Reda, 25 ans, avait pour habitude de dîner dans des restaurants sans jamais payer l’addition. A force, la justice a eu du mal à avaler.
Du champagne, du vin, des moules, un digestif. La fois d’avant, c’était champagne, vin, canard laqué et digestif. Et celle d’avant encore, champagne, vin, osso bucco, digestif. Des petits gueuletons sur le thème « Alcools & Spiritueux », au rythme d’un repas toutes les 48 heures, toujours aux frais de la princesse.
Reda, 25 ans, n’accepte pas de s’interdire un restaurant sous prétexte qu’il manque de moyens. Alors quand l’envie lui prend, il s’en choisit un, s’attable, mange, boit, prend son temps, et assume crânement à la fin du repas : « Je n’ai pas les moyens de régler ».
Le 1er décembre, ce jeune homme né à Gennevilliers comparaissait de nouveau devant le tribunal correctionnel de Paris. C’était sa dix-neuvième condamnation en deux mois pour les mêmes faits. A ce rythme-là, Reda est susceptible de battre le record de la grivèlerie détenu jusque-là par un certain Xavier H. : 34 comparutions en 23 mois.
Grand, fin, toujours habillé d’un impeccable complet noir, Monsieur X, se présentant Fouad ou Reda, change d’identité à chaque apparition. L’homme se dit SDF, coupé de sa famille, et ne donne aucune adresse si ce n’est celle de ses parents, où il ne loge pas.
Les réguliers de la 23e chambre l’ont remarqué depuis le début : « On s’est demandé si ce n’était pas un acteur, raconte un retraité habitué des audiences. Il parle fort, articule, prend la pose et semble se délecter de ses prestations ». Un procureur confirme : « Les premières fois, il tapait du pied pour avoir sa comparution immédiate, j’ai l’impression qu’il joue au fou ». La kyrielle d’avocats commis d’office l’ayant défendu ont vainement demandé son expertise. A-t-il des problèmes psy ? « Pas que je sache », répond l’intéressé. Quand les magistrats lui demandent s’il a conscience que ce qu’il fait est interdit, il répond simplement : « Et alors ? »
L’homme raconte avoir été « chef d’une entreprise en sécurité ». Après son dépôt de bilan, il aurait fait « un rapide petit tour du monde pour réfléchir à (sa) reconversion ». C’est là qu’il aurait dépensé « tout (son) argent ». Quand on lui demande si ce voyage lui a permis de se trouver un but dans la vie, Reda répond : « Oui, bien sûr, on en a tous. Mais moi, je réfléchis ». Va-t-il continuer ses filouteries ? « Je ne sais pas ».
En quelques semaines, les juges ont tout essayé : la convocation par PV, la grosse voix sur le ton paternaliste, l’amende, l’obligation de soins, le sursis, la mise à l’épreuve, de nouveau le sursis… Restait la prison. Le 1er décembre, Reda a écopé de trois mois ferme. Il dîne aujourd’hui en prison.
Les dettes pour grivellerie de Reda -Fouad devraient être complètement prises en charge par les restaurateurs dans le cadre de la baisse de la TVA qui n’est pas appliquée, pour la majorité d’entre eux, dans leurs établissements.
Ah ! l’intolérance Zorro…
Catherine