le régime iranien avec notamment l’organisation d’une exposition culturelle iranienne sous l’égide de l’ambassade. M. Pourbaguer a aussi un frère. Selon la presse iranienne, qui s’en émeut, celui-ci aurait été limogé d’une grande entreprise française au simple motif qu’il aurait approuvé les déclarations du président Ahmadinejad quant à l’avenir d’Israël.

Mais Francis Pourbaguer s’est surtout fait remarquer par la virulence avec laquelle il a combattu le noyau dur des opposants à certains projets immobiliers du maire d’Asnières. Parmi eux, une très forte minorité de membres de la fondation Ostad Elahi. Cette association à vocation religieuse et philosophique, reconnue d’utilité publique, est sise à Asnières. Et a pour inspirateur « Maître Ostad Elahi » un philosophe iranien un brin mystique, qui fut aussi magistrat sous le régime du Shah.

L’association outre l’ambition de promouvoir l’ « éthique et la solidarité humaine », présente la particularité d’avoir pour discrète marraine et présidente d’honneur, une dénommée Bernadette Chirac ! Notes blanches des RG à l’appui, Aeschlimann et Pourbaguer vont dénoncer la fondation comme « secte ».

En novembre 2005 la Miviludes, l’organisme en charge de la lutte contre les sectes est saisie du dossier et chargé de rendre son oracle : « secte ou pas secte » ? Une si noble institution pouvait –elle conclure, Urbi et Orbi, que l’épouse du chef de l’Etat, était à la tête du secte ? La Miviludes s’est bien gardée d’une telle audace. Le match, dont les enjeux réels restent mystérieux, n’est pas pour autant terminé. Le 23 octobre dernier, à 7 heures du matin, quatre gendarmes se sont présenté au domicile de Miguel Membrado (un chef d’entreprise proche de la fondation Elahi) et l’ont embarqué manu militari. Motif ? Une banale plainte en diffamation déposée contre lui par le maire d’Asnières. De son côté, le dir’cab déchu a annoncé qu’il se portait candidat aux législatives contre son ancien patron. On demande à voir …