Henry Ford est un mythe aux Etats-Unis, l’un des modèles du "rêve américain". Pourtant, le fondateur des entreprises Ford était un fervent antisémite.
Mercredi 14 novembre se sont ouvertes les portes du salon de l’automobile à Los Angeles. L’occasion pour Ford de revaloriser son image, quelque peu dépréciée depuis deux ans pour cause de licenciements massifs. Depuis 2005, les « Big Three » américains – General Motors, Ford et Chrysler – ont renvoyé près de 100 000 salariés et fermé des dizaines d’usines.
Ce salon sera (nul doute !) également l’occasion d’évoquer l’idéologie du fondateur de la célèbre Ford Motor Company… Henry Ford, connu pour avoir inventé le Modèle T et le travail à la chaîne aux Etats-Unis, l’est bien moins pour son antisémitisme maladif.
Le livre de Damien Amblart, Le « fascisme » américain et le fordisme, paru aux éditions Berg International le 2 novembre, montre le rôle clef joué par Henry Ford dans la propagation de l’antisémitisme et du fantasme du « complot judéo-bolchevique » international – dans les années 1910-1920 aux Etats-Unis. Ayant acquis une vaste popularité grâce à l’augmentation du salaire de ses ouvriers (« five dollars a day »), il ne fut pas très difficile pour l’homme charismatique qui « incarnait et incarne toujours le rêve américain » de « transformer un sentiment de suspicion en un massif mouvement de peur et de haine » (p. 62).
Deux principaux vecteurs de diffusion. Les Protocoles des Sages de Sion : en tant que vulgarisateur de ce célèbre faux, c’est Henry Ford qui « porte la plus lourde responsabilité dans sa diffusion aux Etats-Unis après la Grande Guerre » (p.60). Et le rachat, en janvier 1919, d’ « un petit hebdomadaire moribond », le Dearborn Independent. Avec Ford, la gazette devient l’un des plus gros journaux du pays : en 1925, il tire à 700 000 exemplaires ; et l’un des plus radicalement anti-Juifs. Aussi, la une du numéro du 22 mai 1920 titrait : « Le Juif International : le problème du monde ». D’autres gros titres : « Le contrôle Juif du théâtre américain » ; « Le contrôle Juif de la presse américaine » ; « Le jazz juif – musique de crétin – devient notre musique nationale » ; « Les plans économiques des juifs internationaux »… (p. 62)
Des liens entre Ford et Hitler ? Mais non. Juste une petite médaille décernée en 1938 à l’industriel par le gouvernement allemand (Grand croix de l’Ordre de l’aigle allemand, soit « la plus haute décoration que l’Allemagne puisse accorder à un étranger ») (p. 187), et puis aussi un petit portrait d’Henry dans le bureau d’Adolf… Et l’auteur de rappeler que « "le système Ford" était un modèle pour le Führer » qui « s’attacha à le vanter, à le généraliser, jusque dans la mise en œuvre du processus génocidaire » (p. 163).
Cela vous étonne-t-il vraiment ? Vous citez Ford, mais on pourrait en citer une ribambelle d’autres, comme IBM par exemple.
Ca n’a rien de surprenant. Mussolini lui-même disait : "Le Fascisme devrait plutôt être appelé Corporatisme, puisqu’il s’agit en fait de l’intégration des pouvoirs de l’état et des pouvoirs du marché."
Le fait que le fascisme ait profité d’appuits solides de la part des barons de l’industrie est une évidence.