Le premier décès en France lié au Taser relance le débat sur la nécessité d’un moratoire sur l’utilisation de ce pistolet à impulsion électrique.
Un Malien de 38 ans est décédé dans la nuit de lundi à dimanche après avoir reçu deux décharges de Taser au cours d’une interpellation à Colombes (Hauts-de-Seine). Après des années de débat sur la dangerosité de cette arme de 4ème catégorie, officiellement non létale, ce décès constitue une première en France.
Appelée pour un « différend » entre la victime et un ami qui le logeait, la police aurait fait face à un individu armé d’un "marteau" qui refusait de les suivre. L’homme, sans papier, se serait montré menaçant. « D’après les premiers éléments, il apparaît que, face à l’agressivité et à la violence de cette personne (…), les policiers ont été contraints d’utiliser le pistolet à impulsion électrique », a rapidement déclaré Brice Hortefeux au cours d’un point presse.
« Contraints », donc, les policiers ont tiré à deux reprises sur l’individu, ce qui équivaut à deux décharges de 50 000 volts. « Même s’il faut attendre les résultats de l’autopsie, explique à Bakchich Cathy Mounier présidente de RAIDH, association qui milite depuis des années contre l’utilisation de cette arme, nous pouvons déjà nous interroger sur la nécessité d’utiliser le Taser à deux reprises. Il faudra aussi déterminer si les policiers étaient en position de légitime défense ».
Et de rappeler que malgré le décret adopté en juin qui autorise désormais la police municipale à l’utiliser, le Taser est toujours considéré par le Comité de l’ONU contre la torture comme une arme de torture, justement, susceptible de donner la mort. L’association demande un moratoire immédiat sur l’utilisation de ce pistolet à impulsions électriques.
Interrogé par BFM TV sur la nécessité d’un tel moratoire, Laurent Arnaudas, secrétaire général SGP-FO s’est fendu d’une réponse un brin hypocrite : « Il a été prouvé que le Taser était une arme tout à fait réglementaire ». CQFD.
A lire sur Bakchich.info :
C’est surtout une réponse de fayot, puisqu’elle signifie simplement que son auteur soutient la régularité administrative de ses supérieurs. Du pur Vichy.
Cela dit, le soutien administratif à la torture doit être soigneusement consigné pour servir le moment venu de document à charge contre les serviteurs zélés de l’État.